Tôt un matin, dans une grande salle, la musique qui s'élève, une jeune fille répète avec application les pas sur le sol, sous les yeux de son entraîneuse. La scène ressemble à un cours de danse ordinaire, si ce n'est que la danseuse est handicapée.
Elles se sont trouvées dans le centre de réabilitation des handicapés : Glafira, professeur de danse moderne et Olga, handicapée moteur depuis un accident de voiture en 2001. En regardant cette fille, pleine de vie et d’énergie, on a du mal à croire qu’elle est incapable de marcher ; c’est encore plus difficile de réaliser qu’elle peut danser !
"Je suis venue enseigner dans ce centre pour élargir mes notions de choréographie moderne et pour croire en l'impossible, raconte Glafira. Je suis tombée sur une vidéo de danse sportive en chaises roulantes. Au bout de la vingtième vidéo, je me suis dit : ça serait bien de rencontrer une personne qui n’ait pas peur de danser sans la chaise... Et puis j’ai vu Olga !". C'est sans mots que les deux femmes se sont comprises. La professeure a fait tomber Olga de sa chaise et elles se sont toutes deux mises à danser. "Personne ne pensait que ça pourrait marcher. Sauf nous !"
Il s’est trouvé qu’elles avaient raison. Aujourd’hui, on voit ce duo inattendu présenter leurs danses dans le cadre de différents festivals, et pas uniquement ceux pour les handicapés. Elles ont récemment pris part au festival international de danse moderne Na grani ("A la limite"). Elles ont présenté leur choréographie du nom de "Il n’y a pas de gens de trop". Leur crédo est simple : les gens sont égaux, quel que soit le moyen par lequel ils sont montés sur la scène, par eux-mêmes, ou en surmontant les barrières des stéréotypes.
"Quand je danse, je me sens très vivante, heureuse et courageuse", s'émeut Olga. Gagné par l'enthousiasme de cette jeune fille, privée de certaines capacités mais dotée d'autres ressources, on commence à croire que tout est possible.