Les indignés en blouse blanche marchent contre la privatisation

10 Mai 2013


Espagne - En novembre 2012, la ville de Madrid annonçait la privatisation de six des plus grands hôpitaux de la région, ainsi que de 27 centres de santé. Conséquence de la crise qui sévit dans le pays, cette coupe budgétaire est un coup dur pour l’intégralité du corps médical. Manifestations, pétitions et grèves historiques n’ont pas encore suffi à faire reculer le gouvernement. Plus de quatre mois après l’annonce, nous sommes allés voir où en étaient ces indignés en blouse blanche.


La primera «Marea Blanca» de 2013 recorre el centro de Madrid, 10 janvier 2013. Crédits photo — EFE
« Una solución la revolución » crient patients et aides-soignantes devant un centre de santé de Madrid. Tous les mardis, mercredis et jeudis, ils se réunissent à 18 h au même endroit pour une demi-heure de chansons militantes et autres slogans protestataires, en plus de manifestations mensuelles.

La lutte continue donc pour le corps médical madrilène qui refuse cette mesure. « Déjà, quatre centres ont été privatisés parce qu’ils le voulaient, explique une infirmière qui prend de son temps de travail pour brandir son microphone, mais la plupart d’entre nous sommes contre, nous sommes contre le fait de transformer la santé en une entreprise qui doit faire des bénéfices. En plus les centres concernés sont les plus fréquentés de Madrid, obligeant les patients les plus bénéficiaires et les plus touchés par la crise, surtout les retraités, à aller beaucoup plus loin, et ça, c’est vraiment scandaleux. »

Ces réformes sont la conséquence de coupes budgétaire de la santé publique, engendrant ainsi externalisation des soins, dégradation de leur qualité et médecine à deux vitesses. Tout cela n’étant qu’aide déguisée à la santé privée, dans un système entièrement régionalisé. L’association « Mi Salud No es Un Negocio » [Ma santé n’est pas une entreprise] est une des plus active et nous a confié où en était la situation. Tout d’abord, en plus de manifestations historiques pour le domaine médical, le Conseil de Santé à déjà récolté plus de 1,4 million de signatures contre cette privatisation.

Sociétés scientifiques, associations professionnelles, syndicats de la profession et associations de quartier ont également exprimé leur opposition. Mais comme nous l’a expliqué l’association, la communauté de Madrid n’a engagé aucune négociation et continu d’assurer que ce plan va être mené à bien.

Cependant, en mars dernier, le parti de l’opposition, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, avait déposé une plainte d’anticonstitutionnalité contre les articles 62 et 63 de la loi faisant partie du plan de mesures d’urgence et le « démantèlement » de la santé publique à Madrid. Mercredi 8 mai, la Cour Constitutionnelle a déclaré recevable ce recourt. Mais pour Javier Fernández Lasquetty, conseiller Santé, cela « n’a aucun effet de suspension du projet et ne paralysera pas les procédures ». Un combat qui s’annonce encore compliqué pour tout le corps médical et les patients qui, malgré tout, mènent une lutte acharnée pour leur droit le plus important, celui d’être soigné.




Etudiante en journalisme et communication audiovisuelle à Madrid. Intéressée par tout, curieuse,… En savoir plus sur cet auteur