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La semaine dernière, le Premier ministre a décidé d’imposer une politique ultra-sécuritaire par des mesures qui font l’objet de vifs débats au sein de la population.
A l’heure où le destin tragique de milliers de migrants émeut le monde entier et alors que l’Indonésie fait face à l’indignation internationale sur le sort de ses condamnés à mort, le gouvernement hongrois a décidé de lutter contre l’immigration, posée comme source principale des crimes qui menacent la population.
Un milliard de forints, soit près de trois millions d'euros, c’est la somme qui sera allouée à la conception, la publication et l’envoi de questionnaires à tous les foyers hongrois. Le contenu du questionnaire a fuité dans les médias hongrois, qui ont ainsi pu révéler la teneur des douze questions posées à la population.
Questionnaire du gouvernement - crédit DR
Environ huit millions de formulaires, sobrement intitulés « Consultation nationale sur l’immigration et le terrorisme », seront distribués au cours du mois de mai prochain. Les citoyens hongrois pourront ainsi se prononcer sur leur vision de l’immigration, du terrorisme et des mesures à prendre pour renforcer leur sécurité. Pour cela, le gouvernement leur propose pas moins de douze questions auxquelles il s’agit de répondre par des propositions pré-rédigées.
Enfermés ou expulsés, aucun cadeau ne sera fait aux immigrés
Le porte-parole du gouvernement, Zoltan Kovacs, a décrit le procédé en termes simples : « Nous demanderons aux gens s'ils préfèrent que les immigrants clandestins soient mis aux arrêts, ou s'il faut les expulser immédiatement ».
Et c’est exactement ce qui est proposé tout au long du questionnaire. Les questions sont rhétoriques et simplistes. Elles ne prennent en compte ni l’Histoire de la Hongrie, ni la conjoncture économique actuelle. Seule la peur et le repli sur soi sont proposés. Les principaux opposants à ce questionnaires appellent le gouvernement de Viktor Orbán à se souvenir qu'en 1956, 200 000 Hongrois ont fui leur pays à travers toute l’Europe. A ce moment-là, c’étaient eux qui revêtaient le rôle d’immigrés et les Etats d’accueil n’ont pas regretté de les soutenir et de les intégrer dans la société.
Pourtant, le gouvernement décide de faire table rase du passé en proposant au peuple hongrois des mesures-choc pour lutter contre l’immigration, qu’il insère peu à peu dans l’esprit des citoyens comme la cause du terrorisme.
Selon le gouvernement, la sécurité des citoyens passe par des mesures fermes
Qui sont les individus visés par le questionnaire ? En Hongrie, la majorité des immigrés viennent du Kosovo, du Pakistan et d’Afghanistan. On trouve aussi des réfugiés originaires du Moyen-Orient qui traversent le pays en direction de l’Ouest.
La co-présidente du Comité Helsinki hongrois, Marta Pardavi, s’est indignée d’une telle initiative : « Quelle sorte de travail forcé le gouvernement hongrois veut-il imposer aux enfants afghans violés, aux membres de l’opposition iranienne torturés ou aux réfugiés syriens dont la famille a été tuée ? »
Le questionnaire est-il pertinent pour s’assurer de la protection des citoyens hongrois ? Viktor Orbán est formel, « Rien n’arrête la Hongrie quand il s’agit de protéger ses citoyens » a-t-il déclaré.
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La question de la menace qui pèse sur les Hongrois s’est posée après le meurtre, la semaine dernière, d’une femme dans le Sud de la Hongrie. Ce fut l’occasion pour le Premier ministre d’appeler les Hongrois à réfléchir à un rétablissement éventuel de la peine capitale.
Le rétablissement de la peine de mort posé comme un instrument de la lutte antiterroriste
C’est à la chute de l’URSS que fut abolie la peine de mort. Par la suite, c’est le parti de Viktor Orbán lui-même qui avait fait campagne sur l’entrée de l’Etat dans l’Union européenne, prônant ainsi la défense des valeurs démocratique qu’il critique aujourd’hui.
Cette semaine, il oublie la Charte des droits fondamentaux pour déclarer que « la peine de mort doit être débattue par les Hongrois ». Propos vivement critiqués par le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Pour Viktor Orbán, le peuple hongrois n’a pas eu la possibilité de décider lui-même de l’abolition de la peine de mort, c’est pourquoi il est essentiel qu’il soit consulté aujourd’hui sur la question. Il considère que c’est un sujet qui ne peut être imposé d’en haut, c'est-à-dire par l’Europe, et pour lequel les citoyens hongrois ont le droit de choisir.
En attendant que le questionnaire soit officiellement diffusé en mai prochain, les hongrois auront donc le loisir de débattre ensemble sur les propositions de leur Premier ministre, tout en gardant à l’esprit qu’en se maintenant sur cette pente, le gouvernement risque de se voir infliger un certain nombre de sanctions, avec notamment la perte de son droit de vote dans les conseils européens et, peut-être à terme, l’arrêt des subventions dont il bénéficie depuis son entrée dans l’Union pour ses projets nationaux de modernisation du pays.