Le sous-commandant Marcos était le porte-parole de l'Armée zapatiste de libération nationale (Mexique). C'est en janvier 1994 que Marcos et ses compagnons se dévoilent à la scène internationale, luttant dans l'un des Etats les plus pauvres du Mexique, le Chiapas, pour les droits des indigènes, le droit de vie et de respect contre le "Mauvais gouvernement". Ils décident ensemble de se battre pour l'autonomie des populations indigènes en mettant en avant l’esprit communautaire, la gestion collective, la revendication des identités, la défense de la nature, la libération des femmes et la solidarité internationale. A partir de cette année, elle instaure des communes autonomes autogérées dans le but de rendre leur fierté aux peuples indigènes. Le personnage du sous-commandant Marcos est né.
Un symbole de révolution pacifiste autant à l'intérieur d'un mouvement armé qu'à travers la littérature, que l'on peut voir au fil de ses contes et de ses communiqués. Avec un talent incroyable et une facilité à s'exprimer, ce personnage a permis la récupération des terres des indigènes et également la création de ce que représente le mouvement aujourd'hui. Au fil des années, il fait évoluer son discours du marxisme vers l'altermondialisme sans pour autant abandonner la lutte, "depuis les montagnes du Sud-Est", comme il le répète si souvent dans ses communiqués.
Ce 2 mai 2014, le CIOAC-Histórica, organise une embuscade dans un caracol (unité d'organisation) zapatiste. Dans cette embuscade plusieurs indigènes furent gravement blessés et José Luis Solís López Galeano, leader de la "Junta de Buen Gobierno" et maître de l'Ecole autonome zapatiste de la réalité est tué. A l'aide de paramilitaires et du PVE (Parti Ecologique Vert), du PAN (Parti Action National) et du PRI (le parti au pouvoir : Parti Revolutionnaire Institutionnel), ils attaquent une école et détruisent une clinique. Leur objectif est atteint : Galeano meurt de trois balles et plusieurs coups.
"Une décision difficile"
A la suite de cela, le sous-commandant Marcos décide de faire une apparition surprise et annonce que sa voix "ne portera plus celle du EZLN". C'est quelques heures après la fermeture de l'hommage au compagnon, dans la nuit du 25 mai, en face de trois milles bases d'aides, militants et insurgés zapatistes, que le sous-commandant Marcos lit ces dernières paroles, son dernier communiqué au discours plutôt sarcastique qu'on lui connaît bien, "entre lumière et ombre".
"Une décision difficile" dit-il, qui paraît pourtant nécessaire, qu'il avait déjà préparé et dont il attendait le moment propice pour son annonce. "Contre la mort nous demandons la vie, contre le silence nous exigeons la parole et le respect, contre l'oubli, la mémoire, contre l'humiliation la dignité, contre l'oppression la rébellion, contre "l'esclavitude" la liberté, contre l'imposition la démocratie, contre le crime la justice."
"Entre douleur et rage", et ce sont là ces dernières paroles, il annonce non seulement qu'il se retire mais explique également que le personnage du « sous-commandant Marcos » a « été créé » par les indiens, après l’insurrection armée du 1er janvier 1994. Selon lui, le recours à un métis, pour incarner le combat pour l’autonomie des communautés indiennes et contre le néolibéralisme, visait à attirer davantage l’attention de l’opinion publique.
"Qui aimaient ou détestaient le sous-commandant Marcos savent maintenant qu'ils ont aimé ou détesté un hologramme", " Le personnage fut créé et maintenant, nous le détruisons". "Au final, ceux qui comprennent, sauront que ne s'en va pas qui n'a jamais été, ni ne meurt qui n'a jamais vécu." Il poursuit : "nous pensons qu'il est nécessaire que l'un d'entre nous meurt pour que Galeano vive. Ainsi nous avons décidé que Marcos devait mourir aujourd'hui." "Etant 2:08 je déclare que le sous-commandant insurgé Marcos cesse d'exister".
Selon le communiqué, la mort de M. Solis Lopez a été le moment propice tant attendu pour annoncer la disparition du personnage de Marcos, prévue de longue date. Il avait annoncé quelques mois auparavant que le sous-commandant Moises et le commandant Tacho prendrait la relève. En l’honneur du défunt, Marcos déclare qu’il se fera désormais appeler « Galeano », sans préciser s’il continuera, ou non, de jouer un rôle-clé au sein de l’EZLN sous ce nouveau pseudonyme. Le charismatique guerillero s'en va, se retire comme symbole, comme porte-parole emmenant avec lui l'amour et le respect de ceux qui le suivent depuis ces vingts années de lutte.