Tom Schilling interprète Niko Fisher, le héros de Oh Boy
Le scénario de Oh Boy est à première vue extrêmement pauvre : 24 h de la vie d’un jeune homme désœuvré. On s’imagine un film lent, où rien ne se passe et qui multiplie les plans sur le visage du jeune homme, romantique et torturé, sans raison particulière. Rien de tout cela dans Oh Boy.
La journée de Niko Fisher commence mal : il souhaite s’éclipser discrètement de chez sa petite amie, mais celle-ci se réveille et il ne peut éviter une scène. Ce rapport aux autres un peu biaisé se retrouve pendant tout le film avec des variations habilement nuancées. Niko ne va presque rien faire de sa journée, à part, peut-être, courir après une tasse de café. On rencontre notre personnage au moment où l’équilibre précaire de sa vie de menteur est en train de s’effondrer. Il vient de déménager, il semble attendre quelque chose, et c’est un grand changement qui va arriver. Son père découvre qu’il a arrêté les études alors qu’il prétend les continuer depuis deux ans, et décide de lui couper les vivres.
Niko n’est pas le jeune homme rebelle qui mène une vie de bohème à Berlin. Il est bien ce jeune privilégié, exaspérant et insipide. Pourtant, en le suivant au cours de sa journée, le comique des situations dans lesquelles il se trouve, l’ironie qu’il semble éprouver envers lui-même, nous entraîne peu à peu dans le déroulement de sa vie. Ce n’est pas la vie du personnage principal qui est poétique, c’est le film en lui-même qui brode autour de cette journée banale, mais atypique parce qu’on la ressent comme une charnière. Le réalisateur nous place à moment de l’histoire où on ne s’attend pas à être, cet instant où rien n’a changé et pourtant tout est déjà différent, grâce, tout simplement, au rire et aux larmes.
La journée de Niko Fisher commence mal : il souhaite s’éclipser discrètement de chez sa petite amie, mais celle-ci se réveille et il ne peut éviter une scène. Ce rapport aux autres un peu biaisé se retrouve pendant tout le film avec des variations habilement nuancées. Niko ne va presque rien faire de sa journée, à part, peut-être, courir après une tasse de café. On rencontre notre personnage au moment où l’équilibre précaire de sa vie de menteur est en train de s’effondrer. Il vient de déménager, il semble attendre quelque chose, et c’est un grand changement qui va arriver. Son père découvre qu’il a arrêté les études alors qu’il prétend les continuer depuis deux ans, et décide de lui couper les vivres.
Niko n’est pas le jeune homme rebelle qui mène une vie de bohème à Berlin. Il est bien ce jeune privilégié, exaspérant et insipide. Pourtant, en le suivant au cours de sa journée, le comique des situations dans lesquelles il se trouve, l’ironie qu’il semble éprouver envers lui-même, nous entraîne peu à peu dans le déroulement de sa vie. Ce n’est pas la vie du personnage principal qui est poétique, c’est le film en lui-même qui brode autour de cette journée banale, mais atypique parce qu’on la ressent comme une charnière. Le réalisateur nous place à moment de l’histoire où on ne s’attend pas à être, cet instant où rien n’a changé et pourtant tout est déjà différent, grâce, tout simplement, au rire et aux larmes.
Le libre choix des sentiments
On ne sait en effet jamais vraiment s’il faut rire ou prendre un air grave devant ce film. Nous sommes poussés vers une sorte de spontanéité de réaction : les scènes sont souvent à double tranchant, d’un côté comique de l’autre dramatique, cela étant presque toujours incarné par des personnages différents. À l’opposé des films grand public où l’on nous dit malheureusement quoi ressentir à chaque minute, Oh Boy nous laisse le choix, sans pour autant que ce soit une démission de l’image.
Tout le film a une énergie incontestable, qui est laissée telle quelle au spectateur, sans fioritures inutiles. Pourtant, le film a plusieurs traits qui pourraient faire penser à une forme de manipulation du spectateur. La musique est par exemple omniprésente, de même que les plans sur la ville indépendants de la stricte narration. Mais ils restent atypiques en eux-mêmes par de légères variations. Le jazz accompagne des scènes étranges, drôles ou tristes, sans leur imposer une interprétation figée et le réalisateur ne s’amuse pas à filmer exclusivement de beaux monuments, les grands immeubles de pierre voisinent avec de grands blocs de métal et de verre, qui sont beaux parce qu’ils sont filmés par la caméra de Philipp Kirsamer. L’image est très stylisée, comme dans la plupart des films contemporains, mais rien n’est laissé au hasard. Le noir et blanc rend bien parce que la lumière a été véritablement travaillée. De même, Berlin n’a pas été choisi comme décor pour faire joli : la ville est véritablement propre à cette histoire faite avant tout de rencontres berlinoises.
C’est en effet la seule chose qui arrive à Niko : rencontrer des gens, des inconnus ou des connaissances, tous un peu cassés. Berlin apparaît alors comme un endroit regorgeant de caractères complexes, qu’il faut aborder malgré leur aspect un peu repoussant. La multitude des thèmes abordés à travers ces personnages est impressionnante (la vieillesse, l’histoire, le ressentiment, l’orgueil...), d’autant qu’elle n’empêche pas le déroulement léger et poétique de cette marche dans Berlin. De peur de gâcher la découverte à froid, on ne dévoilera pas à quoi ressemblent tous ces personnages. Il faut simplement savoir qu’ils permettent au réalisateur de construire un Berlin peut-être imaginaire, mais fascinant.
Tout le film a une énergie incontestable, qui est laissée telle quelle au spectateur, sans fioritures inutiles. Pourtant, le film a plusieurs traits qui pourraient faire penser à une forme de manipulation du spectateur. La musique est par exemple omniprésente, de même que les plans sur la ville indépendants de la stricte narration. Mais ils restent atypiques en eux-mêmes par de légères variations. Le jazz accompagne des scènes étranges, drôles ou tristes, sans leur imposer une interprétation figée et le réalisateur ne s’amuse pas à filmer exclusivement de beaux monuments, les grands immeubles de pierre voisinent avec de grands blocs de métal et de verre, qui sont beaux parce qu’ils sont filmés par la caméra de Philipp Kirsamer. L’image est très stylisée, comme dans la plupart des films contemporains, mais rien n’est laissé au hasard. Le noir et blanc rend bien parce que la lumière a été véritablement travaillée. De même, Berlin n’a pas été choisi comme décor pour faire joli : la ville est véritablement propre à cette histoire faite avant tout de rencontres berlinoises.
C’est en effet la seule chose qui arrive à Niko : rencontrer des gens, des inconnus ou des connaissances, tous un peu cassés. Berlin apparaît alors comme un endroit regorgeant de caractères complexes, qu’il faut aborder malgré leur aspect un peu repoussant. La multitude des thèmes abordés à travers ces personnages est impressionnante (la vieillesse, l’histoire, le ressentiment, l’orgueil...), d’autant qu’elle n’empêche pas le déroulement léger et poétique de cette marche dans Berlin. De peur de gâcher la découverte à froid, on ne dévoilera pas à quoi ressemblent tous ces personnages. Il faut simplement savoir qu’ils permettent au réalisateur de construire un Berlin peut-être imaginaire, mais fascinant.