Crédits photo -- Murad Sobay
Murad Sobay a fondé la « 12th hours campaign » par laquelle il évoque, en dessins et messages peints sur les murs de sa capitale, les préoccupations qui secouent le Yémen depuis quatre décennies.
Ce Yéménite de 26 ans réagit à la crise sociale qui secoue son pays. Au départ, il colorait les murs de Sana'a et y dessinait des scènes de la vie quotidienne. Peu à peu, les murs n’étaient plus considérés comme symbole de barrière ou d’enfermement. Ils ont pris la forme de support de l’expression, celle de l’inquiétude, des frustrations et de la mémoire.
Ce Yéménite de 26 ans réagit à la crise sociale qui secoue son pays. Au départ, il colorait les murs de Sana'a et y dessinait des scènes de la vie quotidienne. Peu à peu, les murs n’étaient plus considérés comme symbole de barrière ou d’enfermement. Ils ont pris la forme de support de l’expression, celle de l’inquiétude, des frustrations et de la mémoire.
L’instabilité yéménite
Le Yémen a été gouverné pendant 34 ans par le président Ali Abdallah Saleh. Unifié en 1990 avec le rattachement du Nord, issu de l’empire ottoman, au Sud, rattaché à l’empire colonial britannique, c’est un État instable dans un pays en crise. Mais à l’époque, le principal slogan « Irhal », « Dégage » en français, scandé par les manifestants, ne suffisait pas à régler la crise qui secouait le pays.
Les « élections libres organisées » en 2012 ont fait apparaître une lueur d’espoir dans les yeux des 24 millions d’habitants du pays, mais la transition effectuée par le nouveau président Abdurabuh Mansour Hadi n’a pas empêché la dégradation de la situation humanitaire du pays et l’accroissement des conflits internes.
Membre des Nations unies, le Yémen applique pourtant l’une des formes les plus archaïques de la charia et des lois tribales. De nombreux cas de corruption, de tortures, de traitements inhumains et d’exécutions sans procès ont été relevés au cours de son histoire. Les arrestations sont nombreuses et arbitraires et peuvent mener à des détentions dites « préventives » prolongées, en particulier dans le sud du pays.
Les « élections libres organisées » en 2012 ont fait apparaître une lueur d’espoir dans les yeux des 24 millions d’habitants du pays, mais la transition effectuée par le nouveau président Abdurabuh Mansour Hadi n’a pas empêché la dégradation de la situation humanitaire du pays et l’accroissement des conflits internes.
Membre des Nations unies, le Yémen applique pourtant l’une des formes les plus archaïques de la charia et des lois tribales. De nombreux cas de corruption, de tortures, de traitements inhumains et d’exécutions sans procès ont été relevés au cours de son histoire. Les arrestations sont nombreuses et arbitraires et peuvent mener à des détentions dites « préventives » prolongées, en particulier dans le sud du pays.
Des conflits meurtriers, une réponse pacifique
Crédits photo -- Murad Sobay
Quelques Yéménites ont déjà dévoilé la situation de leur société aux yeux du monde. En 2008, Nujood Ali, 10 ans, divorça de son mari trentenaire et fuit à travers l’Europe en racontant le récit de sa vie. Après avoir été violée et battue, elle est désormais le symbole de la lutte contre le mariage forcé. Un an plus tard, Bushra Almutawakei diffusait une série de photographies intitulée « Disparition » par laquelle elle mettait en scène l’effacement des femmes dans le pays, condamnées à l’austérité et à l’invisibilité.
Artiste militant, Murad Sobay a soigneusement choisi ses armes. Bombes de peinture et pinceaux affutés en main, il arpente la ville à la recherche d’une parcelle d’expression. Il poursuit un but de sensibilisation par l’art des problèmes sociaux et politiques du Yémen à travers un chemin pacifique et touchant. Au sein de la « 12th hours campaign », un mouvement s’est distingué : « The Walls Remember Their Faces » (« Les murs se souviennent de leurs visages »).
Murad Sobay explique : « Le message est que si les Yéménites ne se souviennent plus de la souffrance et de la peine des disparus au fil de ces longues années, les murs se souviendront d’eux et se tiendront à leurs côtés ». Les visages en question sont ceux des disparus. Hommes et femmes de tout âge, politisés ou non, que le régime a effacé, littéralement mais que le portrait sur les murs des villes a fait ressurgir brusquement.
Artiste militant, Murad Sobay a soigneusement choisi ses armes. Bombes de peinture et pinceaux affutés en main, il arpente la ville à la recherche d’une parcelle d’expression. Il poursuit un but de sensibilisation par l’art des problèmes sociaux et politiques du Yémen à travers un chemin pacifique et touchant. Au sein de la « 12th hours campaign », un mouvement s’est distingué : « The Walls Remember Their Faces » (« Les murs se souviennent de leurs visages »).
Murad Sobay explique : « Le message est que si les Yéménites ne se souviennent plus de la souffrance et de la peine des disparus au fil de ces longues années, les murs se souviendront d’eux et se tiendront à leurs côtés ». Les visages en question sont ceux des disparus. Hommes et femmes de tout âge, politisés ou non, que le régime a effacé, littéralement mais que le portrait sur les murs des villes a fait ressurgir brusquement.
Une mémoire ravivée
Ce travail artistique réalisé par Murad Sobay a ravivé les souvenirs et les indignations. L’œuvre a fait tant de bruit que certains ont vu là le commencement d’un mouvement populaire qu’ils ont cherché à éteindre en masquant les dessins muraux au karcher ou avec de la peinture.
Crédits photo -- Murad Sobay
Au-delà de cette tentative de censure, le mouvement a été suivi par la population qui a écrit à son tour sur les mêmes murs des déclarations de soutien et de paix afin que ces personnes ne disparaissent pas une seconde fois. Ce moyen d’expression a été adopté rapidement par tous et des messages très forts ont été déployés. Les murs se sont transformés en l’exposition de leur vision de la politique, de leur désir de paix et même de leur vie quotidienne. Activistes, journalistes ou même simples passants, tous ont leur mot à dire sur les évènements. Ils s’arrêtent, prennent un pinceau et se mettent à dessiner.
Aujourd’hui, l’exposition continue dans de nombreuses villes yéménites et les visages sur les murs se multiplient. On ignore toujours ce qui leur est arrivé, mais les oubliés d’hier font prendre conscience aux victimes d’aujourd’hui de la situation de leur pays et du traitement qui leur est infligé. Murad Sobay aura réussi le tour de force de sensibiliser le Yémen par la voie de l’art. C’est un pacifiste, un rêveur, mais aussi un révolté qui veut changer les mentalités grâce au souvenir et initier un monde meilleur pour le peuple de demain.
Remerciements à Murad Sobay qui a gracieusement autorisé l’usage des photos.
Aujourd’hui, l’exposition continue dans de nombreuses villes yéménites et les visages sur les murs se multiplient. On ignore toujours ce qui leur est arrivé, mais les oubliés d’hier font prendre conscience aux victimes d’aujourd’hui de la situation de leur pays et du traitement qui leur est infligé. Murad Sobay aura réussi le tour de force de sensibiliser le Yémen par la voie de l’art. C’est un pacifiste, un rêveur, mais aussi un révolté qui veut changer les mentalités grâce au souvenir et initier un monde meilleur pour le peuple de demain.
Remerciements à Murad Sobay qui a gracieusement autorisé l’usage des photos.