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Du 6 au 9 février a eu lieu le Festival du Canal de Panama, qui s'inscrit dans le cadre des activités estivales organisées annuellement par l'Autorité du Canal de Panama (ACP) depuis 2003. L'intérêt de cet événement culturel entièrement gratuit et familial est de promouvoir l'infrastructure phare de l'économie nationale.
Cependant, l'année 2014 n'est pas une année comme les autres pour le festival du Canal. Elle marque le premier centenaire de cette voie maritime, inaugurée le 15 août 1914 par les Américains, et par laquelle transite aujourd'hui 5% de l'activité commerciale mondiale. C'est donc l'occasion de revenir sur 100 ans d'histoire, qui ont permis de forger la nation panaméenne telle qu'on la connaît aujourd'hui. L'isthme de Panama, par sa position stratégique dans le monde, a inspiré dès sa découverte de nombreux ingénieurs. Cette étroite terre où s'embrassent les deux grands océans permet d'éviter le détour par le détroit de Magelean, réputé pour sa dangerosité. C'est ainsi que dès la fin du XIXe siècle, grâce aux avancées technologiques de l'époque, les projets de construction d'un canal se concrétisent. Fort de son succès à Suez, c'est le français Ferdinand de Lesseps qui achète à la Nouvelle-Grenade, ou actuelle Colombie, une concession pour y reproduire des plans similaires à ceux employés en Egypte.
Malheureusement, c'était sans compter les obstacles techniques et sanitaires, ainsi qu'un grand tremblement de terre qui fit ralentir les travaux. Mais c'est surtout un scandale financier qui va venir ébranler le projet d'un « canal français ». Après avoir tenté à maintes reprises de lever suffisamment de fonds, la stabilité économique de la Compagnie de Panama s'effondre laissant place à un scandale politique et financier. Les accusations de corruption fusent, la France se met à chercher des coupables. L'affaire prend une telle ampleur que l'équipe de Lesseps se voit obligée d'abandonner le projet, malgré les avancées significatives. C'est ainsi que les Américains, dont le regard était déjà tourné sur le Canal depuis quelques années, vont décider de mener à bout le projet français. Cependant, ils font face à une résistance de part de la Colombie, ce qui les mène à appuyer l'indépendance du Panama en échange d'une concession du Canal à perpétuité, ainsi que le contrôle des zones qui le bordent.
Cependant, l'année 2014 n'est pas une année comme les autres pour le festival du Canal. Elle marque le premier centenaire de cette voie maritime, inaugurée le 15 août 1914 par les Américains, et par laquelle transite aujourd'hui 5% de l'activité commerciale mondiale. C'est donc l'occasion de revenir sur 100 ans d'histoire, qui ont permis de forger la nation panaméenne telle qu'on la connaît aujourd'hui. L'isthme de Panama, par sa position stratégique dans le monde, a inspiré dès sa découverte de nombreux ingénieurs. Cette étroite terre où s'embrassent les deux grands océans permet d'éviter le détour par le détroit de Magelean, réputé pour sa dangerosité. C'est ainsi que dès la fin du XIXe siècle, grâce aux avancées technologiques de l'époque, les projets de construction d'un canal se concrétisent. Fort de son succès à Suez, c'est le français Ferdinand de Lesseps qui achète à la Nouvelle-Grenade, ou actuelle Colombie, une concession pour y reproduire des plans similaires à ceux employés en Egypte.
Malheureusement, c'était sans compter les obstacles techniques et sanitaires, ainsi qu'un grand tremblement de terre qui fit ralentir les travaux. Mais c'est surtout un scandale financier qui va venir ébranler le projet d'un « canal français ». Après avoir tenté à maintes reprises de lever suffisamment de fonds, la stabilité économique de la Compagnie de Panama s'effondre laissant place à un scandale politique et financier. Les accusations de corruption fusent, la France se met à chercher des coupables. L'affaire prend une telle ampleur que l'équipe de Lesseps se voit obligée d'abandonner le projet, malgré les avancées significatives. C'est ainsi que les Américains, dont le regard était déjà tourné sur le Canal depuis quelques années, vont décider de mener à bout le projet français. Cependant, ils font face à une résistance de part de la Colombie, ce qui les mène à appuyer l'indépendance du Panama en échange d'une concession du Canal à perpétuité, ainsi que le contrôle des zones qui le bordent.
