Peer Steinbrück (SPD) et Angela Merkel (CDU) | Credit Photo -- picture alliance
Mise à jour (22/09/2013) : Les Chrétiens Démocrates (CDU) d'Angela Merkel ont remporté les élections avec 42,5 % des voix.
Selon les sondages, la CDU (parti conservateur) d’Angela Merkel arrive actuellement en tête avec environ 40 % des voix, alors que le SPD, le principal parti de l’opposition, n’obtient que 25 %. Son challenger, Peer Steinbrück, du SPD, parti de centre gauche, a eu l’occasion de refaire son retard sur les 15 % de différence lors du débat télévisé l’opposant à la chancelière Merkel lundi dernier. L’opinion publique est maintenant divisée sur la question de savoir qui a été le plus convaincant. Pendant que Merkel utilisait les habituelles formules ronflantes – et des réponses manquant de contenu, ce à quoi l’électorat allemand doit maintenant être habitué -, Steinbrück était certainement le participant le plus agressif, affirmant que la politique de Merkel face à la crise européenne avait apporté la misère en Europe du Sud. À l’inverse, certains sympathisants de Merkel soutiennent sa gestion de la crise économique européenne et louent le faible taux de chômage, un record. Cependant, le choix du collier porté par Angela Merkel a semblé être plus important aux yeux de certains que le contenu même du débat.
Le lendemain, les partis allemands plus petits, le FDP (les libéraux), die Linke (l’extrême gauche) et les Grünen (les Verts), ont tenu leur propre débat télévisé. La constitution ne requiert qu’une majorité simple pour constituer un gouvernement, ce qui accroît l’importance des petits partis dans le processus de formation de celui-ci. Avec ses quelque 40 % d’intentions de vote, la CDU ne récolterait ainsi pas suffisamment de voix en son nom propre et devra probablement former une coalition avec un ou plusieurs autres partis. Si son actuel partenaire, le FDP, avec lequel elle s’alliera certainement à nouveau, venait à perdre trop de voix, Merkel pourrait être amenée à travailler à nouveau avec le SPD au sein d’une grande coalition afin d’atteindre la majorité simple requise ; même si la chancelière préfèrerait sûrement éviter ce scénario.
Selon les sondages, la CDU (parti conservateur) d’Angela Merkel arrive actuellement en tête avec environ 40 % des voix, alors que le SPD, le principal parti de l’opposition, n’obtient que 25 %. Son challenger, Peer Steinbrück, du SPD, parti de centre gauche, a eu l’occasion de refaire son retard sur les 15 % de différence lors du débat télévisé l’opposant à la chancelière Merkel lundi dernier. L’opinion publique est maintenant divisée sur la question de savoir qui a été le plus convaincant. Pendant que Merkel utilisait les habituelles formules ronflantes – et des réponses manquant de contenu, ce à quoi l’électorat allemand doit maintenant être habitué -, Steinbrück était certainement le participant le plus agressif, affirmant que la politique de Merkel face à la crise européenne avait apporté la misère en Europe du Sud. À l’inverse, certains sympathisants de Merkel soutiennent sa gestion de la crise économique européenne et louent le faible taux de chômage, un record. Cependant, le choix du collier porté par Angela Merkel a semblé être plus important aux yeux de certains que le contenu même du débat.
Le lendemain, les partis allemands plus petits, le FDP (les libéraux), die Linke (l’extrême gauche) et les Grünen (les Verts), ont tenu leur propre débat télévisé. La constitution ne requiert qu’une majorité simple pour constituer un gouvernement, ce qui accroît l’importance des petits partis dans le processus de formation de celui-ci. Avec ses quelque 40 % d’intentions de vote, la CDU ne récolterait ainsi pas suffisamment de voix en son nom propre et devra probablement former une coalition avec un ou plusieurs autres partis. Si son actuel partenaire, le FDP, avec lequel elle s’alliera certainement à nouveau, venait à perdre trop de voix, Merkel pourrait être amenée à travailler à nouveau avec le SPD au sein d’une grande coalition afin d’atteindre la majorité simple requise ; même si la chancelière préfèrerait sûrement éviter ce scénario.
Explication du système électoral allemand
Le Bundestag est l’une des deux chambres du Parlement, et la seule dont les représentants sont directement élus par les Allemands. L’autre chambre, le Bundesrat, est composée de représentants nommés par les gouvernements respectifs des Länder. Les élections s’appuient sur un système de représentation proportionnelle mixte, également utilisé en Nouvelle-Zélande et au Japon. Sur les 598 sièges du Bundestag, 299 sont attribués selon le résultat d’un scrutin uninominal majoritaire à un tour, et les 299 restants sont distribués selon le résultat des listes des partis par Land (second scrutin). Lors du second scrutin, les partis doivent obtenir au moins 5 % des voix pour siéger au Bundestag, ce qui bloque en réalité l’accès au Parlement à la plupart des nouveaux partis. Ce système empêche cependant l’émergence d’un parti contestataire, comme sous la République de Weimar.
