Inger Støjberg est l’auteur d’une tribune particulièrement remarquée, publiée le 10 juillet dernier dans le journal danois Politiken. Membre du parti libéral danois Venstre, parti libéral-conservateur, actuellement parti d’opposition, et porte-parole spécialisée en matière d’immigration, Inger Støjberg a été ministre de l’Emploi et de l’Egalité des chances de 2009 à 2011.
A la tête de son ministère, elle s’était positionnée en faveur d’une limitation de l’accès aux étrangers sur le territoire danois, dans le contexte plus général d’une crise de l’Etat-providence. En effet, le fait que de nombreux étrangers débarqués dans le pays profitaient automatiquement et largement des prestations sociales danoises et ce sans verser de contrepartie était notamment critiqué. Dernièrement, Inger Støjberg a repris de la voix en s’exprimant sur la question plus précise de l’intégration des immigrés musulmans dans la société danoise.
A la tête de son ministère, elle s’était positionnée en faveur d’une limitation de l’accès aux étrangers sur le territoire danois, dans le contexte plus général d’une crise de l’Etat-providence. En effet, le fait que de nombreux étrangers débarqués dans le pays profitaient automatiquement et largement des prestations sociales danoises et ce sans verser de contrepartie était notamment critiqué. Dernièrement, Inger Støjberg a repris de la voix en s’exprimant sur la question plus précise de l’intégration des immigrés musulmans dans la société danoise.
REMISE EN CAUSE DES VALEURS DANOISES
Ainsi, la porte-parole spécialisée pour l’intégration signe de sa main la déclaration suivante : « Musulmans, allez vivre ailleurs ». Il s’agit du point d’orgue de sa tribune visant à alerter l’opinion publique sur le risque de laisser se développer des pratiques islamiques incompatibles avec les valeurs danoises. Inger Støjberg incite les personnes de confession musulmane installées au Danemark à respecter les normes et valeurs en vigueur dans le pays. Elle déclare en ce sens : « le Danemark est le pays des Danois et vous êtes plus que bienvenus pour devenir des Danois et prendre part au travail et à la communauté (…) mais ces musulmans qui travaillent constamment contre nous, nous questionnent constamment (…), dénigrent nos valeurs, notre drapeau ou notre façon de vivre – à vous tous : allez et trouvez un autre endroit pour vivre. Personne ne vous force à rester. Nous vous avons accepté et maintenant c’est à vous de montrer le respect nécessaire vis-à-vis de notre société et des valeurs sur lesquelles elle est construite ». Cette déclaration est le résultat d’une rencontre ayant eu lieu entre l’auteur et le groupe de confession musulmane Det Islamiske Trossamfund lors d’un débat. Inger Støjberg a particulièrement dénoncé le fait que ce collectif ne condamne pas diverses pratiques telles que la lapidation utilisée comme châtiment, ou encore les mariages d’enfants arrangés par les parents.
Les partis de coalition aux pouvoirs – Socialdemokraterne et Socialistisk Folkeparti – ont déclaré être en accord avec les grandes lignes défendues par Inger Støjberg, tout en lui reprochant un manque de nuance, cette dernière parlant des musulmans et des islamistes sans faire de différence. Ainsi, Jacob Bjerregaard, porte-parole spécialisé en matière d’immigration du Socialdemokraterne, approuve le fait que tout habitant du pays doive vivre en accord avec les valeurs danoises, mais il critique par ailleurs le fait que la porte-parole du Venstre n’effectue aucune différence entre « les musulmans qui vivent une vie paisible, vont travailler et s’occupent de leurs enfants » et « ceux [les musulmans] qui ont une approche conservatrice de leur vie dans une société moderne ».
Au contraire, Martin Henriksen, leader du parti nationaliste Dansk Folkeparti, approuve la position défendue par Inger Støjberg et émet l’idée d’un rapprochement entre le parti d’extrême-droite et le parti libéral pour les prochaines élections. L’idée serait alors de défendre une réduction de l’immigration musulmane et même la réduire à zéro d’ici la prochaine décennie. D’après Martin Henriksen, seule la fermeture des portes du Danemark aux immigrés musulmans peut assurer au pays de retrouver son unité culturelle et sociale. L’immigré musulman est donc réellement désigné comme un danger vis-à-vis de l’homogénéité danoise.
Les partis de coalition aux pouvoirs – Socialdemokraterne et Socialistisk Folkeparti – ont déclaré être en accord avec les grandes lignes défendues par Inger Støjberg, tout en lui reprochant un manque de nuance, cette dernière parlant des musulmans et des islamistes sans faire de différence. Ainsi, Jacob Bjerregaard, porte-parole spécialisé en matière d’immigration du Socialdemokraterne, approuve le fait que tout habitant du pays doive vivre en accord avec les valeurs danoises, mais il critique par ailleurs le fait que la porte-parole du Venstre n’effectue aucune différence entre « les musulmans qui vivent une vie paisible, vont travailler et s’occupent de leurs enfants » et « ceux [les musulmans] qui ont une approche conservatrice de leur vie dans une société moderne ».