Dès l'indépendance du Panama en 1903, les Américains reprennent avec main forte les travaux, en trouvant des solutions aux problèmes sur lesquels ont buttés les Français. Le 15 août 1914 est inauguré le Canal de Panama, sous le drapeau aux cinquantes étoiles. Durant 63 ans, cette zone est entièrement dirigée par les Américains, qui ne versent qu'une modeste somme de compensation à la jeune nation. Suite à des mouvements de révolte dans le pays, et une forte contestation de souveraineté, les présidents Jimmy Carter et Omar Torrijos signent un accord en 1977 pour entamer le processus de restitution du Canal, avec pour date limite le 31 décembre 1999. Aujourd'hui, voilà donc quatorze ans que sur le Canal flotte fièrement le drapeau panaméen, et c'est cet orgueil national que vient mettre en avant le Festival organisé par l'ACP.
L'Autorité du Canal de Panama a profité de l'événement d'été pour mettre en avant ces cent ans chargés d'histoire. Au-delà des traditionnelles activités familiales qui comprennent des attractions, des magiciens, des clowns et autres ; l'ACP a organisé de nombreux évènements culturels soulignant l'encrage du Canal à la nation centre-américaine.
Du côté musical, le Festival a présenté de grands noms nationaux et internationaux, et notamment le célébrissime chanteur dominicain Juan Luis Guerra. Ont également eu lieu des spectacles folkloriques, comprenant chants et danses des diverses régions du Panama. Ce sont joints au spectacle des expositions culturelles et artistiques, organisées par les ambassades de Colombie, des Etats-Unis, et de France. Celles-ci ont été invitées à titre honorifique de part leur rôle dans la construction du Canal. Dans le programme culturel, on pouvait également trouver des pièces de théâtre et des ateliers artistiques pour tous les âges.
Au total, ce sont des milliers de panaméens et d'étrangers qui sont venus profiter des quatre jours de festivités en l'honneur du premier centenaire du Canal. Selon les mots du directeur de l'ACP, l'intérêt du Festival est de créer un sentiment de fierté et d'attachement envers ce Canal qui est maintenant entièrement aux mains des panaméens. Cependant, malgré l'aspect festif et bon enfant de ces quatre jours de Festival, les panaméens ont eu du mal à oublier le chaos lié au scandale de l'ampliation du Canal, qui a explosé le premier janvier 2014.
L'Autorité du Canal de Panama a profité de l'événement d'été pour mettre en avant ces cent ans chargés d'histoire. Au-delà des traditionnelles activités familiales qui comprennent des attractions, des magiciens, des clowns et autres ; l'ACP a organisé de nombreux évènements culturels soulignant l'encrage du Canal à la nation centre-américaine.
Du côté musical, le Festival a présenté de grands noms nationaux et internationaux, et notamment le célébrissime chanteur dominicain Juan Luis Guerra. Ont également eu lieu des spectacles folkloriques, comprenant chants et danses des diverses régions du Panama. Ce sont joints au spectacle des expositions culturelles et artistiques, organisées par les ambassades de Colombie, des Etats-Unis, et de France. Celles-ci ont été invitées à titre honorifique de part leur rôle dans la construction du Canal. Dans le programme culturel, on pouvait également trouver des pièces de théâtre et des ateliers artistiques pour tous les âges.
Au total, ce sont des milliers de panaméens et d'étrangers qui sont venus profiter des quatre jours de festivités en l'honneur du premier centenaire du Canal. Selon les mots du directeur de l'ACP, l'intérêt du Festival est de créer un sentiment de fierté et d'attachement envers ce Canal qui est maintenant entièrement aux mains des panaméens. Cependant, malgré l'aspect festif et bon enfant de ces quatre jours de Festival, les panaméens ont eu du mal à oublier le chaos lié au scandale de l'ampliation du Canal, qui a explosé le premier janvier 2014.
Nouveaux travaux, nouveau scandale pour le Canal de Panama
Alors qu'on attaque l'année du centenaire de la voie maritime, et sa quatorzième année en tant que patrimoine panaméen, une crise de souveraineté vient frapper de plein fouet l'Autorité du Canal de Panama. Celle-ci est liée à son projet d'ampliation, et notamment la construction d'un troisième jeu d'écluses. Dès la restitution du Canal au Panama le 31 décembre 1999, l'isthme connaît un boom économique inédit. C'est ainsi que naît en 2006 l'idée d'un projet d'ampliation du Canal, permettant l'accès à des bateaux trois fois plus grands, transportant jusqu'à 12 500 conteneurs. En avril de cette même année, l'ACP dévoile au public son plan d'ampliation, dont le coût total est estimé à 5,25 milliards de dollars. Le président de l'époque, Martin Torrijos, soumet le projet à un référendum national et obtient une majorité absolue, avec 76,8 % d'approbation populaire.
