© Jane Hahn
Le camp de Gambaga, au nord du Ghana, est aujourd’hui tristement célèbre. Médiatisé par le documentaire « Witches of Gambaga » (Yaba Badoe), il accueille des centaines de femmes accusées de sorcellerie. Elles vivent de manière précaire dans des huttes spartiates, sans accès à l’électricité et à l’eau courante. Souvent âgées, elles doivent travailler pour le chef du village, qui bénéficie ainsi d’esclaves volontaires.
Les accusations de sorcellerie sont bien souvent motivées par la jalousie. Les femmes qui ne vivent pas selon les codes de leur communauté sont les premières visées. Femmes d’affaire, veuves dont les biens sont convoités par la famille du défunt, personnes âgées devenues un fardeau pour leurs proches, femmes souffrant de troubles psychiatriques… toutes sont pointées du doigt, et condamnées par des rituels. Les hommes sont moins touchés par ces persécutions : on dénombre 188 femmes pour 41 hommes dans le camp de Ngani.
Ces pratiques persistent depuis plus d’un siècle. A l’époque, les chefs isolaient les présumées sorcières afin de protéger le reste du village. Aujourd’hui, il s’agit de camps d’exorcisme. Les « sorcières » condamnées ne pourront pour la plupart jamais retourner dans leur village natal, où la lapidation et la marginalisation les guettent.
Le Ghana est connu pour sa politique progressiste. Une réputation qui risque d’être entachée par l’existence de ces camps, dont la majorité se trouve dans le nord du pays, plus pauvre et moins alphabétisé. La solution ne semble pas résider dans la fermeture immédiate des camps, mais plutôt dans un changement des mentalités.