Au contraire, Martin Henriksen, leader du parti nationaliste Dansk Folkeparti, approuve la position défendue par Inger Støjberg et émet l’idée d’un rapprochement entre le parti d’extrême-droite et le parti libéral pour les prochaines élections. L’idée serait alors de défendre une réduction de l’immigration musulmane et même la réduire à zéro d’ici la prochaine décennie. D’après Martin Henriksen, seule la fermeture des portes du Danemark aux immigrés musulmans peut assurer au pays de retrouver son unité culturelle et sociale. L’immigré musulman est donc réellement désigné comme un danger vis-à-vis de l’homogénéité danoise.
MISE A MAL DE L’ETAT-PROVIDENCE
Cette tribune remarquée doit être replacée dans une situation plus générale de crise du modèle d’intégration « à la danoise ». Vanté, voire envié, par les autres pays d’Europe, ce modèle est basé sur l’assimilation culturelle des immigrés, s’opposant au modèle de multiculturalisme. Le Danemark s’est engagé dans cette voie dès les années 1970 et a renforcé ce choix dans les années 1990, lorsque le pays s’est retrouvé confronté à une vague d’immigration de réfugiés venant notamment du Moyen-Orient et de l’ex-Yougoslavie. La classe politique et la population mettent depuis un point d’honneur à conserver un bloc culturel homogène dans le pays, l’intégration par l’assimilation en étant la garante.
Or, depuis quelques années, divers évènements viennent mettre en exergue une fragilisation du modèle danois et alimentent des inquiétudes au sujet de l’islamisation et de l’immigration. En 2012, un groupe musulman avait lancé un projet visant à transformer des quartiers de Copenhague en zones d’application de la Charia : le but était alors de créer de véritables bulles au sein desquelles la loi islamique prévaudrait sur la loi danoise. Le groupe de foi islamique Kaldet til Islam prônait même la mise en place d’une police islamique – appelée « police de la vertu » - chargée de garantir l’application de la charia au sein de ces zones. La même année, une manifestation a particulièrement choqué l’opinion publique, des islamistes appelant au meurtre des danois en plein Copenhague. Plus encore, ces musulmans extrémistes ont clamé haut et fort l’instauration d’un véritable Etat islamiste en lieu et place du Danemark actuel. Ces évènements sont à l’image de la situation actuelle dans le pays, qui se trouve confronté à l’incapacité d’intégrer une partie de ses immigrés.
Depuis, le gouvernement au pouvoir a cherché à mettre en place des dispositions législatives afin de limiter les retombées négatives liées à la mauvaise intégration de certains immigrés. Cette politique a notamment trouvé son expression dans le domaine de l’action sociale. Le gouvernement actuel veut ainsi en finir avec la politique d’intégration permettant aux immigrés de bénéficier des aides sociales du pays sans contrepartie pour la communauté. Des mesures-phares ont été proposées, comme la réduction des aides sociales versées aux immigrés chômeurs de plus de 30 ans si ceux-ci n’apprennent pas le danois. Le ministère de l’Emploi a défendu cette proposition en mettant en avant le fait qu’un immigré parlant correctement le danois augmentait sensiblement ses chances de décrocher un emploi.
Par ailleurs, les immigrés doivent dorénavant payer leurs soins médicaux : ils n’accèderont à la gratuité des soins qu’après une période de probation de plusieurs années. Il en sera de même pour les congés maternité ou les prêts étudiants, accessibles de droit aux Danois mais restreints pour les immigrés. Le Danemark semble donc s’orienter vers une pratique d’échange de bons procédés, les immigrés ayant pour devoir premier de respecter et intégrer la culture du pays avant de bénéficier des avantages offerts par l’Etat-providence.
Or, depuis quelques années, divers évènements viennent mettre en exergue une fragilisation du modèle danois et alimentent des inquiétudes au sujet de l’islamisation et de l’immigration. En 2012, un groupe musulman avait lancé un projet visant à transformer des quartiers de Copenhague en zones d’application de la Charia : le but était alors de créer de véritables bulles au sein desquelles la loi islamique prévaudrait sur la loi danoise. Le groupe de foi islamique Kaldet til Islam prônait même la mise en place d’une police islamique – appelée « police de la vertu » - chargée de garantir l’application de la charia au sein de ces zones. La même année, une manifestation a particulièrement choqué l’opinion publique, des islamistes appelant au meurtre des danois en plein Copenhague. Plus encore, ces musulmans extrémistes ont clamé haut et fort l’instauration d’un véritable Etat islamiste en lieu et place du Danemark actuel. Ces évènements sont à l’image de la situation actuelle dans le pays, qui se trouve confronté à l’incapacité d’intégrer une partie de ses immigrés.
