Los Angeles : dans les coulisses de l’avant-garde L.A Dance Project

Diane Zeigler
23 Février 2014


En tournée dans le monde entier, Benjamin Millepied, réalisateur de Black Swan, présentera son L.A Dance Project à Los Angeles au Music Center Disney Hall dès le 20 février et au Museum of Contemporary Art (MOCA), au Sadler's Wells de Londres et à la Maison de la Danse à Lyon.


Reflections, L.A Dance Project
C’est en l’honneur de Los Angeles, cette ville ouest-américaine, à laquelle il doit beaucoup, que le chorégraphe débutera les 20, 21 et 22 février prochains sa tournée: Reflections. Il nous offre une nouvelle manière d’appréhender la danse, tout en liberté et simplicité de cœur.

Un « collectif de créateurs » à l’œuvre

C’est entouré de plusieurs artistes que Benjamin Millepied s’est lancé dans une nouvelle aventure depuis son arrivée à Los Angeles : ses nouveaux compagnons de route sont Nico Muhly (compositeur), Charles Fabius (producteur), Matthieu Humery (conseiller d'Art) et Dimitri Chamblas (producteur audiovisuel). Christopher Wool et Mark Bradford sont les deux premiers artistes plasticiens invités à collaborer avec le groupe. Cette expérience artistique hors du commun et hors les murs vise à redéfinir les formes de la danse à travers la communion des talents.

Le plus excitant à puiser dans cette fourmilière qu’est Los Angeles est le fabuleux potentiel dans cette manière de produire une œuvre. Dans cette perspective, le L.A Dance Project s’est associé avec le Ace Hotel. En effet, le UA Theater qui se trouve à l’intérieur de l’hôtel a été rénové pour l’occasion : devenu un lieu magique, il rappelle l’âge d’or du cinéma. Bien que le Dance Project soit un rejeton parmi les poids lourds de la culture artistique et cinématographique, il porte un regard transversal sur les créations oubliées du passé et sur les nouvelles collaborations.

Le chorégraphe Benjamin Millepied s’est en effet attaché à ne pas effacer l’histoire pour faire apparaître une nouvelle génération sortie de nulle part. Au contraire, il signe une prestation qui allie étroitement le passé et le présent, l’ancien et le moderne, la tradition et la nouveauté pour obtenir un résultat débordant de richesses à tous les niveaux.

Le bouillonnement de la cité des Anges

L’ambiance des différents quartiers de la mégalopole ouest-américaine, Los Angeles, est très particulière et étrange. D’un côté, elle rappelle les villes telles que Détroit : lieu qui connut son heure de gloire et une vie trépidante mais aujourd’hui qui se sent terriblement abandonnée. De l’autre, elle dévoile le mystère et la promesse d’un avenir providentiel hérité du mythe fondateur de l’Ouest-américain. On y retrouve encore le gout de tous les possibles et d’une nouvelle vie. Même les Américains de la côte est se sentent étrangers à LA !

Dans cette jungle urbaine incomparable, les artistes doivent apprendre à travailler ensemble pour se faire entendre. De nos jours, les artistes doivent faire figure d’extravagants désespérés avec une touche de déjanté. Pourtant, le talent artistique s’est longtemps découvert à travers des personnages à l’opposé de ces créatures imaginaires que l’actualité met en lumière. En totale adéquation avec leur environnement, ils se bornaient souvent à écrire des cantates dont la structure dramatique s’adaptait aux liturgies de l’époque. Ils s’inspiraient des hymnes et des chants spécifiques à une fête religieuse pour ensuite laisser aller son imagination. LA Dance Project s’impose alors comme une révolution artistique bienvenue : un nouveau souffle pour le monde de la danse.

Millepied : le danseur star par excellence

L.A Dance Project | Crédits Photo: Benjamin Millepied
Le processus de collaboration dans une œuvre artistique n’est en réalité pas si facile puisqu’il apparaît antithétique par rapport à la manière dont les artistes sont formés pour faire émaner leur propre sensibilité. Pour un musicien, travailler avec un chorégraphe, par exemple, se révèle comme l’un des défis les plus osés tout en étant une formidable expérience.

Dans cet unique projet tout à fait inédit, écrire la musique a nécessité beaucoup de travail : les artistes souhaitaient créer une certaine flexibilité, une musique simple, sans fioritures, afin de laisser les danseurs interpréter à leur façon l’accompagnement musical. Le but étant de faire ressortir une certaine intimité à travers le fruit d’une collaboration. Les musiciens, en effet, ont assisté à de nombreuses répétitions et classes de danse afin de comprendre les mouvements et de s’accorder aux attentes et possibilités des danseurs. Ainsi, ce projet si novateur va transformer des détails accessoires en des gestes déterminants pour les danseurs – un soupçon de timbales ou une note aigue de flute ou encore un tintement de triangle. Ainsi les arts se rencontrent et se côtoient pour rechercher non seulement le raffinement mais aussi l’harmonie. C’est de cette façon que le chorégraphe Benjamin Millepied a travaillé durant plusieurs années, main dans la main avec les musiciens et les danseurs.