Islande, Rock 'n' Fjord

10 Avril 2013


Le festival commence bien avant d'arriver sur place. L'étendue et l'immensité des paysages accompagnant les sept heures de route depuis Akureyri sont à elles-seules artistiques et peuvent être considérées comme la première partie de cet événement pour le moins atypique. Ísafjörður étant également à six heures de Reykjavik, cet isolement semble adéquat pour vivre une expérience unique.


Fjallabræður | Crédits photo — Anthony Manzi
Avec ses 2 800 habitants, Ísafjörður est la plus grande ville de l'ouest. A cette période de l'année, les paysages restent partiellement blancs, illuminés par un soleil qui est le bienvenu pour rehausser des températures encore négatives à ce moment de l'année.

Malgré sa taille, la ville de l'actuel président islandais est culturellement très importante pour le pays. On défend fièrement que la musique islandaise ne vit pas qu'à Reykjavik. Le nom du festival, « Aldrei fór ég suður » (Je ne suis jamais allé au Sud), créé en 2002, démontre bien cette fierté de ne pas céder aux sirènes de la capitale pour exister. Quelques célèbres artistes tels que Mugison ou Monsters and Men, actuellement en tournée dans toute l'Europe, sont en effet originaires d'Ísafjörður.

Mugison | Crédits photo — Anthony Manzi
C'est d'ailleurs Mugison et son père qui sont à l'origine de ce festival annuel. L'une des plus importantes figures de la scène islandaise a créé cet événement avec des règles assez originales. Le festival est et restera intégralement gratuit. Chaque artiste a 20 minutes sur scène. Pas une de moins, pas une de plus. Aucune répétition ou arrangement sonore ne sont faits avant les performances. Personne ne connaît l'ordre dans lequel les artistes joueront jusqu'à 10 minutes avant le début des concerts.

En raison de la configuration spécifique du festival et de sa gratuité, les moyens restent modestes. Les concerts se tiennent tous sur une seule et même scène, présente au sein d'une petite usine ouverte sur l'extérieur et aménagée spécialement pour l’événement une fois par an.

Cette année, 25 artistes se partagent la scène le temps de deux soirées, de 18h à minuit. Au programme, beaucoup de jeunes talents islandais mais aussi quelques tauliers tels que Mugison, jouant son rôle d'hôte, Valdimar, dont la célébrité s’accroît de jour en jour en Islande ou encore Bubbi Morthens, LA rock-star du pays.

Mugison débute donc le vendredi à 18h et sait comment lancer son festival. Accompagné de musiciens talentueux dont son guitariste aux solos ravageurs, ses 20 minutes de scène suffisent à réchauffer le millier de spectateurs. Le public en fait son favori, le native d'Ísafjörður aime sa ville et elle le lui rend bien. Il sort sous un tonnerre d'applaudissements après avoir joué quelques classiques de son répertoire, dont la balade « Stingum Af ».

S'en suit quelques artistes talentueux qui s’enchaînent parfois un peu trop vite pour imprégner l'atmosphère de chaque groupe, mais le rythme imposé permet au public de ne jamais s'ennuyer et surtout de donner sa chance à de nombreux musiciens.

Malgré une ambiance traditionnellement Rock, Ragga Gísla, accompagné par la chorale de la ville, nommée Fjallabræður, nous offre un moment particulier, lorsque sa puissante voix mêlée à celle des cœurs résonnent dans le creux du fjord bordant la scène.

Ylja | Crédits photo — Anthony Manzi
L'arrivée de Bubbi Morthens restera probablement l'un des moments les plus mémorable de cette édition. Du haut de ses 56 ans, la légende du rock islandais n'a pas perdu de sa superbe. Son énergie et ses solos ont électrisé un public ayant à supporter le froid devenant de plus en plus persistant au long de la soirée.

Valdimar clôture pour minuit cette première soirée réussite. L'un des groupes du moment en Islande a offert à Ísafjörður une belle performance, où sa riche musique et ses sons aériens sont parfaits pour dire bonne nuit à toute la ville.

Le lendemain, la programmation étant un peu moins prestigieuse, c'était le moment de découvrir quelques groupes inconnus. Les jeunes filles de Samaris, âgées de 16 et 18 ans, nous offrent une prestation rafraîchissante à coup de clarinettes et de chants psychédéliques. Les sonorités électroniques lourdes et intenses accompagnent parfaitement la musique offerte par ce jeune groupe. Le public ne s'y trompe pas, la plupart sont bluffés et considèrent ces jeunes Islandaises comme l'une des plus belles découvertes de cette édition.

Obja Rasta, plus tard dans la soirée, ajoute une touche reggae au festival. Sa musique est entraînante et la scène occupée par un nombre important de personnages atypiques, pas tous musiciens, avait vraiment des airs de fêtes.

Minuit approche, il est donc l'heure pour Jónas Sigurðsson de clôturer cette édition 2013 avec une musique festive, agréée de trompettes, tambours et d'un clavier aux solos efficaces. Son groupe de six musiciens l'accompagne avec brio et offrent au public une dernière occasion de célébrer l'amour de la musique islandaise.

Musique qui finalement cesse après deux soirées au rythme de folie. Le festival est une réussite, le public, principalement islandais, de tout âge, est ravi. Ce festival atypique démontre bien à quel point la scène islandaise n'est pas présente que sur la capitale et que le festival a un bel avenir devant lui. Mugison peut donc être satisfait et déjà se tourner vers l'organisation de l'édition 2014...



Etudiant en Master Media Studies à l'Université d'Akureyri, au nord de l'Islande. Diplômé d'une… En savoir plus sur cet auteur