Crédit DR
Les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et le Royaume n’ont fait que croître ces dernières années. Il y a tout d’abord eu le soutien indirect de la première puissance mondiale au Printemps Arabe dès fin 2010/début 2011, puis la destitution l’été dernier en Egypte de Mohammed Morsi, président islamiste proche du Royaume sunnite. Enfin, l’Arabie Saoudite n’a cessé d’empresser son allié américain d'intervenir contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie, sans obtenir de réponse satisfaisante.
Mais ce qui a le plus inquiété le roi Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud, 89 ans, et son prince héritier Salman, est le récent rapprochement diplomatique entre le plus fidèle allié occidental et l’ennemi de la région, l’Iran. En novembre 2013, un accord a d’ailleurs été trouvé avec la république islamique sur le nucléaire iranien, avec un gel partiel du programme atomique en échange d’un allègement des sanctions en vigueur contre le pays. L’Arabie saoudite, sunnite, craint une domination de la république islamique chiite dans la région. Domination qui pourrait s’étendre jusque dans la province orientale du Royaume, où vit une minorité chiite.
Un mécontentement de plus en plus pesant
L’Arabie Saoudite a tenu à informer l’administration Obama de son mécontentement, et ce de plusieurs manières. Les relations privilégiées qui entourent les deux pays reposent sur un accord conclu en février 1945 entre le président Franklin Roosevelt et le roi Ibn Séoud, qui prévoit une sécurité fournie au royaume en échange de pétrole. Mais l’Arabie Saoudite a multiplié accords et négociations avec d’autres acteurs stratégiques, comme la Chine et le Pakistan, qui pourraient lui donner des idées concernant une future possession de l’arme nucléaire, ou encore un contrat avec la France de 3 milliard de dollars dans le soutien à l’armée libanaise.
L'épineux problème des droits de l'Homme
« Notre relation avec les Saoudiens est plus forte qu’à l’automne dernier, lorsque nous avions des différences tactiques » a tenu à rassurer auprès des journalistes Benjamin Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale. Et ce aux prix de quelques concessions politiques. Lors de sa visite, Obama a tenu à ne pas évoquer la brûlante question des Droits de l’Homme (notion d’ailleurs considérée comme occidentale, et rejetée par l’Arabie Saoudite). Ce qui lui a été reproché par la suite, car les organisations internationales ne cessent de rappeler les multiples manquements du royaume islamique à ce niveau, ainsi que les liens avec des organisations terroristes.
Le laxisme des Etats-Unis vis-à-vis de son allié du Moyen-Orient résonne comme une fausse note face à la lutte contre le terrorisme et la défense des droits de l’Homme qui est le cheval de bataille de sa politique étrangère. Ce comportement, et le déplacement d’Obama jusque Riyad, montrent bien que les Etats-Unis continuent de mettre un point d’honneur sur le maintien de ces relations privilégiées et stratégiques, au détriment de leurs idéaux.