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Indépendant de la Colombie depuis 1903, le pays n’a pas toujours eu de réelle influence géostratégique, bien que sa localisation soit un atout considérable. Au beau milieu de l’Amérique centrale, coincé entre la Colombie et le Costa-Rica, le Panama se situe surtout à la croisée des routes maritimes. On pourrait croire que l’inauguration du canal a apporté richesse et autonomie à ce petit pays ; étroite bande de terre entre deux océans. Et pourtant, sa principale arme politique, à savoir l’exploitation du canal creusé dès 1872, fut sous contrôle exclusif des Américains jusqu’aux accords Torrijos–Carter de 1977. Ces derniers prévoyaient une rétrocession par étapes. Ce processus lent se déroulera sur une vingtaine d’années jusqu’en 1999.
Au cours de cette période, où le Panama retrouve ses bijoux de famille, la démographie y est galopante : de 1,7 millions d’habitants en 1977 à 2,5 millions en 1990. Transition démographique puis marche vers la maturité. Le pays accélère alors son processus d’ouverture et d’adaptation à la mondialisation. Sous le président Balladares (1994-1999) sont entreprises des réformes libérales, des privatisations et une profonde réforme étatique. L’exemple le plus frappant est certainement l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce en 1996. En quelques années, la puissance panaméenne semble grandir et prendre de l’ampleur. Les travaux récents d’élargissement du canal, qui ont été plébiscités à 77,8% lors du référendum national de 2006, témoignent de la volonté de continuer à rester un poids lourd dans le trafic maritime mondial. 5% des flux maritimes mondiaux passent chaque année dans cet étroit couloir de 80 kilomètres. Mais le Panama a plus d’un tour dans son sac lorsqu’il s’agit de rayonnement économique…
Au cours de cette période, où le Panama retrouve ses bijoux de famille, la démographie y est galopante : de 1,7 millions d’habitants en 1977 à 2,5 millions en 1990. Transition démographique puis marche vers la maturité. Le pays accélère alors son processus d’ouverture et d’adaptation à la mondialisation. Sous le président Balladares (1994-1999) sont entreprises des réformes libérales, des privatisations et une profonde réforme étatique. L’exemple le plus frappant est certainement l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce en 1996. En quelques années, la puissance panaméenne semble grandir et prendre de l’ampleur. Les travaux récents d’élargissement du canal, qui ont été plébiscités à 77,8% lors du référendum national de 2006, témoignent de la volonté de continuer à rester un poids lourd dans le trafic maritime mondial. 5% des flux maritimes mondiaux passent chaque année dans cet étroit couloir de 80 kilomètres. Mais le Panama a plus d’un tour dans son sac lorsqu’il s’agit de rayonnement économique…
Paradis fiscal : mythe ou réalité ?
Fort d’une centaine de banques, les flux et le volume de transactions qui transitent par cet état sont colossaux. La législation y est clémente, le gouvernement bienveillant. Le CFI panaméen -Centro Financiero International- est l’une des places financières les plus puissantes d’Amérique. Néanmoins peut-on parler de paradis fiscal stricto sensu ? Le Financial Secrecy Index liste les 10 pays dans lequel les flux dits « opaques » sont omniprésents. Les Iles Caïmans, les Bermudes et la Suisse y sont par exemple présents. Pas le Panama.
Et pourtant, la presse n’a eu de cesse de pointer les activités bancaires pour le moins opaques. Il n’existe ni imposition, ni registre public des entreprises. Le secret bancaire est défendu par une loi qualifiant de crime la divulgation des informations. Officiellement, il existe de très nombreuses listes spécifiant selon différents critères les paradis fiscaux et financiers. La plus connue et reconnue, à savoir celle émise par l’OCDE, considère que le Panama en est un. La confusion demeure, et cela est sûrement la preuve sinon le signe que le pays n’est pas exempt de tous reproches.
Et pourtant, la presse n’a eu de cesse de pointer les activités bancaires pour le moins opaques. Il n’existe ni imposition, ni registre public des entreprises. Le secret bancaire est défendu par une loi qualifiant de crime la divulgation des informations. Officiellement, il existe de très nombreuses listes spécifiant selon différents critères les paradis fiscaux et financiers. La plus connue et reconnue, à savoir celle émise par l’OCDE, considère que le Panama en est un. La confusion demeure, et cela est sûrement la preuve sinon le signe que le pays n’est pas exempt de tous reproches.
