Inde : la peine de mort en question

27 Décembre 2012


Un viol collectif à Delhi remet le sujet de la peine de mort sur le tapis. L’organisation People’s Watch intervient sous l’égide de l’ONU pour développer les droits de l’Homme. Face à ce drame, elle prend position sur la peine de mort.


Comme tous les matins, le département du « Human Right Intervention and Monitoring » lit la presse attentivement ; très vite, s’ensuivent les plaintes aux gouvernements et le contrôle de la transparence de différentes organisations nationales et internationales. Mardi matin, l’organisation a dû traiter d’un cas difficile : une jeune femme a été violée par un chauffeur de bus privé et « ses compagnons de voyage », alors qu’elle était en présence de son petit ami. Elle est toujours dans une situation critique, sous respirateur artificiel. Le jeune homme a lui aussi été violemment brutalisé. 

Comment une organisation internationale doit-elle réagir face à un tel cas ? Se porter à la fois avocat de la défense et de l’attaque mais envers les Etats ? Les confronter aux deux angles en leur proposant des mesures qu’ils choisiront d’appliquer ? Ou pas. 

Henry Tiphagne, directeur exécutif de People’s Watch, a travaillé avec quelques professeurs du Lady Doak College of Madurai sur les possibles manières d’enseigner les droits de l’homme. Il a demandé à chacun de prendre position. La moitié des personnes présentes ont préféré donner un point de vue relativement conservateur sur la question. Considérant, en effet, que pour que de tels actes ne se reproduisent pas, la pendaison était le meilleur moyen, des femmes ont rouvert la question de la peine de mort, encore appliquée en Inde. 

Ces discussions sont devenues obligatoires, en accord avec l’intérêt des Nations Unies autour de la question de la sécurité. 

Le simple fait d’être en faveur de la peine de mort viole l’un des principes fondamentaux de l’institution : le droit à la vie. « Personne ne devrait pouvoir prendre la vie de quelqu’un. Si quelqu’un est incapable de comprendre cela, il ne devrait pas être un défenseur des droits de l’homme » a insisté Henry Tiphagne, reprenant l’argumentation de Robert Badinter. 

L’Inde, fondamentalement croyante, a une foi indéfectible ; dans chacune des religions qui la compose, le principe de “tendre l’autre joue” ou la question du pardon est abordée. Bien sûr, les criminels doivent être punis, bien entendu leurs actes immoraux sont indéfendables mais a-t-on réellement le droit de devenir meurtrier nous-mêmes en décidant de les assassiner ? « Que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre » fut l’argument d’une partisane de l’abolition de cet acte, souvent jugé « immoral ». 

Les autres ont préféré répéter les propos du New Indian Express : « L’Inde pleure pour une vraie justice » et usant d’arguments tels que « les psychopathes n’ont pas à être soignés, les pendre épurerait enfin notre société » ou bien « l’avortement est un crime également ici en Inde, les futures mères qui tuent leurs innocents enfants et sont contre la peine de mort devraient être elles-mêmes envoyées à l’Asile ». Autant dire que le progressisme indien relève en ce moment même de la négation absolue des droits humains. 



Etudiante en sciences politiques à l'Université Lyon 2 et ayant la chance de passer un an en Inde,… En savoir plus sur cet auteur