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Oubliés Cannes, Sundance, Deauville et la Mostra. Le temps d’une semaine, Lyon, berceau du cinématographe Lumière, est le centre des attentions. Créé en 2009 par Thierry Frémaux, également directeur du Festival de Cannes, et Bertrand Tavernier, cinéaste et véritable encyclopédie cinématographique vivante, le Festival Lumière récompense un cinéaste ou un acteur qui a particulièrement marqué le 7ème art de son empreinte. Après Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu, Ken Loach, Quentin Tarantino et Pedro Almodovar, c’est Martin Scorsese qui a reçu le Prix Lumière des mains de Salma Hayek. Un festival de patrimoine, sans compétition ni avant-première marquante, un festival familial, authentique et accessible à tous. Voilà l’esprit des frères Lumière, un festival pour les cinéphiles par les cinéphiles.
Un festival unique au monde
« Nous échapper de l’actualité, de la dictature du présent », c’est par ces mots que Thierry Frémaux décrit Lumière. Diffusant plus de 140 films pendant une semaine, allant des années 30 jusqu’à nos jours, Lyon fait la part belle aux œuvres restaurées, aux hommages et aux rétrospectives, plongeant les cinéphiles dans l’histoire du cinéma. La force première de cet événement c’est l’éclectisme de sa programmation, qui plaît autant aux néophytes qu’aux cinéphiles. Cette année, Julien Duvivier, le cinéma mexicain, Akira Kurosawa, Gaumont et Pixar faisaient notamment l’objet d’un traitement particulier. L’occasion pour le public de revoir des films comme Toy Story ou La Folie des Grandeurs sur grand écran mais aussi de découvrir les plus confidentiels Battement de cœur ou Maison de Rendez-vous. C’est aussi le seul festival où vous pourrez aborder Madds Mikkelsen fumant tranquillement au Village, le cœur du festival, manger à côté de John Lasseter, la légende de l’animation, et danser avec Bérénice Béjo le soir, sans strass ni paillettes. Année après année, le succès de ce festival ne se dément pas, les salles obscures sont combles et pour preuve, les places pour la remise du Prix Lumière à Martin Scorsese se sont vendues en moins d’une minute.
Un événement qui manque de reconnaissance
Lumière pourrait se présenter comme le prolongement de Cannes Classics, section spéciale du plus célèbre festival de la planète dédiée aux grands classiques du cinéma créée en 2004. Thierry Frémaux profite d’ailleurs de sa position de directeur du festival cannois pour attirer dans ses filets les cinéastes et acteurs les plus reconnus de leur génération le temps d’une semaine dans la capitale des Gaules. Les sept Prix Lumière décernés depuis 2009 ont tous récompensé un cinéaste hors pair mais les guest-stars d’envergure internationale se font rares. Robert De Niro et Leonardo DiCaprio, acteurs fétiches de Scorsese, n’ont ainsi pu se rendre à Lyon pour remettre le prix à « Marty », lors d’une cérémonie enthousiaste mais qui manquait d’émotion. Même cas de figure l’an dernier pour Pedro Almodovar, où Pénélope Cruz s’est contentée d’un message de félicitations à l’adresse de son réalisateur favori. Bien que très présents, les médias nationaux ne font pas de ce festival un événement de premier plan, et les médias étrangers se font rares. Cette année encore, l’exposition consacrée à Scorsese à la Cinémathèque de Paris a eu une portée médiatique bien plus importante que le Festival Lumière, où il était récompensé pour « sa cinéphilie généreuse et son inlassable combat en faveur de la sauvegarde du cinéma du passé ».
À l’équipe de l’institut Lumière de travailler désormais pour continuer à faire grandir ce festival tout en gardant son essence de « festival pour tous », et gagner sa place d’événement incontournable pour les cinéphiles, après trois années exceptionnelles marquées par les venues de Tarantino, Almodovar et Scorsese, réalisateurs à la fois populaires et cinéphiles.