L'ACP lance alors une annonce internationale en août 2007 pour sélectionner jusqu'à quatre compagnies chargées du plan des nouvelles écluses. Sont pris en compte les qualités techniques du projet proposé, ainsi que le budget estimé. En parallèle, les premiers travaux d'excavation débutent dès septembre 2007. Il va falloir attendre 2009 pour que l'ACP prenne sa décision finale quant au candidat sélectionné pour le projet des écluses, et c'est le Grupo Unido Para el Canal (GUPC) qui remporte le contrat. Ce groupe est composé de l'entreprise espagnole Sacyr Vallehermoso, l'italienne Impregilo, la belge Jan de Nul et la panaméenne Constructora Urbana. Au-delà de la qualité des plans proposés par le GUPC, c'est surtout son estimation budgétaire alléchante qui est à l'origine de sa sélection. Ce constructeur ne demande que 3,19 milliards de dollars, c'est-à-dire 2,06 milliards de moins que les estimations initiales. Débute alors ce projet géant sur lequel travaillent 20 milles personnes, et dont l'aboutissement est prévu pour 2015.
L'ACP lance alors une annonce internationale en août 2007 pour sélectionner jusqu'à quatre compagnies chargées du plan des nouvelles écluses. Sont pris en compte les qualités techniques du projet proposé, ainsi que le budget estimé. En parallèle, les premiers travaux d'excavation débutent dès septembre 2007. Il va falloir attendre 2009 pour que l'ACP prenne sa décision finale quant au candidat sélectionné pour le projet des écluses, et c'est le Grupo Unido Para el Canal (GUPC) qui remporte le contrat. Ce groupe est composé de l'entreprise espagnole Sacyr Vallehermoso, l'italienne Impregilo, la belge Jan de Nul et la panaméenne Constructora Urbana. Au-delà de la qualité des plans proposés par le GUPC, c'est surtout son estimation budgétaire alléchante qui est à l'origine de sa sélection. Ce constructeur ne demande que 3,19 milliards de dollars, c'est-à-dire 2,06 milliards de moins que les estimations initiales. Débute alors ce projet géant sur lequel travaillent 20 milles personnes, et dont l'aboutissement est prévu pour 2015.
L'économie mondiale se prépare donc à accueillir une nouvelle voie maritime, qui va permettre d'augmenter drastiquement le trafic de marchandises. En ce début d'année, alors que l'avancement des travaux est de 70%, une crise financière vient mettre en suspens la construction du troisième jeu d'écluses. Le premier janvier 2014, le GUPC déclare être en manque de fonds. Le constructeur réclame à l'ACP 1,6 milliards de dollars supplémentaires pour pouvoir poursuivre le chantier, faute de quoi le projet sera paralysé. Selon le groupe mené par l'entreprise espagnole Sacyr, le responsable de ce surcoût est l'Autorité du Canal de Panama, qui lui a fait recommencer certains travaux, jugeant le ciment de mauvaise qualité. L'ACP réagit vivement aux accusations, en soulignant que la faute provient de l'estimation erronée du budget par le GUPC. Avec les 1,6 milliards de dollars supplémentaires, la somme totale correspond aux calculs initiaux de l'ACP quant aux prix des travaux.
La tension monte entre les deux parties impliquées dans ce litige, et la nation panaméenne s'affole. Une enquête est donc ouverte sur le sujet, dans le but d'arriver à un accord dans les plus brefs délais. A cela s'ajoutent les manifestations des travailleurs du Canal, inquiets du sort que leur réserve le conflit. Mais l'ACP, se sentant abusée et trahie par le contracteur, refuse de payer le surcoût et de céder aux pressions extérieures. Ne donnant pas de suivi aux conversations entamées avec le GUPC, ce dernier décide de mettre en œuvre ses menaces et arrête les travaux le 5 février 2014. Naît alors une crise financière et diplomatique, qui mène le président panaméen Ricardo Martinelli à s'adresser à ses homologues espagnols et italiens en demandant des mesures responsables de la part des compagnies. La Commission européenne va également essayer de jouer un rôle médiateur, étant donné que le GUPC est composé de trois entreprises européennes. Mais cette tentative d'intromission est immédiatement rejetée par l'Autorité du Canal, qui déclare vouloir régler la crise selon les mesures indiquées dans le contrat. La situation ne semble donc pas présenter de solution et le conflit s'enlise. Le directeur de l'ACP, Jorge Quijano, se déclare prêt à se battre jusqu'au bout pour ne pas céder aux demandes de GUPC. Il se met donc à chercher des alternatives pour pouvoir mener à bien le projet, sans l'aide du contracteur actuel.
