Valdis Dombrovskis lors de sa conférence à l'université de Lettonie le 2 février 2015. Crédit : Jean-Baptiste Roncari
Le site web officiel de l'Union européenne définit le Conseil de l'Union européenne de la manière suivante : « Le Conseil de l'Union européenne, ou Conseil de l'UE, est l'instance où se réunissent les ministres des gouvernements de chaque pays membre de l'UE pour adopter des actes législatifs et coordonner les politiques. » Même s'il s'agit d'une institution à part entière, elle travaille souvent en étroite collaboration avec la Commission européenne. C'est d'ailleurs pour cela que le vice-président de la Commission a pu présenter les enjeux de son institution et ceux du Conseil lors de la conférence, puisqu'ils travaillent ensemble. Ils se partagent le pouvoir exécutif et législatif. Commission européenne et Conseil de l'Union européenne travaillent donc main dans la main.
Dans ce cas, comment s'organise la présidence du Conseil de l'UE ? Dans le cas présent, ce sont les ministres lettons qui sont sollicités. Lorsque les réunions du Conseil portent sur l'écologie par exemple, c'est le ministre letton de l'écologie qui préside ces réunions et les réflexions du Conseil portant sur l'écologie. Il y a ainsi un président letton pour chaque thème de travail. De façon plus générale, la présidence s'occupe d'organiser les travaux du Conseil, de présider les réunions à tous les niveaux et de représenter le Conseil dans les relations avec les autres institutions de l'UE et au niveau mondial.
Cela ne signifie pas pour autant que la Lettonie dispose des pleins pouvoirs et peut agir comme elle l'entend. En effet, les présidences du Conseil de l'UE fonctionnent par trio afin d'assurer une certaine cohérence politique face à l'avenir. Les axes de travail sont donc peu ou prou les mêmes sur 18 mois puisque chaque présidence dure un semestre. Le trio actuel se compose de l'Italie, de la Lettonie et du Luxembourg. Cela participe également à renforcer les relations entre les pays et à découvrir la diversité politique du salad bowl européen.
Les objectifs principaux du trio actuel sont les suivants : retrouver une stabilité financière, retrouver la croissance dans l'UE, créer de nouveaux emplois, solidifier le marché unique numérique et renforcer le rôle de l'UE sur la scène mondiale. Tous ces thèmes ont été abordés par le vice-président de la Commission lors de son discours. Mais parmi ces nombreux objectifs, trois points-clés du programme sont sensés aider à la relance de la croissance.
Création d'emploi
M. Dombrovskis l'a souligné, il y a « un fort pourcentage de chômeurs en Union européenne, en particulier chez les jeunes ». On atteint ainsi les 10 % de chômage. Les deux extrêmes sont l'Allemagne et la Grèce qui sont respectivement à 4,9 % et 24,9 %. L'un des objectifs principaux pour le Conseil et la Commission est donc de créer de l'emploi tout en luttant contre la pauvreté et l'exclusion. Pour ce faire, l'accent sera mis sur la mobilité, le dialogue social, la création d'emplois de qualité et l'amélioration de l'emploi des jeunes. L'objectif est clairement de sortir de cet état critique nuisible à la compétitivité de l'Union européenne sur la scène internationale. Le Conseil n'hésite d'ailleurs pas à qualifier la situation d'« inquiétante ». Ce que l'ancien Premier Ministre letton ne dément pas lorsqu'il précise que la « promotion de l'emploi est l'une des plus hautes priorités ».
Achever le marché unique numérique
Un autre objectif important du Conseil et de la Commission est de créer un marché unique numérique. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, considère qu'« en créant un marché unique numérique connecté, nous pouvons générer jusqu'à 250 milliards d'euros de croissance supplémentaire. » Mais qu'est-ce qu'un marché unique numérique ? Il s'agit d'abolir les répercussions que peuvent avoir les frontières nationales sur nos objets technologiques. L'exemple le plus parlant est celui du téléphone portable. La Commission et le Conseil considèrent ainsi qu'un citoyen de l'Union européenne doit pouvoir utiliser son téléphone portable dans un autre pays membre à un faible coût. Mais la création d'un marché unique numérique signifie aussi des règles communes quant à la protection des données ou encore la fin des restrictions géographiques sur internet (le geoblocking). Un tel marché, selon Jean-Claude Juncker, permettra en outre de créer « des dizaines de milliers de nouveaux emplois ». Ce projet ambitieux constitue l'un des piliers du programme du trio actuel. Il doit être achevé fin 2015.
Faire disparaître les frontières de l'Union européenne
Objectif affiché depuis toujours de l'Union européenne, la création d'un marché unique, commercial, sans frontières, est aussi l'un des grands projets du Conseil. Ce dernier doit « permettre aux consommateurs et aux entreprises d'acheter et de vendre des biens et des services partout dans l'UE aussi facilement que sur leur marché national, quelle que soit leur nationalité et leur lieu d'établissement ». Le travail consistera surtout à trouver des accords et des terrains d'entente entre les États membres pour répondre aux « problèmes pratiques que les consommateurs et les entreprises rencontrent quotidiennement sur leur marché unique ».
On se rend bien compte que l'abolition des frontières de l'Union européenne, que ce soit à travers la création du marché unique numérique ou du marché unique non numérique, représente l'un des enjeux capitaux du Conseil et de la Commission pour créer de l'emploi et relancer la croissance. La Lettonie, qui succède à l'Italie et précède le Luxembourg, prend donc part à d'ambitieux projets européens à travers cette présidence historique. Membre intermédiaire, elle joue un rôle décisif dans la cohérence du trio actuel. Après avoir accueilli la capitale européenne de la culture en 2014 (Riga), le pays balte voit son influence européenne encore plus renforcée en ce début d'année 2015.