Jeux du Pacifique, le folklore olympique

21 Juillet 2015


Loin des Jeux Olympiques ou des championnats du monde, les Jeux du Pacifique se déroulent sous le soleil papou dans une ambiance populaire. Les performances sont moindres, ici c’est la découverte de cultures et d’athlètes inconnus qui prend la main.


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Du 3 au 18 juillet, c’est tout le gratin du sport des îles du Pacifique qui s’est donné rendez-vous à Port Moresby, la capitale de Papouasie Nouvelle-Guinée. Il est vrai que l’on ne connaît que très peu les athlètes tahitiens, guamiens ou tongiens. Mis à part le Rugby et certains athlètes de Nouvelle-Calédonie se faisant connaître sous le maillot français, ces sportifs ne sont pas présents au plus haut niveau. C’est tous les quatre ans qu’ils se retrouvent en Océanie pour s’affronter autour de différentes disciplines, comme pour les Jeux Olympiques.
Pendant deux semaines, les athlètes participent à 28 sports différents, soit autant qu’aux JO. Les épreuves diffèrent parfois des disciplines olympiques. Certaines sont spécifiques au continent. Par exemple, on pratique le Va’a, la pirogue polynésienne en lieu et place du Canoë-Kayak. « C'est un sport roi dans la région. Il a été inventé par les Tahitiens qui dominent cette compétition depuis toujours », raconte Erik Dufour, journaliste à Nouvelle-Calédonie 1ère et envoyé spécial pour couvrir les Jeux de cette année. Bien que quelques différences subsistent, les Jeux du Pacifique se veulent similaires dans l’organisation avec son illustre aîné, les Jeux Olympiques. Cérémonie d’ouverture, classement des médailles, hymnes nationaux… Tout y est, à la différence près que la culture et les coutumes locales arrivent au premier plan. « Les Papous ont présenté un spectacle exceptionnel pour la cérémonie d’ouverture, en mettant en avant leurs traditions et les différents aspects culturels de chacune des 22 provinces du pays », s’enthousiasme Erik Dufour. La flamme olympique était un bâton coloré, Tura, la mascotte, était déguisée en Kokomo (ou calao), un animal représentatif du pays hôte, et des sacs traditionnels de Papouasie Nouvelle-Guinée seront transmis aux athlètes médaillés en remplacement des habituels bouquets de fleurs. « Chaque jour sur les sites des compétitions, le protocole des remises de médailles permet d'admirer les tenues traditionnelles du pays, toujours très riches en couleurs et en assemblages de plumes d'oiseaux et de compositions végétales ».
 

Eloigné sur le plan géographique et médiatique

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« Les Jeux du Pacifique sont un grand événement dans la région car ils offrent une des rares opportunités aux pays et nations de ce grand océan de se retrouver. C'est un événement sportif, mais c'est aussi un rassemblement fraternel », explique Erik Dufour. Rencontres, dialogues, enrichissement culturel par le mélange et le partage sont donc les maîtres-mots de ces Jeux. Les Jeux Olympiques, quant à eux, consistent en l’événement sportif le plus populaire au monde. Des millions de supporters affluent autour des stades, des pistes et des piscines de la ville hôte. Les médias sont partout, les places sont chères, les performances de haut vol et le spectacle grandiose. Des différences qui sont évidentes avec les Jeux du Pacifique, qui finalement, ressembleraient plus aux Jeux Olympiques de la jeunesse, médiatiquement parlant du moins. Aux Jeux Olympiques, la Papouasie Nouvelle-Guinée arrive avec une toute petite délégation, ici, elle entend décrocher des titres. « Sur le plan sportif, le niveau des compétitions est régional, bien en deçà des performances réalisées aux JO », continue Erik Dufour. Le niveau des sportifs n’est donc pas le même, bien qu’à titre d’exemple, le vainqueur du 100m nage libre a effectué les deux longueurs du bassin en 50’’63. Un chrono qui est tout à fait honorable. Dans le Pacifique, seule l’Australie a déjà accueilli les Jeux inventés par les Grecs. Loin des sommes astronomiques dépensées par Pékin et Londres, Port Moresby réussit pourtant son organisation. La Papouasie joue de son folklore et de ses traditions pour organiser des jeux à la fois pacifiques, culturels, mais aussi, malgré tout, plus compétitifs qu’ils ne l’ont jamais été.

