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2013, année la plus sanglante du conflit. Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, la guerre civile a fait plus de 73 000 morts en 2013 (sur 130 000 depuis trois ans) dont 22 000 civils et 7 000 enfants. La Syrie, touchée par la vague de protestations populaires du « printemps arabe » début 2011, voit s'opposer « rebelles » et partisans du régime de Bachar Al-Assad dans une guerre civile.
Le conflit syrien : un « jeu à 4 »
Le dictateur Bachar Al-Assad est, jusqu’à présent, resté inflexible. Depuis le 15 mars 2011, il ordonne à l’armée de repousser tous les manifestants, de réprimer les rebelles islamistes et de massacrer l’Armée syrienne libre. Contrairement aux autres dirigeants qui ont chuté du fait des révolutions arabes, l’Armée syrienne n’a jamais lâché le dirigeant alaouite - mises à part quelques défections qui restent minoritaires.
Dans le camp des « rebelles », les groupes s’opposant au régime baasiste sont moins bien identifiés. Généralement, ils regroupent la Coalition Nationale des Forces d’Opposition et de la Révolution (CNFOR), autorité politique de transition syrienne siégeant au Caire et dont le but est de coordonner les opposants au régime syrien. Ce groupe est composé en grande partie de Frères Musulmans. Dans le camp des « rebelles », on compte encore l’Armée Syrienne Libre (anciens officiers de l’armée ayant fait défection), les Libyens des brigades de Tripoli, des membres du Hamas, les Jihadistes d’Al-Nostra, Ahrar al-Sham, Ghouraba Al-Sham et Fatah Al Islam.
Mais ces différents groupes rebelles ont des intérêts très variés, voire parfois contradictoires. Cette divergence de vision explique le morcellement et la division des forces opposées à Bachar Al-Assad faisant le jeu de ce dernier. On parle désormais d’une « deuxième révolution » des rebelles syriens contre les djihadistes affiliés à Al-Qaida, faisant suite à de nombreux affrontements entre l’Armée des Moujahidines (nouvelle alliance rebelle) et l’EILL (Etat Islamique en Irak et au Levant, une émanation d’Al-Qaida), auparavant alliés. Les alliances changent au cours du temps. Depuis peu, on voit émerger, sur le terrain, un « jeu à 3 » opposant rebelles syriens, combattants djihadistes et pouvoir central syrien.
C’est également le cas des combattants Kurdes du PKK entrainés dans les montagnes turques avant d’aller combattre en Syrie. L’objectif final des Kurdes d’Irak, de Turquie et de Syrie est l’indépendance, qui passe à moyen terme par la création de provinces autonomes comme le Kurdistan Irakien. C’est pour cette raison que les Kurdes combattent contre le pouvoir central de Damas. Mais cet objectif est contradictoire avec la vision des rebelles, qui veulent restaurer la « Grande Syrie » historique, ainsi qu’avec celle des djihadistes qui veulent imposer la charia sur l’ensemble du territoire syrien. Dans le nord du pays, se dessine alors, petit à petit, un« jeu à 4 ».
Dans le camp des « rebelles », les groupes s’opposant au régime baasiste sont moins bien identifiés. Généralement, ils regroupent la Coalition Nationale des Forces d’Opposition et de la Révolution (CNFOR), autorité politique de transition syrienne siégeant au Caire et dont le but est de coordonner les opposants au régime syrien. Ce groupe est composé en grande partie de Frères Musulmans. Dans le camp des « rebelles », on compte encore l’Armée Syrienne Libre (anciens officiers de l’armée ayant fait défection), les Libyens des brigades de Tripoli, des membres du Hamas, les Jihadistes d’Al-Nostra, Ahrar al-Sham, Ghouraba Al-Sham et Fatah Al Islam.
Mais ces différents groupes rebelles ont des intérêts très variés, voire parfois contradictoires. Cette divergence de vision explique le morcellement et la division des forces opposées à Bachar Al-Assad faisant le jeu de ce dernier. On parle désormais d’une « deuxième révolution » des rebelles syriens contre les djihadistes affiliés à Al-Qaida, faisant suite à de nombreux affrontements entre l’Armée des Moujahidines (nouvelle alliance rebelle) et l’EILL (Etat Islamique en Irak et au Levant, une émanation d’Al-Qaida), auparavant alliés. Les alliances changent au cours du temps. Depuis peu, on voit émerger, sur le terrain, un « jeu à 3 » opposant rebelles syriens, combattants djihadistes et pouvoir central syrien.
