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Qu’elle soit conjuguée au féminin ou au masculin, l’adolescence est une période difficile. Ce mal être, bien que variant d’un individu à l’autre semble pourtant universel. Ce qui nous mène à Diane, qui à l’âge auquel certaines filles jouent encore secrètement et honteusement aux Barbie, elle, veut perdre sa virginité. Elle s’interroge sur l’élan de désir qui s’éveille en elle, et tente de l’assouvir à coup de masturbation dans son bain et de film porno en brouillé sur Canal Plus. Bien que le malaise semble persistant, il s’envolera presque miraculeusement lors de sa rencontre avec Julia, son alter égo, son mentor.
Cette dernière, pleine de vie et de sex-appeal juvénile défend une attitude légère et fièrement assumée qui rappel de loin (de très loin même) le personnage que Mena Suvari incarnait dans le sublime American Beauty. Julia utilise ouvertement Diane comme faire-valoir, avec le plus grand consentement de celle-ci. Et cette relation prend progressivement la vague forme de ce que l’on essaye de nous faire passer pour de l’« amitié ». Une élève qui ne demande qu’à apprendre l’art de la séduction et de la cool attitude et un professeur qui n’en a lui même pas encore la maîtrise. Un duo de choc bancal, mais auquel on essaye de croire.
L’irréalisme des actes sans conséquences
Entre le refus du premier pétard et le passage à l’acte de la première fellation, Diane brûle dangereusement les étapes. Cette soif d’aventure qui nous semblait au début d’une touchante innocence, donne subitement la nausée. Et le malaise du spectateur ne fait que s’accroître lorsqu’il constate impuissamment que Delphine Lehericey, la réalisatrice, décide de nous faire passer pour superflu, un détail qui aurait pu être essentiel à la compréhension du personnage principal. Nous pensons secrètement que les petites fissures que Diane encaissent silencieusement finiront par la faire exploser en mille morceaux. Révélant ainsi sa vraie nature, la véritable identité qu’elle recherchait désespérément.
Nous attendons patiemment le vrai moment de rébellion de ce personnage. Le moment où elle distinguera enfin mauvaise influence et réelle émancipation. Mais au lieu de cela, Puppylove se contente de mettre en scène une succession de péripéties sans conséquences. Un film qui pouvait se présenter comme étant le miroir d’une certaine réalité est soudainement confronté à un paradoxe incontournable. Comment s’identifier à un personnage, à une histoire amnésique, que l’on oublie aussi vite qu'on le découvre ?
Le mystère du pourquoi du comment
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Un père aimant, avec qui Diane entretient une relation privilégiée, un petit frère attachant… La seule ombre qui pourrait noircir ce tableau est la mystérieuse absence maternelle. Il serait inadéquat de dire que le mystère plane au dessus de cette situation, car en aucun cas elle n’est mentionnée ou même sous entendue. Nous pourrions exclure l’alibi de « la mère absente » pour justifier le comportement de Diane. Être en pleine éclosion hormonale est un fait, mais se permettre les quatre cents coups en prônant le je-m'en-foutisme en est une autre.
Cette crise ne semble pas pouvoir être justifiée par des paramètres socio-culturels, elle semble arriver de nulle part. C’est un mystérieux fantôme qui s’infiltre dans nos vies, les traverse et les change à tout jamais. C’est une sensation, une émotion, une parenthèse dans la vie qu’on ne sait pas précisément définir, mais on la connaît et la reconnaît quand on la recroise.
Une trop vaste liberté
Une famille, une jeune fille, un passage à l’acte, une rencontre amicale qui influence la vie et les choix qui en découlent. Crise d’adolescence, crise existentielle ou sexuelle, le sujet demeure peut être involontairement large et vague. Puppylove s’égare et s’éparpille entre son désir de mettre des mots sur une situation universelle mais difficilement définissable et son intention de laisser libre court à l’imagination et à l’interprétation du spectateur.