Crédits -- Reuters
Les relations entre le Japon et ses voisins ne vont pas en s’améliorant. Le 26 décembre, pour célébrer le premier anniversaire de sa prise de fonction, le Premier ministre nippon Shinzo Abe est allé prier au sanctuaire shinto de Yasukumi, à Tokyo. Un geste anodin ? Certainement pas. Au sanctuaire Yasukuni sont honorées les âmes de plus de deux millions de Japonais, civils ou militaires, morts pour la patrie entre 1868 et 1951. La majeure partie de ces victimes sont mortes pendant la Seconde Guerre mondiale ou lors de la guerre russo-japonaise, mais la polémique vient des 14 criminels de guerre de classe A (« crime contre la paix »), jugés après la Seconde Guerre mondiale et qui sont eux aussi honorés dans ce sanctuaire depuis 1978.
Une « insulte insupportable »
Cette visite a provoqué la colère de la Chine et de la Corée du Sud qui voient dans cette initiative une nouvelle provocation de la part de Shinzo Abe. Les premières réactions sont venues de la presse chinoise. Face à cette « insulte insupportable », le quotidien nationaliste China Daily exhorte le pouvoir à prendre des mesures fortes. « La Chine doit prendre des contre-mesures appropriées et même légèrement excessives », écrit également le Global Times, quotidien anglophone du Parti Communiste chinois. L’ambassadeur du Japon à Pékin a d’ailleurs été convoqué jeudi 26 décembre, mais la presse propose d’aller plus loin en mettant Shinzo Abe sur la liste noire des personnes indésirables. Au Japon non plus le geste du Premier ministre ne fait pas l’unanimité et il n’y a guère eu que le quotidien Sankei Shinbun, le plus nationaliste, pour défendre véritablement le dirigeant nippon. « Le sanctuaire shinto du pays apaisé » porte actuellement très mal son nom.
Un lieu controversé
Outre les 14 criminels de guerre, le sanctuaire Yasukuni accueille un musée considéré comme révisionniste par beaucoup d’observateurs et d’historiens. On reproche notamment au musée de passer sous silence le massacre de Nankin survenu lors de la guerre sino-japonaise de 37-45 et où plusieurs dizaines de milliers de civils et de militaires chinois ont été exécutés par l’armée impériale japonaise. En 2008, un documentaire du cinéaste Ying Li sur l’utilisation du sanctuaire par des factions d’extrême droite a fait l’objet de pressions politiques de la part du parti libéral démocrate japonais, et le film n’est finalement sorti que dans une dizaine de salles au Japon.
Symbole du militarisme japonais, Yasukuni est devenu un lieu spirituel controversé et continue de nourrir les tensions entre le Japon et ses voisins. Même si le ministère des Affaires Etrangères japonais a assuré que le geste de Shinzo Abe était d’ordre privé, le mal est déjà fait et chaque sortie du Premier ministre est de plus en plus scrutée par la Chine et la Corée.
Symbole du militarisme japonais, Yasukuni est devenu un lieu spirituel controversé et continue de nourrir les tensions entre le Japon et ses voisins. Même si le ministère des Affaires Etrangères japonais a assuré que le geste de Shinzo Abe était d’ordre privé, le mal est déjà fait et chaque sortie du Premier ministre est de plus en plus scrutée par la Chine et la Corée.
Shinzo Abe coutumier du fait
En mai dernier, Shinzo Abe avait déjà provoqué la colère des Chinois et des Coréens en prenant la pose dans le cockpit d’un avion de chasse flanqué du numéro 731. Si cette suite de chiffre ne vous dit rien, elle est très tristement célèbre en Asie. 731 était le nom d’une unité secrète de l’armée japonaise qui a mené des expériences biologiques sur des cobayes chinois, coréens et russes dans les années qui ont précédées la Seconde Guerre mondiale. Cet épisode a laissé une blessure profonde dans les esprits, et ce d’autant plus que la plupart des membres de l’unité 731 ont échappé à la justice. Refusant de croire à une coïncidence, les journaux sud-coréens avaient alors dénoncé la provocation du dirigeant japonais.
Cette série de dérapages est particulièrement malvenue dans le contexte tendu qui entoure les relations diplomatiques entre le Japon et ses voisins. Les conflits territoriaux autour des îles de mer de Chine orientale sont encore loin d’être terminés, la Chine et le Japon se disputant toujours les îles Senkaku/Diaoyu, en frôlant régulièrement l’incident diplomatique.
Cette série de dérapages est particulièrement malvenue dans le contexte tendu qui entoure les relations diplomatiques entre le Japon et ses voisins. Les conflits territoriaux autour des îles de mer de Chine orientale sont encore loin d’être terminés, la Chine et le Japon se disputant toujours les îles Senkaku/Diaoyu, en frôlant régulièrement l’incident diplomatique.