Le Bundestag peut cependant accueillir plus de 598 membres, car des sièges supplémentaires peuvent et ont été ajoutés au Parlement allemand. En raison de ces mandats dits supplémentaires, 24 sièges ont été ajoutés à ceux déjà existants, dont 21 pour la CDU. Ces sièges supplémentaires ont été obtenus, car le nombre de mandats directs obtenus par des partis tels que la CDU lors du premier vote était supérieur à ceux qui leur auraient été alloués lors du second vote. De cette manière, le premier scrutin pour les mandats directs est parfois considéré comme plus important qu’une victoire lors du second scrutin, car les « premières voix » garantissent un siège au Bundestag, que cela soit avec un mandat supplémentaire ou non. Au contraire, la victoire lors du second scrutin signifie simplement qu’une certaine proportion du Bundestag sera allouée à un parti ; ce à quoi il faut soustraire le nombre de membres de ce parti qui ont obtenu un siège lors du premier scrutin. Les sièges restants, s’il y en a, sont alors distribués selon la liste du parti.
Le Bundestag peut cependant accueillir plus de 598 membres, car des sièges supplémentaires peuvent et ont été ajoutés au Parlement allemand. En raison de ces mandats dits supplémentaires, 24 sièges ont été ajoutés à ceux déjà existants, dont 21 pour la CDU. Ces sièges supplémentaires ont été obtenus, car le nombre de mandats directs obtenus par des partis tels que la CDU lors du premier vote était supérieur à ceux qui leur auraient été alloués lors du second vote. De cette manière, le premier scrutin pour les mandats directs est parfois considéré comme plus important qu’une victoire lors du second scrutin, car les « premières voix » garantissent un siège au Bundestag, que cela soit avec un mandat supplémentaire ou non. Au contraire, la victoire lors du second scrutin signifie simplement qu’une certaine proportion du Bundestag sera allouée à un parti ; ce à quoi il faut soustraire le nombre de membres de ce parti qui ont obtenu un siège lors du premier scrutin. Les sièges restants, s’il y en a, sont alors distribués selon la liste du parti.
La Politikverdrossenheit allemande
Ces dernières années, le nombre d’Allemands participant aux élections a cependant chuté ; cette situation souvent appelée Politikverdrossenheit, ce qui décrit le mécontentement général de l’électorat allemand face à la politique. Les Politikverdrossene (« les lassés de la politique ») affirment que les différences entre les partis se sont effacées avec le temps, conduisant au sentiment que le vote des Allemands n’a finalement pas d’importance tant les différences sont minces entre les politiques des différents partis. De plus, les promesses électorales souvent non tenues (d’où le slogan d’Angela Merkel en 2009 Ehrlichkeit – keine Patentrezepte, soit « de l’honnêteté, pas de recettes miracles ») ont contribué à cette situation ; un grand nombre d’électeurs ont perdu la foi en la capacité des politiques à privilégier le pays et non pas leur parti. Les électeurs intéressés peuvent certes consulter les programmes des différents partis, mais savoir si le programme en question va réellement être suivi est un tout autre débat. La CDU n’avait clairement pas indiqué dans son programme qu’elle défendrait une sortie progressive du nucléaire ; et pourtant, c’est ce pour quoi Merkel a fini par plaider, en réponse au fort ressenti de l’opinion publique à l’heure de Fukushima.
Des nouveaux partis : une attaque de la droite en embuscade ?
Les nouveaux partis sont-ils alors une solution pour les Politikverdrossene ? Ils doivent obtenir un score d’au moins 5 % des voix pour entrer au Bundestag tout en résistant aux critiques des partis existants. Pourtant, le défi le plus compliqué reste probablement la nécessité de convaincre l’électorat qu’ils représentent une alternative nouvelle aux partis existants. Un de ces nouveaux partis, Alternative für Deutschland (AfD, « Alternative pour l’Allemagne »), essaye justement d’être différent. AfD préconise certains changements controversés, le plus notable étant sa politique européenne. En appelant à la révision du Traité de Maastricht pour autoriser les pays à renoncer à l’euro, AfD s’oppose radicalement à la décision de la chancelière Merkel de garder la Grèce dans la zone euro. En effet, la proposition d’AfD va jusqu’à défendre un retour aux monnaies nationales (dans le cas de l’Allemagne, le Deutsche Mark), assurant que la situation financière de l’Allemagne, ainsi que de la plupart des autres pays de la zone euro, serait bien meilleure. La politique d’AfD en matière d’économie européenne ne doit cependant pas être confondue avec la position du parti envers l’Union européenne dans son ensemble. Bien que critique envers le système économique européen et son développement actuel, AfD défend l’Union européenne en tant qu’alliance politique, même si, comme David Cameron, il pense que des réformes sont nécessaires. AfD approuve l’appel de Cameron à plus de compétition au sein de l’Union européenne et à redonner le pouvoir aux parlements nationaux.
