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Il semble loin, le temps où, en novembre 2012, Guido Westerwelle, ministre allemand des Affaires étrangères, et son homologue Laurent Fabius publiaient une tribune dans Le Figaro pour appeler au « déploiement et à l’engagement d’une force internationale au Mali. » L’Allemagne, qui avait déjà refusé de prendre part à l’intervention franco-britannique en Libye en 2011, ne s’est en effet pas engagée aux côtés de son allié, bien qu’elle reconnaisse les fondements de son action.
L’Afrique, un pré carré français
« L’Allemagne est très active militairement à d’autres endroits, comme par exemple en Afghanistan ou au Kosovo, où d’autres pays ne sont pas aussi actifs. », s’est justifiée Angela Merkel. La chancelière a ajouté au cours d’un débat télévisé avec François Hollande : « Nous ne pouvons pas aller vers de nouvelles rives, là où nous n’avons aucune compétence. » Pourtant, l’Allemagne est le premier pays à avoir reconnu le Mali en 1960. Sa quasi-absence de passé colonial pourrait de plus lui permettre de jouer les intermédiaires.
« Il est clair pour nous qu’une intervention militaire ne peut être que le début d’un long processus qui est à la fois politique, sécuritaire, religieux et social. », a rappelé le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizières, à l’occasion de la 49ème conférence sur la sécurité. Alors que l’Allemagne se voit davantage comme une puissance civile et économique, les décisions militaires sont délicates et passent par une ratification au Parlement. Il est nécessaire d’ajouter à cela que l’armée allemande est réputée sous-financée et à bout de souffle.
Une aide logistique et politique
La République fédérale étant en pleine année électorale, la CDU d’Angela Merkel, qui n’a pas la mémoire courte, s’interdit de jouer les va-t-en-guerre sous peine de perdre son électorat. Le gouvernement allemand a tout de même mis à disposition de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) deux avions de transport de troupes Transall. Une aide humanitaire d’un million d’euros a également été annoncée pour les réfugiés dans les pays voisins du Mali.
Angela Merkel n’exclut pas d’aider davantage la France et a promis le 21 janvier d’évaluer à chaque étape les possibilités de son pays. Alors que l’objectif officiel de l’intervention lancée le 11 janvier était d’empêcher la progression vers Bamako de terroristes qui souhaitaient prendre le contrôle du Mali, certains observateurs allemands craignent des intérêts cachés du côté français.