Les Chevaux de Dieu nous propose de découvrir deux frères, Hamid et Yachine, tentant de survivre à Sidi Moumen, un des bidonvilles de Casablanca. L'un est un petit caïd au fort caractère, l'autre se laisse aller et enchaîne les petits boulots. Un jour, Hamid se retrouve en prison; durant son incarcération, il se tourne vers la religion. A sa sortie, il mènera son frère et ses amis dans la spirale infernale de l'islamisation radicale. Ce qui les conduira à vouloir « mourir pour Dieu ».
Le film, se basant sur les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, s'inspire également du roman de Mahi Binebine Les étoiles de Sidi Moumen qui narre le parcours de ces jeunes à la dérive qui deviendront des bombes humaines. Nabil Ayouch, dans ce long-métrage fort en émotion, nous montre une face cachée du Maroc, loin des cartes postales et des clichés touristiques. Dans cette fresque à la réalité brute, il évoque des tabous comme la corruption, l'islamisation de la société, l'homosexualité, la jeunesse livrée à elle-même et la misère. Ces thèmes ne sont pas l'objet central du film, le réalisateur traitant davantage l'engrenage qui amène à devenir martyr, s'interrogeant sur la chemin qui mène ces jeunes à aimer la mort et à commettre l'irréparable.
Les acteurs, incroyables, ne sont pourtant pas des professionnels. Nabil Ayouch choisissait en effet des habitants du bidonvilles dont sont originaires les kamikazes. Le réalisateur, qui en 1997 fut sélectionné aux Oscars pour son premier film Mektoub, est d'ailleurs cette fois-ci sélectionné à Cannes dans la section un certain regard.
Ce long-métrage est beau, fort, et violent de par son sujet et son réalisme. Il démarre doucement sur l'enfance de ces jeunes, mais une fois le décor posé le rythme s’accélère, s’emballe, jusqu'à nous mener à une fin époustouflante. Les Chevaux de Dieu est un film poignant qui ne peut pas vous laisser insensibles. A voir absolument!