Mauvaise fortune pour la jeunesse dorée de L.A.

12 Juin 2013


Film présenté au Festival de Cannes, The Bling Ring est le nouveau film de Sofia Coppola. Emmené par une excellente Emma Watson dans un rôle en retrait, rythmé par une bande-son de génie avec Phoenix et Kanye West, la réalisatrice nous lasse pourtant à filmer l’ennui adolescent.


Rebecca (Katie Chang), Marc (Israel Broussard), Nicki (Emma Watson), Sam (Taissa Farmiga) et Chloé (Claire Julien) forment le Bling Ring, un groupe d’adolescents qui utilisent Internet pour traquer les déplacements de célébrités afin de dévaliser leurs demeures… Le film se résume malheureusement en une seule phrase.


Un maigre scénario

Sofia Coppola continue à réaliser des films de genre dont elle seule en est la maitresse. Ce film se focalise sur les flottements existentiels de l’adolescence, où chaque jeune se cherche un idéal. On assiste à la dérive de jeunes adolescents qui se complaisent à voler et s’imaginer en star.
 
Après avoir décrit les admirateurs des célébrités dans Somewhere (2011), elle va inverser son angle et filmer avec exaltation ce vide existant entre ces deux mondes. Si le film est en partie réaliste, certaines scènes sont exagérées. L’absence de caméra dans la maison de Paris Hilton, le fait que la célébrité cache ses clés sous le paillasson, ou encore trouver son adresse en un clic sur internet fait apparaitre des irréalismes dans le scénario.
 
Le film rentre dans le vif par une scène de cambriolage. Erreur fatale de Sofia dans cette première scène qui est en quelque sorte l’essence du film : l’histoire de jeunes qui cambriolent les maisons de célébrités. Le fait de débuter directement par l’action même du scénario va rendre le film long devenant plus qu’une suite de cambriolages d’une facilité navrante sans réel suspense. L’arrestation des jeunes loups est banale, la fin est bâclée, un simple coup de marteau va symboliser leur jugement.
 
En voulant se rapprocher trop près de la réalité, Sofia Coppola s’est heurtée à la banalité et l’ennui de ces adolescents.

La fadeur de l’adolescence

Sofia veut transcrire à travers ce film la vacuité de l’adolescence de ces jeunes fortunés. Elle met en scène remarquablement bien chaque plan. Tout est bien millimétré, de vraies images de stars et l’apparition à l’écran de Paris Hilton et Kirsten Dunst , ainsi que les photos des stars vont crédibiliser la réalité du film. Certaines scènes sont également très drôles avec des répliques pouvant devenir cultes.
 
A contrario, de nombreuses scènes sont d’une mièvrerie débordante, car inutiles. On vague entre le drame et la comédie, un mélange qui rend perplexe le spectateur qui ne sait plus s’il doit prendre l’histoire au premier ou second degré.
 
Sofia Coppola aurait dû se servir de cette histoire comme toile de fond en la scénarisant un peu plus afin de la rendre plus attrayante. Elle se devait de mieux comprendre la psychologie des personnages et dénoncer ce star-système qui fait rêver les jeunes. Dans cette fadeur de l’adolescent, Sofia Coppola réussit à y introduire une excellente bande-son qui donne du rythme au film. On peut entendre les sons de M.I.A., Kanye West, Phoenix ou encore Frank Ocean.

Une erreur de distribution

Contre toute attente, Emma Watson ne joue pas l’héroïne, mais un second rôle. Sofia a commis l’erreur de n’avoir qu’une seule tête d’affiche, mais qui n’est pas le rôle principal. À chaque apparition, Emma Watson crève l’écran, nos regards se focalisent directement sur ces mouvements.
 
Deux solutions s’imposent à Sofia Coppola : soit elle décide de mettre en scène des nouveaux acteurs inconnus du grand public afin de rendre plus réaliste le film, soit elle décide, comme ce fut le cas dans Spring Beaker (Harmony Korine, 2013), d’incorporer plusieurs têtes d’affiche afin d’équilibrer le rapport à la caméra. Ce constat est réel durant tout le film et notamment à la fin où l’action se focalise sur la vie du personnage d’Emma après son arrestation.
 
Sofia Coppola signe un bon film sans éclair de génie. En voulant dénoncer l’ennui de ces jeunes ados fortunés, elle va pousser le spectateur vers un ennui qui le laisse sur sa faim. 



Rédacteur (étudiant en licence de science politique). Jeune aspirant au développement du… En savoir plus sur cet auteur