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La visite de Mohammed VI s'est essentiellement articulée autour de la signature de vingt-trois accords bilatéraux, se proposant de mettre en oeuvre une coopération renforcée dans de nombreux domaines : industrie, commerce, énergies renouvelables, marchés financiers, recherche, promotion des droits de l'Homme, culture, éducation, etc.
L'objectif est pour le Maroc d'accompagner la Tunisie dans la transition qu'elle est en train de vivre, en la faisant profiter de son expérience. Mustapha Ben Jaafar, président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) tunisienne, s'est ainsi déclaré déterminé à bénéficier de "l’expérience riche et avant-gardiste dans le monde arabe en matière de construction démocratique" du Royaume chérifien."
De son côté, le Maroc bénéfice en retour du soutien appuyé de Moncef Marzouki à la réintroduction du Maroc dans l'Organisation de l'unité africaine (OUA), devenue entre-temps l'Union africaine (UA), après trente ans d'absence.
Le second et le principal intérêt pour le Maroc est la perspective de remettre sur pied un futur partenaire en affaires solide, avec lequel nouer des relations commerciales durables.
Les imams tunisiens bientôt formés au Maroc
Si Maroc et Tunisie ont échappé aux violences urbaines extrêmes qui ont émaillé les Printemps arabes égyptien et syrien, les deux pays n'ont pas géré de la même manière l'après contestation. Alors que le Maroc a su répondre aux attentes des manifestants sans traîner, en révisant la Constitution et en introduisant au gouvernement, par voie électorale, un parti islamiste modéré (le PJD), la Tunisie s'est mise en tête de refondre sa Constitution ex-nihilo. Une gestation longue pour un accouchement dans la douleur.
S'il ne se trouve pas grand monde pour regretter Ben Ali, la transition n'en est pas moins chaotique. La situation économique est au plus mal, et des attentats sporadiques empêchent le redécollage d’un tourisme en chute libre depuis la révolution. Comment enrayer cette spirale ? En se déplaçant en Tunisie, l'intention de Mohamed VI était notamment d'exporter le modèle marocain, prônant un islam tolérant, bien intégré à la vie politique.
Après le Mali, la Guinée Conakry et le Nigéria, les madāris marocaines vont donc venir en aide à la Tunisie dans la formation de ses imams. Le but : qu'ils reviennent dans leur pays nantis d'un bagage théologique consistant, afin d'y révéler une lecture du Coran modérée constituant "un barrage contre les interprétations excessives de l'islam", dixit un cadre du PJD.
Pour calmer les tentations islamistes de leurs populations, le Maroc comme la Tunisie ont besoin d’alliés, de voisins apaisés et de modèles à suivre sur le difficile chemin de la construction d’un Islam compatible avec la démocratie et la prospérité.