Le Panama du XXIe
Une décision peu commune fait également beaucoup de bruit. Après les troubles et les différentes tentatives de coups d’Etat de Noriega, les Etats-Unis envahissent le Panama fin 1989. En 1990, lorsque la situation politique est apaisée, le Panama opte pour une démilitarisation totale. Ne subsistent alors que des forces spéciales policières. C’est-à-dire un contingent d’une dizaine de milliers d’hommes essentiellement mobilisés à la frontière colombienne en surveillance des FARC. Le Panama est donc avec Haïti, le Costa-Rica et le Japon l’un des pays sans armée les plus peuplés au monde.
Les anciennes places fortes et autres haut-lieux des armées panaméenne et américaine sont désormais devenus autant d’atouts économiques. Grâce à leur réhabilitation, le Panama réaménage non seulement son territoire, mais aussi ses activités. Par exemple les casernes présentes sur la péninsule Armador sont remplacées par des restaurants, des ports de plaisance et des complexes touristiques. Le fort Clayton devient un cluster technologique, avec notamment la Cité du Savoir en collaboration avec l’UNESCO. La mutation est non seulement visible mais efficace. Sur la période 2005-2011, le Panama enregistre un taux de croissance moyen de 9%. Le PIB connaîtra même un bond de 10,7% en 2012, et une hausse prévue de 9% en 2013. Insolente réussite lorsque l’on sait que le FMI estime une croissance mondiale de 2,2% et de 2,8% sur les mêmes années.
Les anciennes places fortes et autres haut-lieux des armées panaméenne et américaine sont désormais devenus autant d’atouts économiques. Grâce à leur réhabilitation, le Panama réaménage non seulement son territoire, mais aussi ses activités. Par exemple les casernes présentes sur la péninsule Armador sont remplacées par des restaurants, des ports de plaisance et des complexes touristiques. Le fort Clayton devient un cluster technologique, avec notamment la Cité du Savoir en collaboration avec l’UNESCO. La mutation est non seulement visible mais efficace. Sur la période 2005-2011, le Panama enregistre un taux de croissance moyen de 9%. Le PIB connaîtra même un bond de 10,7% en 2012, et une hausse prévue de 9% en 2013. Insolente réussite lorsque l’on sait que le FMI estime une croissance mondiale de 2,2% et de 2,8% sur les mêmes années.
Les parcs nationaux recouvrent en superficie 33% du territoire. Le Panama compte en effet 13 parcs nationaux, et plus de 27 zones à statut spécial. La biodiversité y est importante. La richesse de la faune et de la flore locales constitue de plus en plus un argument économique. On parle même d’un écotourisme pragmatique. Aventure en forêt, ascension du volcan Barù, balade en espaces protégés, les agences de tourisme n’hésitent pas à mettre en avant les 200 espèces animalières comme argument de vente.
Mais ce respect de la nature a un autre effet, plus lointain. La qualité de vie locale attire beaucoup d’immigrés, notamment des seniors originaires d’Europe ou des Etats-Unis. En 2012, une enquête Gallup fait de ce pays le meilleur endroit où il fait bon-vivre. Et en 2013, Forbes classe le Panama au deuxième rang des meilleures destinations pour vivre sa retraite. Toutes ces études mettent en exergue le climat, le coût de la vie et surtout la quasi-absence de taxes et d’imposition. Le taux de TVA moyen s’élève par exemple à 7%, et le taux marginal de l’impôt sur le revenu se cantonne à 25%. Devenir la maison de retraite de l’Amérique Centrale ne constitue pas encore un objectif du gouvernement. Mais nul doute que cette puissante source de croissance économique sera plus qu’une bouffée d’oxygène en attendant la résolution du conflit avec le consortium.
Mais ce respect de la nature a un autre effet, plus lointain. La qualité de vie locale attire beaucoup d’immigrés, notamment des seniors originaires d’Europe ou des Etats-Unis. En 2012, une enquête Gallup fait de ce pays le meilleur endroit où il fait bon-vivre. Et en 2013, Forbes classe le Panama au deuxième rang des meilleures destinations pour vivre sa retraite. Toutes ces études mettent en exergue le climat, le coût de la vie et surtout la quasi-absence de taxes et d’imposition. Le taux de TVA moyen s’élève par exemple à 7%, et le taux marginal de l’impôt sur le revenu se cantonne à 25%. Devenir la maison de retraite de l’Amérique Centrale ne constitue pas encore un objectif du gouvernement. Mais nul doute que cette puissante source de croissance économique sera plus qu’une bouffée d’oxygène en attendant la résolution du conflit avec le consortium.