Un investissement important pour le milliardaire, qui en saisit d'ailleurs la dimension comme il l'a déclaré à la BBC en février dernier : « Je considère ça comme une entreprise. Ce n'est pas un passe temps, j'ai mis 100 millions de livres dans ce club. Si les fans m'accueillent correctement, je peux rester longtemps. Mais si je les trouve impolis, je trouverai peut être un nouvel acheteur et je partirai. » Des fans impolis ? Les importants changements effectués par « Sri Tan » ont en effet semés la discorde parmi les Bluebirds...
Des « Bluebirds » aux « Redbirds » ?
Une oppression nettement affichée par les fans britanniques, comme en témoigne une lettre ouverte adressée à Vincent Tan et signée par plus de 400 personnes : « Nous voulons que vous sachiez que l'abandon de l'aspect traditionnel, de l'identité historique de Cardiff City, se ressent comme une insulte aux nombreux et fidèles supporters du club. » Et c'est lors d'un discours sur le campus de l'université de Treforest que le président a su faire entendre sa réponse : « Si trop de supporters montrent qu'ils ne sont pas accueillants alors peut être devraient-ils avoir un nouveau propriétaire. » Vincent Tan n'a donc pu percevoir qu'une inconvenance certaine de la part des fans vis à vis de ce qui lui apparaît comme un simple changement de couleur.
Ce dernier ne s'avère néanmoins pas si innocent. Il vise à accroître l'attrait du club en Asie, marché où il existe déjà un enthousiasme non négligeable pour la Premier League. Dans cette culture, le rouge est associée à la chance, la joie et la célébration. Alors pourquoi le propriétaire asiatique se doit-il de prendre en compte l'opinion des supporters britanniques, menaçant ainsi de quitter la présidence de Cardiff City s'il n'a pas l'aval de ces derniers ?
L'importance des Bluebirds à Cardiff City
Si la tentative d'expansion commerciale jusqu'en Asie mise en place par Vincent Tan peut justifier les importants changements au sein du club, la négligence de l'appartenance culturelle du club pourrait, elle aussi, avoir des conséquences économiques considérables. Le fait demeure que l'identité d'un club de football est constituée de symboles tels que son stade, ses couleurs, sa mascotte, ses chants... Un article de Grange de 1998 expose ainsi la corrélation entre l'offre des produits et l'influence que cela a sur le comportement des supporters des clubs. Assurément, les fans de football sont souvent les personnes les plus dévouées à leurs clubs. Ils ne se basent pas sur la performance de celui-ci, mais sont surtout influencés par son appartenance culturelle. Il serait, par ailleurs, bien difficile de trouver une autre activité où le client présente le même niveau de fidélité à une marque.
Ainsi, Sri Tan reste un soutien financier primordial pour Cardiff City. Il espère parvenir prochainement à un accord avec les créanciers de Lengston Corporation afin d'effacer les dettes du club. Mais la Premier League, outre son niveau footballistique tout à fait honorable, tire sa popularité et son orgueil de ses supporters, sans doute les plus loyaux et les plus anciens de tous les championnats mondiaux.
Et si la potentielle faillite de Cardiff City, indépendamment de sa dimension économique, résidait en réalité dans la perte de son appartenance culturelle et, intrinsèquement, d'une partie de ses plus fidèles supporters ?