Jusqu’ici, les Allemands restent pourtant méfiants envers le nouveau parti. L’une des raisons de l’accueil suspicieux qu’il a reçu réside certainement dans sa présentation par les grands journaux tels que le Spiegel comme un « parti pour les hommes de plus de 50 ans ». et son étiquetage en tant que nouveau parti d’extrême droite. En agitant le spectre historique du parti « très à droite », le Spiegel tente certainement de discréditer AfD en tant qu’alternative viable, bien que celui-ci n’ait encore revendiqué aucun alignement politique. Si l’on compare l’accueil d’AfD à celui réservé au Parti Pirate, qui a lui aussi été accusé d’être très à droite (mais à cause de déclarations très controversées sur l’Histoire allemande), la question de savoir ce « qu’être à droite » signifie aujourd’hui en Allemagne mérite d’être posée.
Le Parti Pirate a officiellement déclaré qu’il se considérait comme un neue Mitte (« nouveau milieu »), rejetant ainsi la division traditionnelle gauche-droite sur l’échiquier politique, perçue comme dépassée. Selon les Pirates allemands, au lieu de faire la distinction entre libéraux et conservateurs, la limite devrait être tracée entre ceux défendant la liberté et ceux prônant l’autoritarisme. La base de soutien du Parti Pirate est pourtant minée par les dissensions et les luttes de pouvoir en interne, ce qui menace la transparence prônée par le parti. De plus, après plusieurs scandales impliquant des liens entre des figures de proue des Pirates et le parti d’extrême droite NPD en Mecklembourg‑Poméranie-Occidentale, des déclarations créant des comparaisons avec le passé nazi de l’Allemagne et de possibles similarités dans leur programme, le Parti Pirate s’est maintenant clairement positionné contre le NPD.
Le fait que chaque nouveau parti doive un jour ou l’autre traiter la « cicatrice d’extrême droite » soulève bon nombre de questions. Pas seulement celle du rôle des anciens partis dans la propagande de la « cicatrice d’extrême droite », mais aussi celle du rôle du régime actuel dans la construction de l’Histoire allemande. Si des accusations d’extrémisme envers les nouveaux partis (que celles-ci soient ou non avérées) sont utilisées comme outil politique qui essaye d’opposer l’Histoire allemande à tout changement, il faudra peut-être insister à nouveau sur la nécessité d’une distinction claire entre les notions de droite et de gauche aujourd’hui et par le passé.
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Jusqu’ici, les Allemands restent pourtant méfiants envers le nouveau parti. L’une des raisons de l’accueil suspicieux qu’il a reçu réside certainement dans sa présentation par les grands journaux tels que le Spiegel comme un « parti pour les hommes de plus de 50 ans ». et son étiquetage en tant que nouveau parti d’extrême droite. En agitant le spectre historique du parti « très à droite », le Spiegel tente certainement de discréditer AfD en tant qu’alternative viable, bien que celui-ci n’ait encore revendiqué aucun alignement politique. Si l’on compare l’accueil d’AfD à celui réservé au Parti Pirate, qui a lui aussi été accusé d’être très à droite (mais à cause de déclarations très controversées sur l’Histoire allemande), la question de savoir ce « qu’être à droite » signifie aujourd’hui en Allemagne mérite d’être posée.
Le Parti Pirate a officiellement déclaré qu’il se considérait comme un neue Mitte (« nouveau milieu »), rejetant ainsi la division traditionnelle gauche-droite sur l’échiquier politique, perçue comme dépassée. Selon les Pirates allemands, au lieu de faire la distinction entre libéraux et conservateurs, la limite devrait être tracée entre ceux défendant la liberté et ceux prônant l’autoritarisme. La base de soutien du Parti Pirate est pourtant minée par les dissensions et les luttes de pouvoir en interne, ce qui menace la transparence prônée par le parti. De plus, après plusieurs scandales impliquant des liens entre des figures de proue des Pirates et le parti d’extrême droite NPD en Mecklembourg‑Poméranie-Occidentale, des déclarations créant des comparaisons avec le passé nazi de l’Allemagne et de possibles similarités dans leur programme, le Parti Pirate s’est maintenant clairement positionné contre le NPD.
Le fait que chaque nouveau parti doive un jour ou l’autre traiter la « cicatrice d’extrême droite » soulève bon nombre de questions. Pas seulement celle du rôle des anciens partis dans la propagande de la « cicatrice d’extrême droite », mais aussi celle du rôle du régime actuel dans la construction de l’Histoire allemande. Si des accusations d’extrémisme envers les nouveaux partis (que celles-ci soient ou non avérées) sont utilisées comme outil politique qui essaye d’opposer l’Histoire allemande à tout changement, il faudra peut-être insister à nouveau sur la nécessité d’une distinction claire entre les notions de droite et de gauche aujourd’hui et par le passé.
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