La tension monte entre les deux parties impliquées dans ce litige, et la nation panaméenne s'affole. Une enquête est donc ouverte sur le sujet, dans le but d'arriver à un accord dans les plus brefs délais. A cela s'ajoutent les manifestations des travailleurs du Canal, inquiets du sort que leur réserve le conflit. Mais l'ACP, se sentant abusée et trahie par le contracteur, refuse de payer le surcoût et de céder aux pressions extérieures. Ne donnant pas de suivi aux conversations entamées avec le GUPC, ce dernier décide de mettre en œuvre ses menaces et arrête les travaux le 5 février 2014. Naît alors une crise financière et diplomatique, qui mène le président panaméen Ricardo Martinelli à s'adresser à ses homologues espagnols et italiens en demandant des mesures responsables de la part des compagnies. La Commission européenne va également essayer de jouer un rôle médiateur, étant donné que le GUPC est composé de trois entreprises européennes. Mais cette tentative d'intromission est immédiatement rejetée par l'Autorité du Canal, qui déclare vouloir régler la crise selon les mesures indiquées dans le contrat. La situation ne semble donc pas présenter de solution et le conflit s'enlise. Le directeur de l'ACP, Jorge Quijano, se déclare prêt à se battre jusqu'au bout pour ne pas céder aux demandes de GUPC. Il se met donc à chercher des alternatives pour pouvoir mener à bien le projet, sans l'aide du contracteur actuel.
Le Panama vit donc au rythme de ce jeu de ping-pong où chaque partie se renvoie la faute.Au-delà de l'impact économique majeur de cette crise pour la nation, c'est la souveraineté même du pays qui est remise en cause. Comme le soulignent de nombreux représentants politiques, l'image internationale du Panama comme puissance naissante est tâchée par ce scandale. De plus, la pression extérieure est croissante, car les délais dans les travaux auront également un impact majeur pour les économies voisines, qui comptent bien profiter des répercutions de l'ampliation du Canal dans leurs ports respectifs.
Cependant, contre toute attente, le 12 février Jorge Quijano fait savoir qu'il entamerait des négociations avec le GUPC pour mettre fin au litige. La proposition que va faire l'ACP se dirige à Zurich, l'assureur du projet, qui devrait transformer la garantie de 400 millions de dollars en un prêt pour permettre de continuer les travaux.L'idée serait d'ajouter à cette somme des contributions de part de l'Autorité du Canal et du GUPC, qui devrait financer 30 % du surcoût. C'est ainsi que les négociations reprennent, dans un climat électrique. Le 20 février, après presque deux mois de conflit, les deux parties semblent enfin avoir trouvé un terrain d'entente. Un accord partiel rendu public jeudi 20 février établit que l'ACP va payer 36,8 millions de dollars à GUPC pour que celui-ci reprenne les travaux et paye le salaire des employés. L'accord final se fera connaître dans les prochaines 72 heures, et viendra apporter une réponse à toutes les modifications du contrat qu'a causé cette crise.
Bien qu'il reste encore de nombreux points à régler dans ce litige, le Panama peut recommencer à respirer, après deux mois d'angoisse quant à l'aboutissement du conflit. Cependant, même si les deux parties réussissent à se mettre d'accord sur tous les points, la crise aura laissé une répercution significative sur les travaux. Selon Jorge Quijano, la date prévue pour l'inauguration du nouveau canal amplifié va devoir être reportée d'au moins six mois, ce qui équivaut à un coût de 95,3 millions de dollars pour l'ACP.
Cependant, contre toute attente, le 12 février Jorge Quijano fait savoir qu'il entamerait des négociations avec le GUPC pour mettre fin au litige. La proposition que va faire l'ACP se dirige à Zurich, l'assureur du projet, qui devrait transformer la garantie de 400 millions de dollars en un prêt pour permettre de continuer les travaux.L'idée serait d'ajouter à cette somme des contributions de part de l'Autorité du Canal et du GUPC, qui devrait financer 30 % du surcoût. C'est ainsi que les négociations reprennent, dans un climat électrique. Le 20 février, après presque deux mois de conflit, les deux parties semblent enfin avoir trouvé un terrain d'entente. Un accord partiel rendu public jeudi 20 février établit que l'ACP va payer 36,8 millions de dollars à GUPC pour que celui-ci reprenne les travaux et paye le salaire des employés. L'accord final se fera connaître dans les prochaines 72 heures, et viendra apporter une réponse à toutes les modifications du contrat qu'a causé cette crise.
Bien qu'il reste encore de nombreux points à régler dans ce litige, le Panama peut recommencer à respirer, après deux mois d'angoisse quant à l'aboutissement du conflit. Cependant, même si les deux parties réussissent à se mettre d'accord sur tous les points, la crise aura laissé une répercution significative sur les travaux. Selon Jorge Quijano, la date prévue pour l'inauguration du nouveau canal amplifié va devoir être reportée d'au moins six mois, ce qui équivaut à un coût de 95,3 millions de dollars pour l'ACP.