Malaisie : Bornéo, un lieu de tourisme idéal ?

22 Décembre 2013


Nul lieu de la Malaisie péninsulaire ne peut rivaliser avec la partie est du pays, située sur l’île de Bornéo, partagée notamment entre les Etats de Sabah et du Surawak. Découverte de ce véritable paradis naturel.


Le mont Kinabalu à Bornéo | Crédits photo -- Mathilde Tarif/ Le Journal International
La Malaisie, destination touristique particulièrement en vogue ces dernières années, regorge de richesses naturelles et de curiosités en tout genre. Les eaux translucides des îles Perhentian au nord-ouest, l'ancestrale forêt tropicale du parc national Taman Negara, les plantations de thé des Camerons Highlands, les bâtiments coloniaux de Malacca, les multiples temples de Penang ou encore les superbes plages de Tioman, Redang, Pangkor, Langkawi...

Mais nul lieu de la Malaisie péninsulaire ne saurait rivaliser avec la partie Est du pays, située sur l'île de Bornéo, avec la saisissante beauté de son lunaire mont Kinabalu, l'immense biodiversité de ses forêts, la majesté de ses orang-outangs, l’harmonie de ses fleuves, les mystères de ses grottes profondes, la finesse de ses plages de sable blanc et les couleurs flamboyantes de ses fonds marins. Bornéo apparaît ainsi comme une destination de rêve pour le touriste du XXIe siècle, offrant tout autant de possibilités de randonnées que de farniente sur la plage.

Un tourisme en développement

Bornéo, le lieu de tourisme idéal ? Pas pour autant. Ce potentiel infini semble obscurci par de nombreux obstacles qui voient le champ d'opportunités touristiques immense des Etats de Sarawak et de Sabah réduit à peau de chagrin. Le tourisme n’y est encore qu'à l'état embryonnaire. La Malaisie est un pays nouvellement développé, et ces deux Etats comptent parmi les plus pauvres du pays, ce qui explique d'évidentes défaillances en matière touristique. Les bus retardés, voire annulés, les réseaux de transport parfois mal reliés, les sanitaires dans les hôtels pas toujours impeccables et les informations souvent contradictoires ne sont pas rares.

Les Malaisiens semblent souvent peu enclins à dire « non » et préféreront vous induire en erreur plutôt que de prendre la responsabilité de vous fournir une réponse catégorique. Une tendance qui peut s'avérer fâcheuse lorsqu'il s'agit de prendre une décision. Le backpacker avisé devra prendre son mal en patience et s'apprêter à endurer quelques heures d'attente et certainement quelques conversations laborieuses, à moins, si ses revenus le lui permettent, de passer directement par une des multiples agences de voyage qui ont fleuri ces dernières années.

Des richesses touristiques à protéger

L'Etat malaisien quant à lui pêche par manque d'investissement dans les infrastructures touristiques, alors qu'il semble y avoir tant à gagner, laissant des compagnies privées et des agences en tout genre mettre le grappin sur les richesses touristiques du pays. Ce qui n'est pas forcément un mal, car ces dernières garantissent au moins une certaine protection des trésors naturels de la région, tâche que le gouvernement semble parfois dédaigner.

Se vantant de mettre en place des mesures environnementales afin de préserver la biodiversité du territoire, telles que les innombrables écotaxes à l’entrée des îles ou des parcs nationaux, le gouvernement permet parallèlement la construction de centrales à charbon à quelques kilomètres de centres de réhabilitation pour orang-outangs et ne se hâte pas d'empêcher la déforestation massive destinée à la production d'huile de palme. Une honte lorsque l'on connaît l’unicité de la nature de Bornéo. Quant à l'intention de l'Etat de préserver les récifs de coraux de ses côtes, on pourrait y croire si l'on ne voyait flotter sacs plastiques et canettes à la surface de l'eau autour des sublimes îles du parc maritime Abdul Raman au Sabah.

Des touristes « escroqués »

La suprématie des groupes privés sur les curiosités de la région, si elle permet parfois la sauvegarde de certains lieux naturels, constituent néanmoins une nuisance indéniable. Les entreprises privées gérant les parcs nationaux possèdent souvent un monopole nuisible aux touristes alors soumis à leur bon vouloir. Ainsi l'ascension en deux jours du mont Kinabalu, joyau de l'Etat de Sabah, n'est possible que monnayant la modique somme de minimum 150 euros requise par le Sutera Sanctuary Lodge, compagnie privée possédant la majorité des logements envisageables dans les alentours. Une fortune pour la plupart des backpackers sillonnant l'Asie du Sud-est.

Quant au centre de réhabilitation de Labuk Bay destiné à réinsérer les primates Nasik dans leur environnement naturel, il requiert de la part du touriste un droit d'entrée particulièrement élevé de quinze euros. Un montant destiné à une noble cause, qui ne ferait pas sourciller si les locaux, eux, ne payaient pas officiellement trois fois mon cher. Six pour les enfants. L'application de prix différentiels pour les touristes est en effet la norme, et pas seulement pour les taxis - phénomène pour le coup mondialement répandu - et les parcs naturels, mais aussi pour les musées, les restaurants - qui changent régulièrement les prix affichés sur la carte - ou l'acquisition d'une simple chicha dégustée à la terrasse d'un café. Une habitude qui devient rapidement irritante après plusieurs jours passés dans la région à avoir le sentiment de se faire sans cesse escroquer.

Entre tourisme et sauvegarde de l’environnement

La Malaisie de l'est a donc encore un long chemin à parcourir concernant la fiabilité de ses infrastructures touristiques et la sauvegarde de ses richesses naturelles. Alors que les deux états de Sabah et Sarawak sont encore peu développés économiquement, le tourisme représente pour eux une importante source de revenu qu'il serait dommage de gâcher par des atteintes à l'environnement ou des phénomènes rebutants pour les touristes trop souvent considérés comme des « vaches à lait ». Espérons que la Malaisie de l'est saura trouver un équilibre entre un tourisme fructueux et la préservation de son authenticité et de ses indénombrables richesses.