Les aventures de Michel Anoia, de la musique pensée comme un film

Lucie Jacquemet
9 Février 2013


De la musique inaudible pour certains, savante pour d'autres. Michel Anoia nous plonge dans un univers prenant, où le son et l'image ne font qu'un. Leur première prestation ayant marquée ma curiosité il y a quelques mois déjà, et je me suis rendue à leur concert la semaine dernière, où ils partageaient l'affiche avec « The Rodeo Idiot Engine ».


20h15, Mardi 29 Janvier, devant le Trokson à Lyon. Un peu apeurée d'avoir manqué le début de leur prestation, je suis rassurée lorsque j'aperçois le guitariste sortir avec une bière. « On commence à 21h finalement ». Parfait, le temps de contribuer à une petite donation en pièces de monnaie, on me fait une croix sur la main, et je peux descendre dans une petite salle aux murs de pierre. Une trentaine de personnes étaient présentes, debouts, et pour la plupart statiques. Je me mets au fond de la salle, au centre, afin d'avoir une acoustique correcte, mais aussi d'éviter au maximum les acouphènes dont j'avais hérité à leur dernier concert.

Le silence se fait dans la salle, tous les regards sont rivés vers les artistes. Une petite introduction à la batterie, à laquelle se sont rattachés une guitare et une basse. En l'espace d'une trentaine de secondes, le ton est donné, et ce sera donc autour de la brutalité que le concert s'articulera. Ce style de musique semble être adressé aux connaisseurs. En effet, l'ambiance y est assez particulière, on peut clairement ressentir que le public est dans une optique d'écoute. On pourrait même qualifier les spectateurs d'attentifs, tant ils semblent absorbés et concentrés sur ce qu'ils entendent.

Les musiciens jouent en continue. Ce qui est particulièrement frappant avec Michel Anoia, c'est l'état de « trance » dans lesquels sont les artistes, pendant leur prestation. Cette musique forte, très dense, où l'on a l'impression que basse guitare et batterie se livrent véritablement une bataille, dégage pourtant une certaine harmonie, presque émouvante.

Derrière le batteur déchaîné, une projection d'images suit les aléas violents du trio. Des dessins colorés, articulés, et en totale harmonie avec le son, permettent au public de voyager, leurs donnent des clés pour tenter de comprendre ce que les artistes essayent d'exprimer. La cohabitation du son et de l'image prend tout son sens lors des passages plus calmes du concert. Leur musique a été pensée comme un film, et leur concert raconte une histoire. Boitaju & Hido, présents depuis le début du projet, apportent leur créations visuelles au show.

En parlant un peu avec le guitariste, je lui demande alors comment il appellerait le style de son groupe, il me répond « une sorte de grind core sous LSD ». En effet, si la présence de drogue dans leurs veines ce soir la n'est absolument pas certifiée, la présence scénique reste impressionnante. Ma curiosité semblait alors justifiée, en tendant vraiment l'oreille, on peut comprendre qu'il a fallu à ces musiciens plusieurs bonnes dizaines d'heures de répétition pour produire cette puissance sonore qui leur est propre. Une expérience intéressante, un style de musique peu populaire, du moins peu relayé par les médias de masse, mais qui mérite une certaine attention, voire une reconnaissance dans son originalité.