L'équipe de Kosovo 2.0. Crédit : Flickr (LNU foto).
Les pays dits démocratiques sont-ils traversés par une nouvelle crise, appelée « crise démocratique » ? Il semblerait que la réponse soit oui d’après Wyndham Wallace, journaliste britannique qui affirme : « nous sommes au bord du précipice où les valeurs qui nous sont chères sont sur le point d’être abolies ». Avant de prendre pour exemple l’état d’urgence en France ou la poursuite en justice d’un comic en Allemagne pour « mauvaise blague » envers le président turc.
Ibrahim Nehme est journaliste pour The Outpost, un média basé à Beyrouth (Liban). Pour lui, le problème vient de la presse elle-même qui cherche à attiser la haine en mettant certains sujets en avant. Besa Luci, rédactrice pour Kosovo 2.0 s’accorde avec Ibrahim Nehme sur cette théorie. Mais elle met en avant un autre « problème » qui est politique : « après la chute du mur de Berlin en 1989, il y avait beaucoup d’espoir que la démocratie allait être victorieuse et nous avons peut-être été naïfs. Cette naïveté s’est écroulée face à la réalité. Les politiques n’étaient pas derrière cet espoir, ils n’ont pas aidé à mettre en place des sociétés plus égalitaires ».
Alors, pour lutter en faveur de la démocratie, ces journalistes ont entrepris des créer de nouveaux médias. Kosovo 2.0, The Outpost ; ces médias sont « importants car ils montrent aux gens qu’on peut changer les choses », d’après Ibrahim Nehme. L’objectif de ces médias et magazines, c’est de créer des débats, remettre en cause des idées reçues.
Lancement de The Outpost à Dubaï (Émirats arabes unis) en mai 2013. Crédit : Ayman Itani
Ces publications alternatives cherchent à s’imposer face aux médias dits de masse. Kosovo 2.0 cherche à réhabiliter des valeurs dans son pays et à lui donner une « voix égale » aux autres sur le plan international. Pour s’assurer un écho, le choix d’éditions en anglais est ainsi primordial pour nombre de ces nouveaux médias soucieux de proposer d’autres options politiques.
« Si vous n’avez pas de budget, ayez un point de vue »
Les journalistes rencontrés s’accordent à dire que la difficulté à passer des idées aux actions réside dans un certain manque de capacité à faire converger les initiatives locales. Pour Ibrahim Nehme, il est important qu’il y ait « une jonction entre plusieurs mouvements locaux ». Besa Luci ajoute que « ce qui est formidable dans le débat, c’est qu’on part d’une idée de base et qu’elle est amenée à évoluer au fil de la discussion ». La « honte » à affirmer son opinion et la compétition entre idéologies sont, selon elle, de réels freins à la mobilisation. Le financement n’est pas à exclure, mais pour se lancer, il s’agit de partir d’un point de vue et d’y faire adhérer le plus largement possible. Une philosophie prônée par ces médias qui reposent quasi exclusivement sur les ventes et un lectorat très assidu.