A la prison d'Estrella, sous vêtements et menottes roses sont infligés aux détenus, tout simplement « parce qu'ils détestent forcément le rose », explique un gardien. Une humiliation, pour des hommes qui le méritent, selon le personnel du pénitencier. Le tabac, tout comme le café, le sucre, le sel et le poivre, sont prohibés. Un seul mot d'ordre : tolérance zéro. C'est dans ces conditions que vit une dizaine de milliers de détenus, à la prison de Phoenix. A cause d'un manque de moyens et de places, 2 000 d'entre eux s'entassent dans des tentes en toile. Regroupés par vingtaine, les criminels côtoient ainsi les voleurs, installés au hasard.
En ce qui concerne la nourriture, seuls deux repas sont servis chaque jour ; et les prisonniers se contentent de surplus de nourriture périmée. La structure admet dépenser 40 cents par jour pour un repas de détenu, contre 1,40 dollars pour un chien de policier. Le confinement, secteur « Supermax » (sous très haute sécurité) du site, tend vers l'isolement total. Il se compose d'étroites cellules où cohabitent trois détenus. Ce système très extrémiste leur inflige une heure de soleil par jour.
En ce qui concerne la nourriture, seuls deux repas sont servis chaque jour ; et les prisonniers se contentent de surplus de nourriture périmée. La structure admet dépenser 40 cents par jour pour un repas de détenu, contre 1,40 dollars pour un chien de policier. Le confinement, secteur « Supermax » (sous très haute sécurité) du site, tend vers l'isolement total. Il se compose d'étroites cellules où cohabitent trois détenus. Ce système très extrémiste leur inflige une heure de soleil par jour.
La contrebande au cœur des conflits
La création des gangs était inévitable. Et malheureusement, elle s'est faite par distinction raciale. Se démarquent alors les Afro-américains des Mexicains, des Américains ou encore des Amérindiens. Les chefs de ces gangs alimentent la principale friction entre surveillants et détenus : la contrebande. Des fouilles surprise sont régulièrement imposées aux prisonniers afin de trouver du tabac ou autres produits illégaux au sein du pénitencier. Mais tout devient vite illégal dans cette prison. Les gardiens se voient alors saisir du sucre, du tabac, et vont jusqu'à confisquer des dominos fabriqués par les détenus à l'aide de savons. Les responsables sont alors envoyés au confinement, et peuvent être inculpés de peines plus lourdes. Pour fuir le confinement, une seule échappatoire : la chaîne de forçats, ou le travail de la dernière chance. Enchaînés aux chevilles, les condamnés sont appelés à la tâche, comme le nettoyage des bords de route ou le creusement de tombes. Un travail de 8 heures par jour, où la température avoisine en moyenne les 40 degrés. S'ils tiennent 30 jours, ils quittent le confinement pour les quartiers des tentes.
Le système pénitencier américain en péril
Estrella est loin d'être la seule prison aux conditions extrêmes outre-Atlantique. D'autres encore, telles que la prison militaire à sécurité maximale de Fort Leavenworth du Kansas, ou encore la prison d'Etat de Pelican Bay en Californie usent de mesures aussi vicieuses qu'inhumaines. Certains spécialistes ont qualifié ces incarcérations de « cruelles », et souligné l'absence de lumière, qui peut amener à une dépression sévère. A quoi vient s'ajouter une réelle crise au cœur du monde pénitencier des Etats-Unis. Faute de budget, les prisons du pays relâchent leurs détenus sans compter. 700 000 chaque année. Un test pour mettre à l'épreuve la capacité des autorités à superviser les personnes libérées. Les prisonniers américains représentent aujourd'hui la moitié de la population carcérale de la planète. Depuis 1973, elle a crû de 700%. Les conditions ne sont pas le seul problème que doit résoudre le pays. Une chose est sûre, le système pénitencier est en faillite, et longue sera sa guérison.