La cérémonie d’ouverture s’est déroulée au Palais Hofburg en présence de Ban-Ki Moon, Secrétaire général de l’ONU, les ministres des Affaires étrangères de l’Espagne, de l’Autriche et de l’Arabie Saoudite ainsi qu’un observateur du Vatican. Ban-Ki Moon s’est dit très heureux de l’ouverture de ce centre qui promeut le dialogue en ces temps de troubles religieux.
Selon le ministre des Affaires étrangères saoudien, le Prince Saoud Al-Faisal, Vienne a été sélectionnée pour accueillir le Centre pour sa « grande contribution à la civilisation humaine ». Le Centre, financé en grande partie par l’Arabie Saoudite, est dirigé par Faisal Bin Abdulrahman Bin Muaammar qui en est le secrétaire général, mais aussi l’ancien vice-ministre de l'Éducation en Arabie Saoudite. Il est assisté de l’autrichienne Claudia Bandion-Ortner, ancienne ministre de la Justice. Ce Centre est composé de neuf membres, trois de religion chrétienne, trois de l’Islam, un du Judaïsme, un du Bouddhisme et un de l’Hindouisme. Un panel composé de 100 membres sera quant à lui consulté pour émettre des avis. Le but du centre est d’« agir comme un carrefour, en facilitant le dialogue interreligieux et interculturel et la compréhension, renforcer la coopération, le respect de la diversité, de la justice et de la paix. »
Au-delà du message de paix que le Centre souhaite véhiculer, un premier paradoxe frappe : l’implication de l’Arabie Saoudite dans ce projet. Le royaume où se trouve une très grande communauté wahhabite (qui prône un retour à l’Islam originel) applique depuis de nombreuses années une charia très stricte et laisse peu de place à l’expression des autres religions dans son propre pays. La crainte majeure des associations contre le KAICIID, est que le centre soit une porte-ouverte à l’islamisme en Europe. De plus, c’est l’échelle des salaires de l’ONU qui s’applique là où il reste encore trente postes à pourvoir. Quatre seront par exemple rémunérés à plus de 10 000€ par mois. Enfin, c’est la convention de Vienne qui s’applique au fonctionnement du Centre, ce qui veut dire qu’aucun agent de l'État ne pourra y pénétrer et qu’il ne pourra y avoir ni enquête, ni surveillance.
Bien que la création du Centre ait été approuvée par les partis de l’ÖVP (chrétien-démocrate), du SPÖ (social-démocrate) et du BZÖ (extrême-droite) au cours d’un vote, les Verts, le FPÖ (nationaliste) et de nombreuses associations se sont indignés de ce choix. L’Initiative des Musulmans d’Autriche a protesté en faisant une grève de la faim symbolique. L’association « Religion ist Privatsache » et l’Initiative Homosexuelle se sont réunies elles-aussi devant le Hofburg lundi pour exprimer leur mécontentement et ont décidé de porter plainte au tribunal pénal pour « des incohérences, des abus de pouvoir et de nombreux faits suspects qui sont associés à la mise en place du Centre du Roi Abdallah ». Affaire à suivre.