Entre appartenance et indépendance
La Première ministre du Danemark, Helle Thorning-Schmidt
Le Danemark a toujours eu une position ambiguë au sujet de l’Union européenne. Tout d’abord, l’intégration danoise dans l’UE a été limitée à maintes reprises par des référendums. Ce n’est pas moins de six référendums relatifs aux questions européennes qui ont été posés aux danois ces quarante dernières années. Cela a par exemple valu au pays de rejeter le traité de Maastricht par 50,7% des électeurs en 1992. Cette pratique montre la réticence du Danemark à faire pleinement partie de l’UE.
De même, depuis 1993, quatre opt out (clauses d’exemption) permettent au pays de garder toute son indépendance face à l’Europe. En effet, l’accord d’Edimbourg a autorisé le Danemark à rester en retrait par rapport aux sujets de la coopération policière et judiciaire, de la politique de défense commune, de l’union économique et monétaire (le Danemark gardant les couronnes danoises mais les ajustant à la valeur de l’euro), de la citoyenneté européenne et enfin de la justice et des affaires intérieures. Il a même été le premier pays autorisé à ne pas s’intégrer pleinement dans la politique communautaire.
Enfin, même si l’euroscepticisme des Danois est l’un des plus faibles des pays européens, ceux-ci n’arrivent toujours pas à s’identifier pleinement à l’Union européenne. Les Danois se sentent bien plus attachés à leur nation, leur ville ou leur village, qu’à l’Europe.
Définir la politique européenne du Danemark
Alors, comment rester dans une Union européenne de plus en plus malade ? C’est la question que se pose actuellement le ministre danois des Affaires Européennes, Nicolai Wammen, en incitant les partis danois à se positionner sur la politique européenne. En effet, il ne faut pas oublier que c’est principalement pour des raisons économiques que le pays avait décidé d’adhérer à l’UE. De nombreux avantages en ont découlé depuis, comme la liberté de la main d’œuvre, des marchandises et du capital, ou la coopération sur la recherche et l’innovation. Pourtant, le fait que la crise que traverse l’Europe oblige les pays les plus aisés à payer pour les autres semble aujourd’hui poser un sérieux problème au Danemark.
Malheureusement, la présidence de l’Union européenne du Danemark, qui s’est achevée en juin dernier, n’a pas aidé à convaincre le pays. «Bâtir des ponts, cela signifie s'assurer que nous allons vers une Europe à 27 et non pas vers une Europe à deux - à savoir la France et l'Allemagne», n’a pas manqué de remarquer Margrethe Vestager, la ministre danoise de l’Economie.
Reste à savoir quelles solutions les sociaux-démocrates et leurs opposants, les libéraux, pourront trouver pour maintenir un lien entre le Danemark et l’Union européenne. Une chose est sûre, cette question doit être posée au plus vite.