Avant/après : Einar Wegener qui est devenu Lili Elbe. Crédit : THE WELLCOME LIBRARY, LONDRES
Au-delà de l’égalité des sexes ancrée dans ses valeurs, le Danemark a toujours été un pays des plus progressistes, et souvent le pionnier, sur la question du genre. Cette valeur d’égalité hommes-femmes est ancrée dans le pays depuis l’époque de l’industrialisation où la gauche était au pouvoir et promouvait une idéologie social-démocrate prônant l’égalité des chances. La deuxième vague féministe des années 60 a accentué cette idéologie.
En 1989, il a été le premier a avoir reconnu juridiquement l’union des couples de personnes de même genre et a accepté vingt ans plus tard l’adoption par des couples du même sexe. Le Danemark possède une importante communauté LGBT, et il a été le premier pays à créer une association nationale LGBT en 1948. Fin mai 2016, le Danemark a été le premier pays à reconnaître la transsexualité comme n'étant pas une maladie mentale. Récemment, il a créé une loi donnant la possibilité de modifier la mention du sexe à l’état civil, permettant aux transgenres de librement choisir leur identité.
Par ailleurs, la culture n'est pas en reste comme avec le film The Danish girl, qui retrace l’histoire vraie de la danoise Lili Elbe, la première femme transsexuelle au monde à avoir fait une opération chirurgicale de changement de sexe dans les années 30. Dès l'enfance, le Danemark inculque cette liberté de choix et cette égalité des sexes, le gouvernement ayant créé une crèche où les enfants ne sont pas déterminés par leur genre.
Par ailleurs, la culture n'est pas en reste comme avec le film The Danish girl, qui retrace l’histoire vraie de la danoise Lili Elbe, la première femme transsexuelle au monde à avoir fait une opération chirurgicale de changement de sexe dans les années 30. Dès l'enfance, le Danemark inculque cette liberté de choix et cette égalité des sexes, le gouvernement ayant créé une crèche où les enfants ne sont pas déterminés par leur genre.
La mode danoise, une mode pour tous ?
Henrik Vibskov : Collection Automne/Hiver 2016. Crédit : F ucking Jeune. / Collection Printemps/Eté 2015. Crédit : SONNY VANDEVELDE. / The figure dress. Crédit : Pernille Kemp. / Collection automne-hiver 2014. Crédit : SONNY VANDEVELDE
Lors de la confection d’un vêtement, les stylistes danois pensent en priorité à deux choses : un prix abordable et une forme adaptée à tout le monde, la fonction du vêtement étant prioritaire sur la forme. Les vêtements ne sont pas fabriqués en fonction d’un idéal corporel mais en fonction d'un mode de vie à la danoise axée sur le confort et le bien-être. La mode danoise se veut un modèle éthique et les créateurs sont conscients de leur rôle sur la société.
Au-delà du conventionnel, la mode danoise cherche toujours à innover et à expérimenter, elle joue avec le corps et le design du vêtement souvent avec humour comme pour Henrik Vibskov ou avec un style plus expérimental et sculptural avec Vilsbol de Arce. Au Danemark, la tendance est au minimalisme et au streetwear, ce qui donne des coupes plutôt masculine.
AJL Madhouse : Collection Automne/Hiver 2014. Crédit: Viktor Sloth
Des créateurs danois créent des collections où l’identité est ouverte à la discussion. Ils remettent en cause le dimorphisme sexuel du vêtement en créant un concept de vêtements dégenré ou encore des collections unisexe. C’est le cas du groupe danois BESTSELLER, propriétaire des marques comme Vero Moda ou Jack & Jones, qui a créé la marque unisexe ADPT, de la marque danoise spécialisée dans le rainwear Rains proposant des produits unisexe et du créateur Asger Juel Larsen, qui propose une ligne dégenré AJL Madhouse, mélange d’influence streetwear, sportswear et de rébellion hautement assumée.
Astrid Andersen : Collection Automne/Hiver 2015. Crédit: Ash Kingston
Astrid Andersen, marque menswear, joue parfaitement le mélange des genres en osant mélanger du streetwear homme avec de la dentelle et de la transparence. La créatrice déclare que quand les hommes et les femmes s’habillent de la même manière, ce n’est pas de l’unisexe, c’est une nouvelle compréhension du féminin et du masculin en chacun de nous. Le concept d’Astrid Andersen considère que la masculinité ne signifie pas une rejection de la féminité.
Liberté du choix
Lydia, Sille, et Signe, toutes trois étudiantes au Danemark, partagent le même point de vue : il est commun pour une femme de s'habiller comme un homme. Sille rajoute même qu’il est parfois nécessaire de le faire si elles souhaitent être prises au sérieux et être respectées dans certains domaines du travail. Signe trouve ce phénomène intéressant car, selon elle, cette façon de s’habiller émane d’une volonté d’exprimer le pouvoir et l’intelligence. Elle ajoute que cela est « problématique, car si une femme s’habille d’une façon féminine dans un cadre professionnel, elle sera moins considérée, voire sous-estimée », partageant le point de vue d'une minorité de Danois voyant toujours le pouvoir dans un modèle masculin.
« Je m’identifie en tant que femme. Je me sens belle dans une robe et c’est le plus confortable à porter. Je ne mets pas de maquillage car cela me prend trop de temps et que je préfère mon visage sans. Souvent, la plupart du temps je ne m’épile ni les jambes, ni les aisselles car je pense que les poils des aisselles peuvent être beaux, comme un accessoire naturel », poursuit Sille. Signe nuance ses propos : « Cela est de plus en plus accepté, voire tendance, pour les femmes d’assumer leur poils et il est maintenant tout à fait normal, même commun, d’aller travailler et sortir sans maquillage ». La jeune Danoise parle ensuite des hommes dans ce type de milieu : « Il est plutôt acceptable pour les hommes d’avoir un look plus féminin que dans d’autres milieux. Tous les étés, nous avons une tendance au motif à fleurs par exemple ». Signe souligne cependant que les normes sont différentes dans d’autres parties de la société où les différences entre la mode homme et femme sont très prononcées, les looks sont plus traditionnels et conventionnels.
Pour Lydia, acheter des vêtements dans le rayon homme lui apparaît tout ce qu'il y a de plus banal : « Le genre non-binaire est très présent dans la mode danoise, de plus en plus de mannequins masculins sont utilisés pour défiler sur des collections féminines. Il est évident que cela a une connexion avec l’ouverture qu’à le Danemark à propos des genres et sexes. Donc cette ouverture a une conséquence sur la mode danoise aussi ». Une ouverture, qui plus qu'une tendance devient une norme, se propage de plus en plus en Europe.