C’est également le cas des combattants Kurdes du PKK entrainés dans les montagnes turques avant d’aller combattre en Syrie. L’objectif final des Kurdes d’Irak, de Turquie et de Syrie est l’indépendance, qui passe à moyen terme par la création de provinces autonomes comme le Kurdistan Irakien. C’est pour cette raison que les Kurdes combattent contre le pouvoir central de Damas. Mais cet objectif est contradictoire avec la vision des rebelles, qui veulent restaurer la « Grande Syrie » historique, ainsi qu’avec celle des djihadistes qui veulent imposer la charia sur l’ensemble du territoire syrien. Dans le nord du pays, se dessine alors, petit à petit, un« jeu à 4 ».
Le conflit syrien sur la scène internationale
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Du coté des soutiens du dictateur syrien, on compte l’Irak, l’Iran, le Hezbollah, la Russie, la Chine et le Vénézuela. Les soutiens moyen-orientaux du régime résultent d’une alliance entre les pays gouvernés par des chiites dans la région ; on appelle généralement cette zone « croissant chiite ». De plus en plus, la lecture de la situation Moyen-Orientale passe par la compréhension de l’opposition chiisme/sunnisme. Les soutiens iranien et irakien se matérialisent par la livraison d’armes, l’envoi de combattants et un soutien affiché dans leurs discours sur la scène internationale.
De leur côté, la Russie et la Chine se sont sentis trompés par les Occidentaux en Libye (le mandat visant la protection des populations civiles s’est transformé en intervention franco-américano-britannique contre la Libye de Kadhafi) avec pour conséquence, leur refus de toute intervention de l’armée internationale contre Al-Assad. Pour des raisons intérieures, ces deux pays sont historiquement réticents à toute intervention extérieure qui viserait à défendre une minorité ou une partie du peuple qui se soulève contre un gouvernement central. Ils ont peur que cela encourage leurs propres minorités ouïgour et tibétaine pour l’un, musulmanes, caucasienne, ossète et tchétchène pour l’autre. Ils craignent également qu’en cas de soulèvement intérieur, la communauté internationale intervienne contre le pouvoir central en place en Chine et en Russie.
Pour justifier son soutien inconditionnel à son allié historique syrien, la Russie met en avant la présence de la base de Tartus (sur laquelle sont stationnés environ 150 hommes), même si elle n’a pas vraiment d’intérêt stratégique. Mais, la Russie a beaucoup d’intérêts en Syrie depuis que Brejnev et Hafez El-Assad ont établi des « liens stratégiques spéciaux » en 1980 : les chrétiens de Syrie sont, dans l’immense majorité, orthodoxes ; 80% des officiers syriens ont été formés en Russie ; le géant gazier Lukoil investit massivement sur le territoire syrien. Même si les livraisons d’armes de Moscou ne sont pas payées, le Kremlin espère que Bachar tiendra bon pour empêcher « le front panislamique - soutenu par la Turquie, le Qatar, l'Arabie saoudite – de s’étendre et de gagner le Caucase Russe et les frontières orientales de la Communauté des Etats indépendants, avant d’atteindre l'Asie centrale », comme l’explique Pascal Le Pautremat, géopoliticien, spécialiste en questions militaires. Les russes voient l’effondrement du régime syrien comme le début de la reprise du terrorisme sur le territoire russe.
Sur la scène internationale, les principaux soutiens des « rebelles » sont les USA, la France, la Grande-Bretagne, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Les soutiens moyen-orientaux se comprennent aussi par l’union des pays à majorité sunnite face au croissant chiite. L’Arabie Saoudite et le Qatar fournissent de l’argent et des armes à tous les rebelles (même aux djihadistes). La Turquie fournit des bases et des camps d’entrainement aux rebelles non-djihadistes formés par la CIA. Ces pays cherchent évidemment à étendre le sunnisme et leur sphère d’influence pour émerger comme des puissances régionales.
Du coté des Occidentaux, il faut souligner l’hypocrisie de la France et des USA. Contrairement à ses homologues français et américain, David Cameron a bien géré cette situation. En choisissant la voie du referendum, le gouvernement britannique a pu se mettre en retrait sur ce dossier sans que l’on puisse lui reprocher de ne rien faire face aux massacres se déroulant en Syrie.
