L'armée ukrainienne coupe une route vers Sloviansk - Crédits Sasha Maksymenko
Durant l’année dernière, le gouvernement Obama a envoyé plus de 61 millions de dollars pour l'aide humanitaire à Kiev, et a promis 18 millions de dollars d’aides supplémentaires au 27 mai. Le pourcentage précis de cet aide sous forme d’armes n’a pas été dévoilé, malgré le fait qu’un nombre important de Humvees ait été identifié dans l’Est de l’Ukraine où les tensions sont fortes. Des spéculations font rage quant à la signature d’un marché d’armements entre Poroshenko, l’actuel président de l’Ukraine avec les Émirats arabes unis à l’IDEX 2015.
Les conseillers du gouvernement américain ont prié leur président de ne plus envoyer d’aides supplémentaires sous forme d’armes aux forces de Kiev. Ces avertissements sont le fruit des peurs que le Kremlin n’ait la capacité de rapidement pallier et excéder l’afflux d’armes américaines, en approvisionnant en armes les séparatistes de Lugansk et Donetsk directement par la frontière russe. Ces craintes sont d’autant plus prégnantes que la Russie possède d’importants stocks d’armes à la frontière, datant de la chute de l’URSS.
Le manque de circulation de l’information hors de l’Ukraine, ainsi que les limites portées à l’entrée de journalistes étrangers dans les régions de l’Est compliquent la tâche aux organisations, dont l’OSCE, pour cerner la situation sur place. Il a été néanmoins confirmé que le cessez-le-feu annoncé en février dernier a été violé 37 fois dans les 24 heures qui ont suivi. L’approvisionnement des forces de Kiev en armes a alors été vu comme une des solutions les plus viables au conflit. Des préoccupations ont malgré tout émergé quant à l’efficacité d’approvisionner en armes certaines factions spécifiques, en vue de mieux imposer la paix.
Au regard de l’Histoire, les tentatives des Nations unies de renforcement de la paix par l’envoi d’assistance militaire à des régions spécifiques ont été très décevantes. La mission des Nations unies en Somalie, menée par les États-Unis en 1992, (UNISOM) est souvent citée comme un des plus grands échecs diplomatiques de notre époque. La mission UNPROFOR, elle, est toujours en place, assistant les gouvernements de Bosnie et du Kosovo dans le renforcement de la paix dans la région. Même si ce n’est pas l’approvisionnement en armes et forces militaires en Somalie ou Bosnie qui a directement contribué à l'aggravation de ces crises, cette option n’aide que peu à l’amélioration de la situation.
La question reste que si les gouvernements occidentaux décident d’approvisionner les forces de Kiev en assistance militaire, seront-ils capables de gérer le potentiel échec de cette politique ? Même si la Russie n’interprète pas cela comme une agression directe, un appel à la guerre, cette violation évidente des accords de cessez-le-feu par les deux parties fait qu’une résolution à court terme du conflit n’est pas envisageable. Le manque de ressources, doublé du pouvoir de veto de la Russie, font qu’une mission de consolidation de paix envoyée en Ukraine serait peu probable. Le président de l’Ukraine Poroshenko a répété ses appels au déploiement de forces de l’Union européenne dans la région orientale de l’Ukraine, après les échecs cuisants à Debaltsevo et Donetsk. Cette demande a été constamment refusée.
Malgré le fait qu’ait été accordé un statut spécial à Lugansk et Donetsk après la dernière élection, le conflit est en constante escalade avec des bombardements et des violences régulières dans la région.
Actuellement, il est peu probable que les gouvernements, excepté les Émirats arabes unis, s’engagent ouvertement à fournir des hommes ou des armes à Kiev. Cette guerre hybride de guérilla continue de faire débat, avec le passage d’armes à travers les frontières de l’Ukraine et une diplomatie relativement faible mise en place dès que possible. Il sera du ressort individuel de chaque gouvernement de faire le prochain mouvement clé du conflit. Jusque-là, le futur de l’Ukraine reste divisé et instable.