"Marco Feliciano, vous ne nous représentez pas"

9 Avril 2013


Au Brésil, un pasteur évangéliste, accusé de propos racistes et homophobes, est élu président de la Commission des droits de l’Homme et des minorités. Sa présidence suscite de nombreuses manifestations de millions de Brésiliens. La vague de protestations arrive même jusqu’en Argentine, aux États-Unis et dans les métropoles européennes.


À côté du scandale de corruption qui bouleverse la vie politique du pays, des nouvelles sur un autre événement inquiètent les citoyens brésiliens depuis quelques semaines. Pas seulement au Brésil, mais dans de nombreuses métropoles, des manifestants se réunissent contre un homme : Marco Feliciano. Depuis mars, celui-ci préside la commission des Droits de l’Homme et des minorités de l’assemblée générale brésilienne. Chargé de défendre les droits des minorités, le pasteur évangéliste a choqué le pays avec des déclarations fracassantes contre les Africains et les homosexuels.

Amnesty International lui reproche d’avoir affirmé que le sida est un « cancer gay » ou que les Africains étaient « maudits de par leur ascendance », et demande sa démission. De même, le gouvernement déclare expressément son désaccord avec les propos de Feliciano.
Mais comment un député, membre du Parti Social-Chrétien, a-t-il pu être élu alors que le pays est gouverné par un gouvernement social-démocrate? La présidente Dilma Rousseff, membre du mouvement de la résistance contre la dictature militaire entre 1964 et 1985, a contribué à l’institution de la commission des Droits de l’Homme et des citoyens pour éviter l’atteinte aux droits fondamentaux. Elle est consciente de l’importance historique et politique de cet organisme.

L’élection de Feliciano est le résultat d’un accord complexe entre les différents partis de la coalition au pouvoir. Dépendant des voix rassemblées par un parti politique, ses membres ont le droit de présider les commissions parlementaires. Le Parti des Travailleurs (PT) de Dilma Rousseff est à la tête de trois commissions. Le PSC préside deux commissions. Cette année, les partis gouvernants, le PT et le PMDB (Parti du Mouvement Démocratique brésilien) se sont intéressés à l’influence plus importante des autres commissions, ce qui a mené à la majorité de sièges du PSC dans la commission des Droits de l’Homme et à la présidence de Marco Feliciano.

Les groupes LGBT et les associations pour les droits de l’Homme ont récemment organisé des manifestations, généralement composées d’étudiants. À Berlin, Hambourg, Paris, Lyon, Madrid et Londres, les adversaires de Feliciano ont défilé dans le centre-ville, affichant des slogans comme « Fora Feliciano » (« Feliciano, dehors ! ») ou « Marco Feliciano, vôce não nos représenta » (« Marco Feliciano, vous ne nous représentez pas ! »).

Des personnalités – comme la Brésilienne Fernanda Montenegro – ont exprimé leur indignation en embrassant d’autres artistes du même sexe en public.
Selon de nombreux journalistes et experts de la politique brésilienne, l’élection de Feliciano est un exemple effrayant de l’influence croissante des églises évangélistes. Lui-même est le président du mouvement « Catedral do Avivamento », une église évangéliste forte de 20 millions de fidèles, rien qu’au Brésil.
Pour attirer de nouveaux membres et pour maintenir leur forte position dans la société, elles sont de plus en plus actives dans la vie politique.

Les manifestants espèrent réussir à convaincre le public du danger des églises évangélistes et à dénoncer Marco Feliciano, raciste, homophobe et indigne de la présidence de la commission des Droits de l’Homme.



Je suis Manuel, étudiant ERASMUS en Droit à l'Université Lyon II. Je viens d'Allemagne mais j'ai… En savoir plus sur cet auteur