Tesekurlar Adalar
Crédit Alice Quistrebert
En cette fin de mois d'août, difficile d'échapper au visage d'Erdogan dans les rues stambouliotes. Des affiches "Merci aux îles" fleurissent dans les quartiers. La campagne présidentielle a pourtant pris fin il y a un certain temps, mais Reçep Tayip Erdogan, premier président élu au suffrage universel direct, a tenu à remercier ses électeurs. Maire d'Istanbul, Premier ministre et désormais président, son élection dès le premier tour l'a pour certains transformé en "nouveau sultan".
Dyslexiques, les Turcs ?
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Derrière ses consonances orientales, la langue turque cache en vérité d'importants emprunts à la langue de Molière. En déambulant à Istanbul, on tombe avec surprise sur des mots déguisés : "fotokopi", "ketçup" ou "ferforje". Aujourd'hui encore, le français est la langue de la bourgeoisie, et les lycées français de Galatasaray ou de Saint-Benoît comptent parmi les plus prestigieux de la ville.
Violoniste à Kadiköy
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Kadiköy est situé sur la rive asiatique et fait aujourd'hui figure de quartier "bobo". Quelques drapeaux arc-en-ciel côtoient marteaux et faucilles tagués sur les poubelles. Des autocollants "Gezi" ornent les poteaux, rappel des manifestations qui ont secoué Istanbul au printemps 2013. Au-delà des revendications écologistes (faisant suite à l'annonce du gouvernement de construire un énième centre commercial là où subsiste l'un des derniers parcs de la ville), le "printemps turc" a mis à jour des plaies plus profondes : dénonciation du tournant rigoriste et conservateur pris par le gouvernement, répression de la minorité religieuse alévi, conditions de la liberté de presse...
Entre deux continents
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A Istanbul, le bateau est un moyen de transport à part entière : impossible de faire autrement dans une ville à cheval sur deux continents. En dépit de l'ouverture récente d'une ligne de métro passant sous le Bosphore, les "vapurs" continuent de sillonner le détroit. On comprend pourquoi une fois à bord, car prendre le bateau est une institution à part entière : les vendeurs de "çay" (thé) arpentent les allées chargés de plateaux et les passagers trompent l'ennui en jetant des miettes de leur simit (petit pain turc) aux mouettes. Chaque jour, près d'un million de passagers enjambent ainsi le détroit.
Tramway vers Taksim
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Istiklak, 19h. La plus grande avenue d'Istanbul est noire de monde. Les fast-food côtoient les grandes marques occidentales, faisant oublier un instant les appels à la prière et les mosquées majestueuses. Et puis le vieux tramway rouge (l'un des derniers encore en circulation) se fraye un chemin dans la foule, la tradition se frotte à la modernité.
Récréation
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Moment volé à Büyükadar. Un peu à l'écart, une femme vêtue d'un hijab noir fait de la balançoire. Peut-être est-elle une vacancière venue des Emirats voisins à l'instar des très nombreux touristes qui visitent les îles des Princes. En Turquie, le voile et le hijab sont portés par environ 60% des femmes. Depuis 2013, la loi qui interdisait le port du voile dans la fonction publique au nom de la laïcité a été levée ; on peut aujourd'hui voir des femmes voilées au Parlement ou dans les salles de classe.
La Mosquée Bleue
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La Constitution turque déclare que la Turquie est un Etat laïc, mais ses habitants sont musulmans à près de 90%. Depuis la proclamation de la république en 1920, la tradition religieuse a débordé bien au-delà du cadre privé et d'aucuns taxent la politique menée par le gouvernement d'Erdogan de conservatrice. Les cartes d'identité font mention de la religion, les "Inch Allah" (si Dieu le veut) ponctuent les discours officiels et un ministère du culte islamique a été mis en place. Récemment, des grues sont apparues à l'horizon, elles annoncent le début du grand projet d'Erdogan : dépasser les sultans de l'âge d'or ottoman, Soliman le Magnifique et Mehmet le Conquérant, en construisant en 2014 la plus grande mosquée de Turquie.
Istanbul Modern : le Pompidou turc
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Parce que la tradition picturale musulmane interdit la représentation humaine en peinture, l'art turc n'a véritablement pris son essor qu'au XXème siècle. Au-delà de la peinture, l'art au sens large est aujourd'hui célébré dans la capitale : élue capitale européenne de la culture en 2010, Istanbul abrite aujourd'hui un ambitieux musée d'art moderne ainsi qu'une prestigieuse biennale d'art contemporain.
Le petit sultan
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Il n'est pas rare de voir à Istanbul des jeunes garçons déguisés en sultan, à grand renfort de turbans à plumes et d'épées en plastique. Caprices d'enfants ? Il s'agit en fait d'une cérémonie rituelle : à l'âge de six ou sept ans, les petits musulmans se font souvent circoncirent. L'opération donne lieu à une fête où les déguisements et les cadeaux célèbrent l'entrée dans l'âge adulte.