Une foule de pèlerins lors des JMJ de Rio en 2013. Crédit worldyouthday.com.
Deux millions de pèlerins et au moins 120 pays représentés selon les estimations des organisateurs. François Ier sera présent lors des prochaines JMJ, comme il est coutume tous les deux ou trois ans, pour rencontrer les fidèles. Au programme, des dialogues, des prières mais aussi des spectacles et des concerts.
Le choix de Cracovie n’est pas anodin. Piotr, futur participant qui s’apprête à accueillir deux pèlerins italiens et habitué à ce type de rencontres, nous explique que 90 % des Polonais sont catholiques, même si beaucoup sont simplement baptisés et pas pratiquants. Symboliquement, Cracovie est la ville où Karol Wojtyła fut archevêque, avant de devenir plus tard pape sous le nom de Jean-Paul II. Karina, coordinatrice principale de deux paroisses dans le diocèse de Gliwice durant ces JMJ, ajoute que Cracovie est la ville d’origine de la sainte Faustine Kowalska. Selon elle, la présence à Cracovie du sanctuaire de la Miséricorde Divine a aussi pu jouer en faveur de la ville.
À droite, le pape François Ier. À gauche, Jean-Paul II. Crédit Muriel Epailly.
Cet événement arrive alors que le pays est depuis maintenant plus d’un an gouverné par Andrzej Duda et le parti populiste ultra-conservateur Droit et Justice (PiS). Les liens entre ce parti et l’Église catholique polonaise sont étroits. Une proximité critiquée par une partie de la population, comme l'affirme Grzegorz, un polonais catholique de 24 ans. L’événement serait une tentative marquant la volonté de l’Église de vouloir devenir « le deuxième pouvoir » du pays. Wiktoria, une jeune étudiante, coupe court à la polémique : « tout a été décidé il y a au moins deux ou trois ans, le gouvernement était alors totalement différent ».
Plusieurs projets d'attentats découverts
Lorsqu’on lui demande si elle compte y prendre part, Klaudia, une autre étudiante, répond que non. « Je voulais y aller mais j’ai abandonné l’idée. Mon frère y va et je suis un peu inquiète ». Ses raisons ? Le risque d’attentat. En mai dernier, un plan d’attaque armée au milieu de la foule par des terroristes islamistes durant les JMJ a été démantelé par les services de renseignements polonais. Quelques semaines plus tard, le plastiqueur de Wroclaw, un étudiant polonais arrêté après avoir déposé une bombe artisanale dans un bus, a déclaré selon RMF FM qu’il préparait un attentat pendant l’événement.
La concentration d’un grand nombre de personnes complique le travail des autorités face au terrorisme. Pour rassurer, le gouvernement a annoncé la présence de 7 000 policiers, 2 000 pompiers ainsi que de 3 000 soldats du GROM, les forces spéciales polonaises. Ce genre de coopération entre policiers et forces spéciales est assez rare dans le pays. À ces mesures s’ajoutent d’importants exercices de sécurité, en prévision des JMJ mais aussi d’autres événements tels que le sommet de l’OTAN qui se tiendra ces 8 et 9 juillet à Varsovie.
Une partie de la population reste confiante et persuadée que le terrorisme ne viendra pas gâcher la fête. Wiktoria raconte que beaucoup considèrent que « la Pologne n’est pas une cible assez intéressante pour les terroristes », bien qu’elle juge personnellement cet argument « naïf ». La Pologne est pourtant impliquée militairement au Moyen-Orient. Le pays avait participé aux opérations en Afghanistan dès 2002. Le gouvernement a par ailleurs annoncé le 18 juin dernier l’envoi de contingents pour soutenir la coalition dans la lutte contre l’État islamique.
« Abandonner nos vies normales ? Bien sûr que non ! »
Malgré la menace, Karina relativise : « quand on organise des événements de masse, surtout religieux, il y a toujours beaucoup de polémiques ». L’événement dépasse d’ailleurs très certainement le simple champ du religieux. Une grande partie des Polonais le considèrent d’abord comme un moyen de promouvoir le pays et sa culture à l’international. Pour une semaine, les regards du monde entier seront tournés vers ce pays à propos duquel « il y a beaucoup de stéréotypes » précise Grzegorz. Une occasion à saisir donc, pour toute la Pologne et non pas seulement pour sa communauté catholique.
Piotr se veut rassurant : « nous vivons à une époque où nulle part n’est sûr. Est-ce que cela signifie que nous devons abandonner nos vies normales ? Bien sûr que non ! Au contraire, les JMJ sont une opportunité de rappeler de […] s’aimer les uns les autres et de vivre en paix. C’est la seule manière de faire face au terrorisme et à la vision terrifiante de devenir esclaves de nos peurs ».