Colombie: Gustavo Petro, maire de Bogota, destitué et privé de fonctions publiques

Eliana Rentería, correspondante à Bogota
11 Décembre 2013


Pour une période de quinze ans, Gustave Pedro, maire de Bogota normalement élu jusqu'en 2016, ne pourra exercer aucune fonction publique. C’est ce qu’a décidé ce lundi le procureur général de Colombie, Alejandro Ordoñez, l’information ayant été rendue publique dans un communiqué de presse


Crédits Photo -- Eliana Rentería/ Le Journal International
A Bogota, capitale de la Colombie, le procureur général – entité veillant au respect des droits citoyens avant l’Etat - a publié son jugement concernant la destitution de ses fonctions et l’interdiction d’exercer de Gustavo Petro, homme politique appartenant au mouvement de centre gauche progressiste.

L'affirmation de la puissance du procureur général de Colombie

La raison de cette décision selon la Procuraduria est l’irrégularité que présentait le plan d’assainissement de la ville fin 2012. Le communiqué de presse explique que « le procureur a démontré que la détermination de Monsieur le Maire a provoqué une crise et le chaos courant décembre 2012 avec une mauvaise prestation du service de propreté utilisant des camions-benne jusqu’au mois de juillet 2013 (...) et tout ceci à cause de la manifeste incapacité de l’Aqueduc de Bogota et de l’entreprise Aguas de Bogota (compagnie des eaux). Ainsi, il a été prouvé que les décisions de Monsieur le Maire de Bogota ont violé le principe de liberté d’entreprise et qu’elles ont mis en danger l’environnement et la santé humaine des habitants de Bogota ».

En moins de deux ans, la Procuraduria a destitué deux maires de leurs fonctions. Avant cela, l’ancien maire de Bogota, Samuel Moreno n’a pas pu occupé son poste jusqu'à la fin de son mandat à cause de son implication dans l’un des scandales majeurs de corruption de Bogota.

Toutefois ce qui reste inexplicable pour certains colombiens en ce qui concerne Gustavo Petro, c’est la décision sur l'interdiction d’exercer n’importe quelle fonction publique pendant 15 ans. 

Le Président colombien a fait savoir à l’opinion publique que « le gouvernement national, comme à son habitude et par obligation, face à n’importe quelle décision des organismes de contrôle, respecte la décision de la Procuradoria Générale de la Nation ». Pour défendre sa cause, Gustavo Petro a par l'intermédiaire de son compte twitter (@petrogustavo) appelé à une mobilisation pacifique. 
Le gouvernement déplore les inconvénients que cette situation pourrait générer chez les citoyens et continuera de s’engager pour le bien-être et la tranquillité des habitants de Bogota. Ainsi, un appel a été lancé aux autorités et à tous les citoyens afin qu’ils conservent leur calme.

De son côté, Gustavo Petro a publié ceci sur son compte twitter : « On me condamne parce que j’ai arrêté de travailler avec des opérateurs privés de la propreté qui coûtent 500 milliards de pesos et qui en dix ans ont volé les usagers » et « on me condamne parce que j’ai nationalisé un service public, parce que j’ai rompu des dogmes néolibéraux et parce que j’ai privilégié l’intérêt général à l’intérêt personnel ». 

REACTIONS DES CITOYENS

Plusieurs groupes de personnes se sont réunis sur la place Bolivar : des recycleurs, la communauté LGBTI, des charretiers, des représentants de plusieurs mouvements politiques, des étudiants, des confédérations de travailleurs, des Afro-Colombiens et des Indigènes. En outre, les réseaux sociaux ont été le théâtre de plusieurs tendances. Tout cela pour deux raisons : soutenir Gustavo Petro et s’indigner contre les actes du procureur Alejandro Ordoñez.

Le 10 décembre, à 16h, ce sont des milliers de personnes qui sont arrivées sur l’emblématique place Bolivar, pour s'exclamer : « Ah, Petro ne part pas », ou pour exposer des affiches dérisoires : « Ce qui est fait contre Petro, c’est aussi fait contre moi», « Pourquoi n’ont-ils pas révoqué Pastrana, Peñalosa et Mockus ? »

Au cours de cette journée, différents arguments se sont fait entendre. Fabián Pineda, un citoyen, a déclaré au Journal International qu’il était d'accord avec la destitution, après avoir lu les motifs de cette décision et en réalisant qu'ils étaient fondés. Cependant, il ajoute « j’aimerais que le rôle du procureur soit régulé. Il a un pouvoir immense, il ne doit pas se focaliser sur une seule personne ».
Pour Caroline, « il lui semble injuste qu’ils aient pris une décision si arbitraire sans même prendre en compte ce qu'en pense les citoyens, car nous sommes tout de même ceux qui ont élu le maire Petro. Le procureur devrait faire attention à ce qu’il dit ».

Le sujet fait le buzz sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, on utilise #PetroNoSeVa (Petro ne part pas), #PaFueraProcuradorOrdoñez (Dehors Procureur Ordoñez), #DestituciónPetro, (Destitution Petro) #ApoyoAlProcurador (Soutien au Procureur), #Bogotá (Bogota).

Finalement, Gustavo Petro s’est exprimé, mettant ainsi fin à la journée : « Aujourd’hui s’est constitué le Comité National de Défense de la Démocratie, afin d’atteindre un seul objectif : défendre la Bogotá Humana par la construction de la paix ». Il lui reste jusqu'au 30 décembre pour présenter une demande de recours. 


Traduit par Sylia Amrarene et Jonathan Trenteseaux