Little Odessa, le premier long métrage de James Gray (1994) est un savant mélange entre le film de gangster et le drame familial. Le réalisateur et auteur du scénario a manié avec brio ces deux genres classiques pour nous offrir une pépite du cinéma indépendant américain. Il nous entraîne dans l'histoire sombre d'une famille de Little Odessa (le quartier des juifs russes de Brooklyn), dont le fils aîné, Josh, est un tueur sans scrupules.
Little Odessa, c'est d'abord l'opposition entre deux frères, l'un diable, l'autre ange. Josh est froid, impassible, même quand il abat un homme au milieu d'un boulevard. Il a une carapace, à l'image de ce manteau en cuir qu'il ne quitte qu'à de rares occasions. Il ne sait se choisir russe ou américain, se sait juif parce qu'errant. Sa seule faiblesse est sa famille, en particulier Reuben, son jeune frère. Ce dernier est doux, discret, il souffre de l'intérieur. Une complicité renaît avec ce frère disparu depuis de nombreux mois. Il voit en lui un remplaçant à l'autorité paternelle défaillante, à la fois un guide et un complice dangereux. Reuben se sait américain, sa souffrance n'est pas en lui-même, mais fonctionne comme le reflet des personnes qu'il aime. Les scènes entre les deux fils et leur mère, agonisant d'une tumeur au cerveau, sont d'une force émotionnelle rare. Traitées sans aucune distance ou ironie, elles sont tout simplement vraies. Les scènes avec le père en sont le contrepoint par leur violence sauvage.
Little Odessa, c'est d'abord l'opposition entre deux frères, l'un diable, l'autre ange. Josh est froid, impassible, même quand il abat un homme au milieu d'un boulevard. Il a une carapace, à l'image de ce manteau en cuir qu'il ne quitte qu'à de rares occasions. Il ne sait se choisir russe ou américain, se sait juif parce qu'errant. Sa seule faiblesse est sa famille, en particulier Reuben, son jeune frère. Ce dernier est doux, discret, il souffre de l'intérieur. Une complicité renaît avec ce frère disparu depuis de nombreux mois. Il voit en lui un remplaçant à l'autorité paternelle défaillante, à la fois un guide et un complice dangereux. Reuben se sait américain, sa souffrance n'est pas en lui-même, mais fonctionne comme le reflet des personnes qu'il aime. Les scènes entre les deux fils et leur mère, agonisant d'une tumeur au cerveau, sont d'une force émotionnelle rare. Traitées sans aucune distance ou ironie, elles sont tout simplement vraies. Les scènes avec le père en sont le contrepoint par leur violence sauvage.
Au milieu de ces souffrances familiales, les éléments de genre sont intégrés avec simplicité. Utilisés, au dire du réalisateur, pour séduire les spectateurs, les codes du film de gangster sont infléchis, marqués par l'originalité de l'auteur. Le traitement du son en est un exemple. La musique intervient seulement aux moments les plus forts. Et ce sont des morceaux classiques russes, grandioses et solennels, poétiques et glaçants à la fois, qui rendent palpable le côté sombre et majestueux de cette communauté russe, entre affaires sordides et bar mitzvah.
La scène d'enlèvement est par ailleurs presque totalement silencieuse, alors qu'on s'attend ici à un déchaînement de violence. À l'inverse, chaque fois qu'une arme apparaît à l'écran, la terreur envahit les esprits. L'attente du spectateur est constamment déjouée, le film obéissant à sa propre structure interne. En voyant ce film pour la première fois, on a l'impression de se trouver devant un joyau dont chaque facette a été taillée minutieusement, où tout s'enchaîne et s'imbrique parfaitement. En dire les qualités ne permet pas de témoigner de l'harmonie d'ensemble.