 

L’Australie et la Nouvelle-Zélande arrivent en renfort

Crédit : Heidi Yieng Kow, Polynésie 1ère
Cette année les Jeux gagnent en intérêt sportif. Pour sa 15e édition, et pour la première fois, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont été invitées. Un changement de taille, étant donné que ces deux nations dominent outrageusement le sport en Océanie. Elles créent de l’engouement et apportent une réelle plus-value pour les performances réalisées. Néanmoins, leur présence reste limitée. Les athlètes de ces deux nations phares ne participent pas à toutes les épreuves et sont moins nombreux qu’aux Jeux Olympiques. Une décision qui a été voulue pour ne pas que les deux mastodontes du continent dominent largement la concurrence. Dans le monde du sport, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des pays habitués aux médailles et victoires, soit l’exact opposé des nations participantes aux Jeux du Pacifique. Les épreuves de taekwondo, d'haltérophilie, de voile et de rugby à VII seront les seules où l’Australie et la Nouvelle-Zélande pourront participer.
 

La Nouvelle-Calédonie sur le toit du Pacifique

C’est en 1963 à Suva, au Fidji, que les premiers Jeux du Pacifique ont été organisés. Mais c’est seulement à partir de 1971 et les Jeux de Papeete à Tahiti que cette compétition sportive s’est jouée tous les quatre ans comme pour les Jeux Olympiques. Au total ce sont 28 sports pour 22 nations participantes. Certaines ne sont d’ailleurs pas indépendantes, comme la Nouvelle-Calédonie qui domine le classement des médailles depuis la création des Jeux. L’île française comptait 777 médailles d’or avant les jeux de cette année, si on dénombre toutes les médailles acquises depuis 1963. Elle devance très largement les Fidji et ses 354 médailles d’or. « La Nouvelle-Calédonie a gagné 12 fois en 14 jeux », rappelle Erik Dufour. D’ailleurs, cette année, parmi les têtes d’affiche, on peut noter la présence de la nageuse calédonienne Lara Grangeon, multiple championne de France et recordwoman de France du 400m 4 nages. Elle a remporté de nombreuses médailles d’or lors de ces Jeux et est désormais surnommée « la reine du Pacifique  » par nos confrères papous.

 


« D'une manière générale, l'ambiance est excellente et détendue sur ces Jeux. Les Papous ont mis d'énormes moyens pour accueillir les pays de la région dans les meilleures conditions, avec des installations sportives flambant neuves. L'aspect sécuritaire de ces Jeux était aussi un gros enjeu dans ce pays de près de 8 millions d'habitants, dont une majorité est très pauvre », développe Erik Dufour. Les peuples des îles d’Océanie restent très attachés à leurs modes de vie et leurs ancêtres. Ils sont fiers de leur passé et ne souhaitent pas indubitablement atteindre un développement industriel très important. Les mentalités sont différentes de l’Occident. Ainsi, organiser des Jeux de qualité devient moins important que de prôner la culture et les us et coutumes de la région. L’objectif est de démontrer que l’on peut faire du sport de haut niveau sans l’ambition d’amener des millions de spectateurs et de disposer d’un immense budget. Les Jeux du Pacifique portent donc bien leur nom. Rendez-vous en 2019 à Nuku’alofa au Tonga, pour la prochaine édition de ces Jeux atypiques.  
 



Diplômé en journalisme et en communication, j'ai toujours aimé écrire et filmer ce que je… En savoir plus sur cet auteur