En ce qui concerne les USA, Barack Obama manque de cohérence. Face à cette tragédie humaine, il s’est montré incapable de prendre la décision de soutenir officiellement les rebelles pour endiguer la montée d’Al-Qaida, il a préféré s’accrocher à sa doctrine « plus jamais d’Irak », ne voyant pas que la non-intervention pouvait avoir des effets plus néfastes que l’intervention en Irak (y compris pour sa popularité).
Entre les deux conférences de Genève, le conflit empire et gagne en complexité. Ce cercle vicieux ne favorise pas une prise d'initiative audacieuse. Ceci n’est pas de très bon augure pour la conférence de Genève 2 à laquelle le CNS et l’Iran ne devraient pas participer selon les dernières informations.
De leur côté, la Russie et la Chine se sont sentis trompés par les Occidentaux en Libye (le mandat visant la protection des populations civiles s’est transformé en intervention franco-américano-britannique contre la Libye de Kadhafi) avec pour conséquence, leur refus de toute intervention de l’armée internationale contre Al-Assad. Pour des raisons intérieures, ces deux pays sont historiquement réticents à toute intervention extérieure qui viserait à défendre une minorité ou une partie du peuple qui se soulève contre un gouvernement central. Ils ont peur que cela encourage leurs propres minorités ouïgour et tibétaine pour l’un, musulmanes, caucasienne, ossète et tchétchène pour l’autre. Ils craignent également qu’en cas de soulèvement intérieur, la communauté internationale intervienne contre le pouvoir central en place en Chine et en Russie.
Pour justifier son soutien inconditionnel à son allié historique syrien, la Russie met en avant la présence de la base de Tartus (sur laquelle sont stationnés environ 150 hommes), même si elle n’a pas vraiment d’intérêt stratégique. Mais, la Russie a beaucoup d’intérêts en Syrie depuis que Brejnev et Hafez El-Assad ont établi des « liens stratégiques spéciaux » en 1980 : les chrétiens de Syrie sont, dans l’immense majorité, orthodoxes ; 80% des officiers syriens ont été formés en Russie ; le géant gazier Lukoil investit massivement sur le territoire syrien. Même si les livraisons d’armes de Moscou ne sont pas payées, le Kremlin espère que Bachar tiendra bon pour empêcher « le front panislamique - soutenu par la Turquie, le Qatar, l'Arabie saoudite – de s’étendre et de gagner le Caucase Russe et les frontières orientales de la Communauté des Etats indépendants, avant d’atteindre l'Asie centrale », comme l’explique Pascal Le Pautremat, géopoliticien, spécialiste en questions militaires. Les russes voient l’effondrement du régime syrien comme le début de la reprise du terrorisme sur le territoire russe.
Sur la scène internationale, les principaux soutiens des « rebelles » sont les USA, la France, la Grande-Bretagne, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Les soutiens moyen-orientaux se comprennent aussi par l’union des pays à majorité sunnite face au croissant chiite. L’Arabie Saoudite et le Qatar fournissent de l’argent et des armes à tous les rebelles (même aux djihadistes). La Turquie fournit des bases et des camps d’entrainement aux rebelles non-djihadistes formés par la CIA. Ces pays cherchent évidemment à étendre le sunnisme et leur sphère d’influence pour émerger comme des puissances régionales.
Du coté des Occidentaux, il faut souligner l’hypocrisie de la France et des USA. Contrairement à ses homologues français et américain, David Cameron a bien géré cette situation. En choisissant la voie du referendum, le gouvernement britannique a pu se mettre en retrait sur ce dossier sans que l’on puisse lui reprocher de ne rien faire face aux massacres se déroulant en Syrie.
En ce qui concerne les USA, Barack Obama manque de cohérence. Face à cette tragédie humaine, il s’est montré incapable de prendre la décision de soutenir officiellement les rebelles pour endiguer la montée d’Al-Qaida, il a préféré s’accrocher à sa doctrine « plus jamais d’Irak », ne voyant pas que la non-intervention pouvait avoir des effets plus néfastes que l’intervention en Irak (y compris pour sa popularité).
Entre les deux conférences de Genève, le conflit empire et gagne en complexité. Ce cercle vicieux ne favorise pas une prise d'initiative audacieuse. Ceci n’est pas de très bon augure pour la conférence de Genève 2 à laquelle le CNS et l’Iran ne devraient pas participer selon les dernières informations.