Jamaïque : le sport au secours de l'économie

16 Juin 2013


La Jamaïque, île qui a vu naître Bob Marley, est connue pour ses médailles olympiques et son célèbre sprinteur, Usain Bolt. Les nombreux titres remportés par les athlètes confèrent à l’île un rayonnement international dont elle pourrait tirer parti.


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L’État insulaire détient en athlétisme plus de succès par habitant que n’importe quel autre pays. Ces réussites pourraient, à l’avenir, être utilisées comme sources de richesse nationale. Aussi, elles pourraient permettre à l’île de se passer des aides des institutions internationales comme le FMI (Fonds Monétaire International). Cette volonté est confirmée par le Premier ministre, Portia Simpson-Miller, qui affiche, depuis sa réélection, l’an dernier, une volonté d’émancipation économique et politique totale.

La Jamaïque, indépendante depuis 1962, est une monarchie constitutionnelle, membre du Commonwealth, ce qui implique que son chef d’État reste la Reine Élisabeth II. Cette « Terre d’Eau et de Bois » comme l’appelaient les indigènes de l’époque précoloniale, est aujourd’hui dépendante des aides du FMI. Ces fonds externes visent à résorber sa dette, laquelle s’élève à 127 % du PIB selon le CIA World Factbook. 

La criminalité plombe le tourisme

La Jamaïque est loin d’être un havre de paix, son taux de criminalité compte parmi les plus forts au monde, avec 40,9 homicides pour 100 000 habitants en 2011 selon l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime.
 
Cette situation ralentit le développement national et le tourisme, une des principales sources de revenus de l’île. Afin de résoudre ce problème, de nombreuses personnalités comme P. J. Patterson, l’ancien Premier ministre, ont souhaité ériger la pratique sportive comme une étape importante de l’essor économique jamaïcain.

Une volonté de tirer parti du secteur sportif

Aujourd’hui, le sport contribue à plus de 2 % du PIB jamaïcain. Le sport constitue un trésor enfoui que l’État se doit de développer selon le rapport du Plan de Développement intitulé « Vision 2030 » publié en 2009 par l’Institut de Planification de la Jamaïque.
Le secteur sportif deviendra à l’avenir une activité commerciale rattachée au tourisme. Plusieurs solutions sont proposées par cette commission pour atteindre cet objectif : la professionnalisation des associations sportives, lier l’industrie et le sport en créant une marque jamaïcaine, etc.

À l’heure actuelle, les trois sports les plus populaires en Jamaïque sont le cricket, hérité des colons et populaire dans l’ensemble de la société, le football avec l’équipe nationale des « Reggae Boyz » révélée au monde lors de la Coupe du Monde 1998, et l’athlétisme avec les têtes de file actuelles ou plus ancienne comme Merlene Ottey, athlète la plus médaillée. 

La jeunesse, coeur de la stratégie

L’héritage britannique a également laissé à la Jamaïque une culture du sport à l’école. Dès leur plus jeune âge, les enfants jamaïcains pratiquent tous les jours des activités sportives dans le cadre scolaire. Cet enseignement sportif est gratuit et développé grâce à des compétitions interscolaires sur toute l’île. Avec plus de 16,5 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté en 2009, avoir une bourse sportive est une chance pour nombre d’enfants d’accéder à l’université et échapper à la criminalité.

Avec 81 % des enfants scolarisés en 2009 selon l’UNICEF, l’école est assez développée en Jamaïque. Dès le primaire, les jeunes essaient d’être sélectionnés dans les meilleurs lycées. Ces élèves se mesurent, au cours du Boys and Girls Athletics Championship (communément appelé « Champs ») créé en 1910 et qui a lieu chaque année. Cette compétition, suivie par 30 000 personnes, réunit les meilleures équipes d’athlétisme des lycées jamaïcains.
Autrefois, les Champs étaient envahis par des superviseurs américains qui venaient dénicher la perle rare pour les emmener dans les universités étasuniennes. Aujourd’hui, les jeunes préfèrent suivre l’exemple d’Usain Bolt et rester en Jamaïque. Favoriser l’entraînement des jeunes talents au pays est l’un des objectifs du gouvernement.
 

Vers la professionnalisation et le développement des infrastructures

Quant au nombre d’entraîneurs certifiés IAAF (la fédération internationale d’athlétisme), il a doublé en quinze ans, passant de cent-cinquante à trois cents. Ceci a permis une professionnalisation des athlètes. En 2002 a été mis en place un nouveau partenariat public-privé. La marque PUMA est devenue le fournisseur de la JAAA (Fédération Jamaïcaine d’Athlétisme) et sponsorise depuis lors les Champs ainsi que des programmes d’athlétisme de sept lycées.
 
Le développement des marques de vêtements et des équipements sportifs, la multiplication de médias qui pourraient diffuser les Champs moyennant finances, la signature de partenariats, la construction d’infrastructures et la formation de spécialistes du sport (comme des psychologues, des médecins ou des managers), sont, selon l’ancien Premier ministre E. Seaga, « un moyen de promouvoir le sport comme agent de développement de la Jamaïque ». 


Par le sport, il serait aussi possible, selon D. Chung, auteur de « Charting Jamaica's Economic And Social Development: A Much Needed Paradigm Shift » d’agir sur le taux de criminalité des plus jeunes à travers l’enseignement de valeurs comme le fairplay.
 

Du cricket colonial au développement de l’athlétisme, le sport appartient à la culture et l’histoire du pays. D’abord influencée par la puissance britannique, la Jamaïque forme aujourd’hui de nombreux sportifs reconnus dans le monde. À la demande du Premier ministre, cette discipline fait désormais l’objet d’un investissement privé dans le but d’en faire une source importante de richesse pour l’État.




étudiante en Science Politique un petit peu partout, sur les bancs et dans la vie. Aimant la… En savoir plus sur cet auteur