La Norvège négocie sa contribution à l’UE

Thea Hellenes Ekre, correspondante en Norvège
21 Février 2014


Le gouvernement norvégien est en négociations avec l’UE concernant sa contribution financière à l’Union. Quelques-uns affirment que le pays contribue trop, à une union dont elle ne fait pas complètement partie. Retour sur une relation particulière.


La reine Sonia de Norvège, le président du Parlement européen Martin Schulz, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, et le roi Harald de Norvège | © EPA
Tous les 5 ans, le gouvernement norvégien négocie avec l’UE sa contribution financière. Les pays AELE (Association européenne de libre échange) la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein ont versé 1,8 billion d’euro pour la période 2009-2014, mais la Norvège a participé à hauteur de 97 % de la somme. Cette contribution financière est utilisée pour réduire les inégalités économiques et sociales au sein de l’EEE (Espace Economique Européen). La majeure partie de cette somme est attribuée aux nouveaux membres de l’union d’Europe centrale et de l’est.

Et pour certains, cette contribution est démesurée quand on prend en compte le fait que la Norvège n’est pas complètement membre de l’organisation. Pour d’autres, la Norvège reste un membre très intégré ce qui justifie sa participation financière. Surtout si l’on compare le budget de l’Etat de 123 billions d’euros à la somme demandée (1,8 billion d’euros).

Deux refus d’adhésion pour un seul pays

La Norvège est le seul pays qui a voté à deux reprises « non » par referendum, sur la question d’adhésion à l’Union européenne. Pour la première fois en 1972, la deuxième en 1994. La question sur l’UE est très contestée en Norvège. Le secteur agricole est terrifié à l’idée que la Norvège intègre l’Union européenne à cause de sa politique agricole. La plupart des Norvégiens reste convaincus que l’Union européenne risque de s’approprier les ressources pétrolières du pays.

En 1994, 52,2 % de l’électorat a voté « non » pour une adhésion norvégienne à l’Union européenne, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de signer des accords : les accords EEE, qui permettent aux pays AELE de s’insérer sur le marché intérieur de l’Union européenne, sans être pourtant membre de l’union. En pratique, la Norvège doit inclure toutes les règles votées par l’Union européenne, environ 6 000 depuis cet accord. Un rapport donné par un comité désigné par le gouvernement norvégien a conclu que la Norvège est à 75% membre de l’Union, un rapport intitulé « en dehors, et à l’intérieur ».

L’Union européenne demande plus

Ne sont pas concernés par les accords EEE les produits agricoles et de la pêche. Pour vendre ces produits sur le marché norvégien, les Européens sont donc obligés de s’acquitter de droits de douane assez élevés. C’est une initiative du gouvernement norvégien pour préserver certains secteurs de son économie. Une conduite que l’on peut appeler protectionniste qui vaut à la Norvège de nombreuses critiques de l’Union européenne. Elle a déjà menacé de sanctionner le pays.

L’Union européenne attend désormais une contribution financière de la part de la Norvège de plus en plus élevée pour les périodes à venir. Pour la première fois, la Norvège compte dans son gouvernement un « ministre contre l’Europe », membre du parti conservateur, qui souhaite mener une politique plus active contre l’Union européenne. Ce qui laisse à penser qu’augmenter la contribution financière de la Norvège ne sera pas une mince affaire pour les Européens. Si la Norvège accepte de donner plus à l’Europe, elle risque d’augmenter ses droits de douanes.

Peu importe l’issue des négociations, il est certain que la relation entre la Norvège et l’Union européenne est très particulière. Étant donné que la Norvège est un des « bons élèves » de l’EEE en incorporant le règlement à temps et en payant leur « facture », le pays est très demandé comme membre de l’union. Mais, l’électorat norvégien est plus que jamais hostile à l’Union européenne.