PIMUN 2016 : première journée de négociations

Dimitri Touren
25 Mai 2016


Du 24 au 28 mai se déroule le Paris International Model United Nations 2016 (PIMUN) dans les bâtiments de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l'Institut Catholique de Paris. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) accueille la cérémonie d'ouverture et le Palais d'Iéna la cérémonie de clôture. Lors de cette simulation des négociations à l'ONU, des étudiants sont amenés à représenter des nations et à défendre leurs intérêts. Le Journal International a été invité à couvrir l'événement toute la semaine.


Les comités de PIMUN à l'Institut Catholique pour la première fois - Crédit Dimitri Touren
Ce mercredi 25 mai, c'est notre rédacteur Dimitri Touren, membre du comité UN News du PIMUN qui témoigne de son expérience pour cette première journée de simulation.

PIMUN : PREMIER JOUR DE TRAVAIL POUR LES DÉLÉGUÉS DE UN NEWS

Dans le comité UN News, contrairement à la plupart des autres assemblées, pas de négociations, de motions de censure ni de résolutions à rédiger. Les étudiants représentent des agences de presse. The New York Times, BBC, Al Jazeera etc. Les apprentis journalistes, armés de faux comptes Twitter et d’appareil photos, parcourent les comités, à la recherche de la petite phrase, pour certains, comme Fox News… ou de véritables informations confidentielles – comme moi-même, à la chasse aux secrets de l’OTAN pour le compte du très neutre Russia Today.

UN COMITÉ AU FONCTIONNEMENT PARTICULIER

Les délégués de UN News sont assez libres de circuler et peuvent aller suivre l’évolution des négociations dans les comités de leur choix. Chaque jour, nous publions un article chacun, en anglais, sur les négociations que nous avons pu observer. Nous pouvons mener des interviews avec les délégués qui acceptent d’être interrogés et publier des photos ; les comptes Twitter, eux, servent avant tout à relayer les moments insolites des comités, des images, voire des intox.

À 11h30, après une introduction et la mise en ordre des tâches de chacun, tous les membres du comité se dispersent entre les trois bâtiments – Sorbonne, Panthéon et Institut Catholique de Paris – pour suivre les négociations du jour. Pour ma part, en digne représentant d’un journal pro-Kremlin, je ne vois pas meilleur lieu où me rendre que le comité de crise de l’OTAN, mon grand ami historique.

Après la confusion de la mise en route – c’est la première fois que j’occupe ce rôle dans un MUN – je pars assister à la conférence de presse du comité. Les comités de crise fonctionnent de façon beaucoup plus vivante que les comités classiques : des évènements interviennent en temps réels au cours des négociations et viennent les pimenter. Aujourd’hui, les délégués de l’OTAN sont répartis entre les bureaux diplomatique et militaire. Au sein de ce dernier se joue un véritable jeu de rôle où les délégués préparent une offensive contre la Russie – rebaptisée Slavistan pour l’occasion, et devenu un pays en crise, en proie à un coup d’État pour le temps des simulations. Pas du goût de Russia Today tout ça…
Les membres du bureau militaire de l'OTAN - Crédit Dimitri Touren

Y A T IL UNE LIBERTÉ DE LA PRESSE DANS UN MUN ?

L’autre particularité des comités de crise, c’est que leurs membres font ce qu’ils veulent, à commencer par refuser l’accès aux négociations aux membres du comité UN News alors que tous les autres comités les accueillent à bras ouvert. Pas en reste, j’obtiens finalement un accès à la salle des négociations du bureau militaire pendant 10 minutes, le temps de deux petites interviews.

Toutefois, armé de mon compte Twitter et de mon appareil photo, je parviens à relayer une partie de ce qui se trame au sein du comité sans l’aval de son président – à la guerre comme à la guerre. À ma grande surprise, je suis ensuite contacté par des représentants du comité qui me demandent de retirer certains tweets qu’ils jugent hostiles à l’OTAN. Ils veulent aussi relire mes articles avant publication. Effectivement, on n’est pas censés être amis, mais cette fois on frôle la propagande de type soviétique. Mais que devient l’OTAN…

S’ensuit une guerre d’ego pour dénoncer la censure des forces de l’ouest et le bien fondé d’une information internationale de qualité proposée par des médias non-occidentaux et qui promeuvent une vision de l’actualité prenant en compte le point de vue Russe. Chacun joue son rôle et c’est finalement ce qu’on est venu chercher !

Il est ensuite temps de retourner écrire mon compte-rendu quotidien sur les négociations que j’ai suivi. Dans ces articles, chacun doit respecter la ligne éditoriale de l’agence de presse qu’il représente. Pour Russia Today, la critique de l’OTAN sera acerbe. Les articles sont publiés tous les jours sur un blog commun : UN News Pimun qui permet à tous les participants de PIMUN de les lire et donc de suivre l’évolution des négociations au sein des autres comités.

Finalement, le comité UN News offre une expérience intéressante et nouvelle qui permet de sortir des répétitifs comités de négociation classiques – UNESCO, DISEC, UNHRC – et offre un challenge différent à ses membres. Surtout, la possibilité de naviguer entre les différents comités et de suivre plusieurs négociations de front en direct donne un peu plus de piment, là où parfois, lorsqu’on ne se retrouve pas dans son comité ni dans les sujets que l’on y aborde, la journée peut être longue.