Bâtiments détruits dans le quartier de Shaar, à Alep (Syrie), en octobre 2012. ©Cesare Quinto/Demotix
À Kyzyl-Kiya, des citoyens kirghizes ont été recrutés pour combattre en Syrie. D’après l’agence de presse K-news, cette information aurait été confirmée le 17 avril dernier par Mametbek Myrzabaev, chef du département des relations internationales, de l’analyse et des organisations religieuses de la Commission d'État des Affaires religieuses de la République kirghize. Selon lui, sept citoyens du Kirghizistan se sont envolés pour la Turquie afin de prendre part aux hostilités syriennes.
« Nous avons reçu ces informations de parents et de proches de ces personnes, qui souhaitent que nous les aidions à les retrouver et à les renvoyer dans leur patrie. Nous avons contacté le Ministère des Affaires étrangères du Kirghizistan pour obtenir son soutien. J'espère que dans un futur proche ces personnes seront rapatriées au Kirghizistan » a déclaré Myrzabaev.
Le 17 avril, lors d’une séance parlementaire (Zhogorku Kengesh), Dastan Jumabekov, député de la fraction « Ata-Jurt », a communiqué des informations similaires : « Il a été rapporté que dans la région d’Aravan et dans d'autres domaines de l’oblast de Och, des jeunes avaient été recrutés par des organisations religieuses, puis envoyés en Syrie. »
Selon Jenish Ashirbaev, inspecteur du service de presse du service de l'Intérieur de l'oblast de Och : « Certains faits ont été élucidés. Nous avons eu confirmation que sept personnes de la ville de Kyzyl-Kiya sont allées à la Syrie. Actuellement, quinze personnes sont en Turquie, mais nous ne pouvons pas affirmer sans le moindre doute qu’ils sont en partance pour la Syrie ».
Selon l'analyste militaire et militant social Miroslav Niazov, ces faits ne peuvent pas être ignorés et doivent être soigneusement étudiés. Il n'a pas exclu la possibilité d’un recrutement de citoyens kirghizes dans les rangs des rebelles syriens.
Ceci est une illustration nouvelle des problèmes du sud du Kirghizstan, zone d'instabilité autour de la vallée du Ferghana, depuis la révolution de 2010 et surtout les événements de juin 2011 et les pogroms ethniques contre les Ouzbeks dans la ville d'Och, capitale du Sud. L'Ouzbékistan, qui est imbriqué au Kirghizstan à travers la vallée du Ferghana, avertissait récemment à travers la voix de son président, Islam Karimov, la Russie sur les dangers croissants d'extrémisme religieux et fanatique dans la région centre-asiatique. Ces supposés combattants kirghizes partis pour le djihad syrien sont des exemples alarmants, s'ils se confirment, de la situation actuelle. Le sud du Kirghizstan, déjà plaque tournante du trafic de drogues venues d'Afghanistan et pourrait bien devenir la plaque tournante d'autres "produits" importés d'Afghanistan : c'est aujourd'hui et dans les années à venir une des principales caractéristiques de la situation régionale, et des politiques des grandes puissances - entre base militaire russe, américaine, française et « renforcement » croissant des armées locales.