L'UE menacée de désunion

23 Novembre 2012


A Bruxelles, le sommet européen pour le budget de long terme a commencé. Chaque pays vient défendre sa part : l'Europe du sud contre celle du nord, la France contre l'Allemagne et la Grande-Bretagne contre tous.


La bataille du budget de long terme de l'Union européenne est lancée. Le Conseil européen, qui regroupe les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept, s'est réuni hier soir pour tenter de trouver un accord sur le budget 2014 - 2020. Cet accord doit faire l'unanimité et être ensuite validé par le Parlement européen.


Mais dans un contexte de rigueur budgétaire généralisée, la tâche s’avère des plus ardues. Si la Commission européenne a proposé avant l’été la somme de 1060 milliards d’euros pour sept ans, les grands pays, qui financent l’essentiel du budget européen, font pression à la baisse. Déjà, Herman von Rompuy, président du Conseil européen, a avancé le chiffre de 985 milliards d’euros. Encore trop pour le gouvernement britannique de David Cameron.

La Commission européenne semble être prise à son propre piège. Elle, qui volait de pays en pays pour exhorter les gouvernements à mettre en place de drastiques mesures d'austérité, se voit maintenant infliger des restrictions par ces mêmes gouvernements. Preuve, s'il en fallait, que l'austérité conduit à la désintégration du projet européen. 

Chacun veut les avantages de l’UE – en reste-t-il beaucoup ? – sans les inconvénients. Et déjà les coupes budgétaires menacent les étudiants, via le programme d’échange Erasmus, les chômeurs avec le blocage d’une aide de 25 millions d’euros destinée à aider à la formation, à la recherche d'emploi et à l'entrepreneuriat près de 5000 travailleurs licenciés dans sept pays. Ces agissements attisent la défiance et la compétition entre les peuples et discréditent par là-même l’idéal européen. La construction européenne serait-elle arrivée au bout de ses contradictions ? Il semblerait que le projet de paix et de fraternité qui a valu à l’UE le prix Nobel de la paix soit devenu incompatible avec un système économique basé sur une concurrence outrancière. 

Ces querelles à propos de bottes d’oignons – le budget européen représente 1% du PIB de l’UE – sont d’autant plus risibles qu’outre-Atlantique, des pays émergents s’ingénient à mettre en place des relations basées sur la coopération. Ainsi, l’Equateur de Rafael Correa est à l’initiative d’un projet de monnaie commune, le SUCRE, visant à amorcer un développement durable et solidaire en Amérique latine. Un mécanisme original de solidarité prévoit que lorsqu’un des pays participants accumule trop de « sucres », il en réinvestisse une partie dans les pays déficitaires afin de développer des projets satisfaisant les besoins sociaux de la population. 

Les négociations sur le budget européen laissent à voir le triste spectacle de la désunion européenne. Au-delà des interrogations sur l'avenir de la construction européenne, cela pose la question du rôle que les Européens comptent jouer sur la scène internationale. Qu'en est-il du lustre d'antan?



Journaliste spécialiste des questions économiques. En savoir plus sur cet auteur