Lisbonne : la ville aux 7 collines

Une espagnole entre les couleurs du fado et de la mer.

Nieves Meijide, traduit par Elise Defrance
5 Aout 2013


Avec son demi-million d'habitants, Lisbonne est la capitale du Portugal. Située au sud, elle est à l'embouchure du Tage. D'après l'Odyssée, la ville fût fondée par Ulysse après qu'il a fui Troie. Le château Saint Georges, une construction musulmane, surplombe la ville depuis la colline la plus haute.


Nieves Meijide | Le Journal International
Le château Saint Georges offre une vue fantastique sur la ville, et sur l'estuaire du Tage, traversé par deux ponts qui relient la capitale à la péninsule. Le pont Vasco da Gama, long de plus de 17 km, est le plus grand d'Europe. Sur l'autre rive se dresse le Cristo Rei (Christ Roi ), une statue inspirée du célèbre Christ Rédempteur de Rio de Janeiro. Lisbonne est connue pour être accueillante et multiculturelle, le Portugal ayant maintenu son système colonial jusqu'à la dernière décennie du XXe siècle.

Lisbonne est haute en couleur. Loin de l'image de ville grise, vieille et triste, que l'on lui prête le plus souvent à tort. Malgré l'état de vieillesse de nombreuses façades, les rues et les murs sont très colorés. Des lampions rouges, bleus, verts et jaunes sont accrochés de balcon en balcon. Lisbonne est une ville agréable malgré ses pentes vertigineuses. Construite sur sept collines, cette cité familiale est dépourvue de la prolifération d'avenues froides des capitales - celles qui invitent à la solitude.

Lisbonne séduit avec ses recoins, ses belvédères et son parfum marin. S'il était possible de photographier l'odeur d'une ville, ce serait celle de Lisbonne, avec ses effluves de vert, de terre mouillée et de salpêtre.

Ses rues

Le coeur de Lisbonne épuise le corps et exalte l'esprit. Dans ses quartiers les plus au centre, vous trouverez des escaliers interminables, des pentes, et de nombreux soupirs de fatigue. Les rues pentues et étroites comptent de nombreux balcons couverts de géraniums. Marcher dans ces rues revient à se perdre dans des labyrinthes de carreaux de faïence, qui permette de profiter, - le temps de souffler - des multiples coins fleuris, où se trouve toujours un banc, avec vue sur la mer. Les belvédères sont l'essence même de cette ville, qui se dresse et s'engouffre sur ses 7 collines. Les tramways, les funiculaires et les ascenseurs facilitent les déplacements dans Lisbonne. La ligne 28 du tramway serpente à travers tous les quartiers de la vieille ville. Ses quartiers partagent ruelles et charme, bien que leurs spécificités diffèrent, du Fado à Alfama aux librairies antiquaires de Chiado, en passant par les terrasses de Baixas et les nuits blanches dans le Bairro Alto. Découvir Lisbonne c'est avant tout découvrir, ou plutôt ressentir, la « saudade ».

SA GASTRONOMIE

Manger à Lisbonne. S'il y a une chose dont nous, les Espagnols, sommes convaincus, c'est que l'on mange très bien dans notre pays voisin. Sa proximité avec la mer influe grandement sur la gastronomie. La Sapateira, les gambas et les palourdes sont quelques-uns des plats à savourer sur les terrasses de Lisbonne. Mais si une chose caractérise cette ville, et donc ce pays, c'est bien la morue ou « bacalhau ». Celle-ci est présente dans chaque bistrot. Elle se déclinerait en 365 recettes, une pour chaque jour de l'année. Ce plat exquis est à déguster absolument de passage au Portugal. Les mets de l'Atlantique se marient évidemment avec le vin vert (vinho verde), un vin portugais typique et indispensable à la dégustation de la cuisine de la mer.

Le sucré n'est pas en reste avec les « Pastéis de Belém » (Tartelettes de Belém), une grande tradition de Lisbonne. Il s'agit de tartelettes de crème et pâte feuilletée dont la recette n'a pas été dévoilée. Elles auraient vu le jour il y a 200 ans dans le Monastère des Jerónimos, dans le quartier de Santa María de Belém au sud-est de la ville.

LISBONNE CULTURELLE

Les couleurs qui atténuent la tristesse de Lisbonne ne sont pas l'unique expression culturelle de la ville. Lisbonne est art, un art libre et insouciant qui vit dans ses rues. Elle est littérature, vous trouverez une librairie tous les dix mètres à Chiado. Vous ne pourrez pas toutes les visiter, même en une après-midi entière, arpentant les pentes à la recherche d'une oeuvre de Sophia de Mello Brayner. Il n'y avait que des éditions originales et ces beaux livres méritent l'effort de la recherche. Mais Lisbonne est surtout musique. Tous les soirs, les lamentations du fado émanent de bistrots à la lumière tamisée. Le Chapitô est l'un des lieux les plus emblématiques pour écouter du fado. Ce centre culturel dispense des cours de cirque. L'excellent restaurant offre un panorama sur la mer. La scène du bistrot avec des valises en guise de chaises est éclairée par une lumière rouge. Deux guitares, une Espagnole et l'autre portugaise. Et une voix, une lamentation contenue, déchirante, qui conte les nostalgies de la vie. Amália Rodrigues, chanteuse de fado par excellence, le définit ainsi dans l'une de ses chansons : « Amor, celos, ceniza y fuego, dolor y pecado. Todo esto existe; todo esto es triste; todo esto es fado »[« Amour et jalousie, cendres et feu, douleur et péché. Tout cela existe ; tout cela est triste ; tout est cela c'est le fado. »].

Dans un registre plus joyeux, et moins traditionnel, Lisbonne offre une alternative au fado : le festival Jazzout, de mai à septembre. Chaque vendredi et dimanche, les parcs s'emplissent de concerts, de parasols et de nappes de pique-nique, de personnes de tous âges. De jus, de bière. De bonne humeur. D'envie que les couleurs se transforment en musique.