Depuis, le gouvernement au pouvoir a cherché à mettre en place des dispositions législatives afin de limiter les retombées négatives liées à la mauvaise intégration de certains immigrés. Cette politique a notamment trouvé son expression dans le domaine de l’action sociale. Le gouvernement actuel veut ainsi en finir avec la politique d’intégration permettant aux immigrés de bénéficier des aides sociales du pays sans contrepartie pour la communauté. Des mesures-phares ont été proposées, comme la réduction des aides sociales versées aux immigrés chômeurs de plus de 30 ans si ceux-ci n’apprennent pas le danois. Le ministère de l’Emploi a défendu cette proposition en mettant en avant le fait qu’un immigré parlant correctement le danois augmentait sensiblement ses chances de décrocher un emploi.
Par ailleurs, les immigrés doivent dorénavant payer leurs soins médicaux : ils n’accèderont à la gratuité des soins qu’après une période de probation de plusieurs années. Il en sera de même pour les congés maternité ou les prêts étudiants, accessibles de droit aux Danois mais restreints pour les immigrés. Le Danemark semble donc s’orienter vers une pratique d’échange de bons procédés, les immigrés ayant pour devoir premier de respecter et intégrer la culture du pays avant de bénéficier des avantages offerts par l’Etat-providence.
L’INTEGRATION SCANDINAVE, ENTRE ASSIMILATION ET MULTICULTURALISME
Si le modèle danois est souvent placé en exemple en matière d’intégration, il souffre donc en réalité de sérieuses remises en cause. Cette fragilisation se retrouve aussi dans les autres pays scandinaves, notamment la Suède, qui a préféré adopter l’intégration par le multiculturalisme, position minoritaire en Europe. En mai dernier, le pays s’est ainsi retrouvé confronté à d’importantes émeutes dans des banlieues pauvres de Stockholm, et ce durant plusieurs nuits. Ces banlieues sont principalement habitées par des populations immigrées et sont perçues comme de véritables ghettos.
Dans un pays aussi paisible que la Suède, ces nuits d’affrontements entre la jeunesse des banlieues et les forces de l’ordre ont été un réel choc pour la population. Elles ont mis en lumière les difficultés croissantes que rencontre le pays pour assurer l’intégration de ses immigrés, ceux-ci se retrouvant véritablement ségrégués : il se creuse un véritable fossé entre ces banlieues défavorisées et le reste des villes. Toutefois, il ne faut pas voir dans ces émeutes une crise communautaire mais réellement une crise sociale entre les populations immigrés mal et très peu intégrées, et les populations très bien intégrées dans les villes. Le multiculturalisme suédois risque ainsi de se muer en véritable communautarisme.
Les pays scandinaves oscillent entre assimilation culturelle et multiculturalisme, mais rencontrent tous des problèmes croissants face à l’intégration des immigrés. En Norvège, tout comme au Danemark, le sentiment national très développé semble remis en cause par une partie de l’immigration réfractaire à adopter les valeurs du pays d’accueil. Les populations scandinaves semblent de plus en plus réfractaires à accueillir davantage d’immigrés sur leur sol, ce qui favorise par ailleurs la montée de l’électorat d’extrême-droite. Dans une période de crise sociale et économique, et bien que moins touchés que les pays du sud de l’Europe, les pays scandinaves reviennent sur leurs pas et tentent maintenant d’endiguer le flot d’immigration à leurs portes.
Dans un pays aussi paisible que la Suède, ces nuits d’affrontements entre la jeunesse des banlieues et les forces de l’ordre ont été un réel choc pour la population. Elles ont mis en lumière les difficultés croissantes que rencontre le pays pour assurer l’intégration de ses immigrés, ceux-ci se retrouvant véritablement ségrégués : il se creuse un véritable fossé entre ces banlieues défavorisées et le reste des villes. Toutefois, il ne faut pas voir dans ces émeutes une crise communautaire mais réellement une crise sociale entre les populations immigrés mal et très peu intégrées, et les populations très bien intégrées dans les villes. Le multiculturalisme suédois risque ainsi de se muer en véritable communautarisme.
Les pays scandinaves oscillent entre assimilation culturelle et multiculturalisme, mais rencontrent tous des problèmes croissants face à l’intégration des immigrés. En Norvège, tout comme au Danemark, le sentiment national très développé semble remis en cause par une partie de l’immigration réfractaire à adopter les valeurs du pays d’accueil. Les populations scandinaves semblent de plus en plus réfractaires à accueillir davantage d’immigrés sur leur sol, ce qui favorise par ailleurs la montée de l’électorat d’extrême-droite. Dans une période de crise sociale et économique, et bien que moins touchés que les pays du sud de l’Europe, les pays scandinaves reviennent sur leurs pas et tentent maintenant d’endiguer le flot d’immigration à leurs portes.