Grossièrement, Cartel relate l’histoire d’un jeune avocat audacieux qui décide d’investir dans la distribution de cocaïne directement importée du Mexique, n’ayant pas forcément conscience des conséquences qu’un vol de convoi pourrait avoir. C’est donc plus qu’une histoire, une descente en enfer et pas de moindres, que relate Cartel, pour tous ceux qui touchent de près ou de loin cette affaire. Si le synopsis se veut basique, c’est son traitement et le scénario derrière qui vaut tout l’intérêt de la machine de guerre. Et l’on doit sa réussite à 7 personnes.
Le couple Scott-McCarthy à la barre
Dans la famille Cartel, je demande le père. Le papa. Celui qui a tout dirigé depuis le départ, j’ai nommé Ridley Scott. La réputation du monstre Scott n’est plus à démontré à qui que ce soit. Alors certes, il n’est plus à son apogée et ses succès vont et viennent tels des montagnes russes. Mais peu importe l’irrégularité de ses projets. Peu importe ses erreurs (sauf Robin des Bois. Là, on exige une explication). Peu importe car Ridley Scott fait partie de ces réalisateurs, qui même après une dizaine d’échecs, susciterait joie et excitation à l’annonce d’un nouveau projet. Et cela n’a pas manqué avec Cartel. Le réalisateur avait déjà tâté le polar, politique (Mensonge d’État) et policier (American Gangster), mais rien de semblable. Et il y a quelque chose d’excitant de s’attaquer à un sujet aussi classique. Car Ridley Scott est tout sauf classique. La direction d’acteurs, les plans, le scénario, Ridley a décidé de monter ce projet avec les meilleurs, tout en imbibant le bébé de sa subtile patte.
Dans la famille Cartel, je demande la mère. Celle sans qui rien n’aurait été possible. Celle, en l’occurrence, celui qui a monté tout le projet. Ici, il s’agit du scénariste. Son nom ne vous dit peut-être rien mais l’industrie du cinéma le connaît très bien car le romancier Cormac McCarthy a déjà vu trois de ses romans, bientôt quatre avec le futur Child of God de James Franco, adaptés sur grand écran, parmi lesquels les géniaux No Country For Old Men des frères Coen et La Route de John Hillcoat. L’écrivain octogénaire de génie s’attaque ici à l’écriture d’un scénario, chose quasi inédite et totalement différente de ce à quoi notre bon vieux Cormac est habitué.
La critique a été assassine contre le script de McCarthy, mais il faut séparer le vrai du faux. Oui, certains dialogues tiennent plus des monologues du Père Fouras ou de Finkielkraut qu’à celui d’un avocat véreux en réflexion sur la vie et la mort. Oui, l’omniprésence du sexe peut parfois porter la confusion. Pour le reste, on ne peut pas reprocher à l’écrivain de 80 ans d’avoir éviter, pour sa première expérience cinématographique, à tout prix le thriller conventionnel que les majors américaines imposent aux spectateurs. Assez peu de scène d’actions, des dialogues longs, un rythme plutôt lent. C’est au contraire ce qui fait la force de Cartel. L’originalité ne tient pas du propos tenu, mais de la manière dont il est tenu. Des rebondissements improbables qui sont à peine croyables tellement ils sortent des carcans hollywoodiens, et d’une efficacité surprenante dans les quelques scènes de violences. Couplé à la direction de Ridley Scott et l’on tient le parfait duo.
Dans la famille Cartel, je demande la mère. Celle sans qui rien n’aurait été possible. Celle, en l’occurrence, celui qui a monté tout le projet. Ici, il s’agit du scénariste. Son nom ne vous dit peut-être rien mais l’industrie du cinéma le connaît très bien car le romancier Cormac McCarthy a déjà vu trois de ses romans, bientôt quatre avec le futur Child of God de James Franco, adaptés sur grand écran, parmi lesquels les géniaux No Country For Old Men des frères Coen et La Route de John Hillcoat. L’écrivain octogénaire de génie s’attaque ici à l’écriture d’un scénario, chose quasi inédite et totalement différente de ce à quoi notre bon vieux Cormac est habitué.
La critique a été assassine contre le script de McCarthy, mais il faut séparer le vrai du faux. Oui, certains dialogues tiennent plus des monologues du Père Fouras ou de Finkielkraut qu’à celui d’un avocat véreux en réflexion sur la vie et la mort. Oui, l’omniprésence du sexe peut parfois porter la confusion. Pour le reste, on ne peut pas reprocher à l’écrivain de 80 ans d’avoir éviter, pour sa première expérience cinématographique, à tout prix le thriller conventionnel que les majors américaines imposent aux spectateurs. Assez peu de scène d’actions, des dialogues longs, un rythme plutôt lent. C’est au contraire ce qui fait la force de Cartel. L’originalité ne tient pas du propos tenu, mais de la manière dont il est tenu. Des rebondissements improbables qui sont à peine croyables tellement ils sortent des carcans hollywoodiens, et d’une efficacité surprenante dans les quelques scènes de violences. Couplé à la direction de Ridley Scott et l’on tient le parfait duo.
Un casting 5 étoiles
Photo extraite du film
Enfin, dans la famille Cartel, je demande les cinq rejetons. Les cinq garnements qui donnent le relief final au film. Car le film est mené de bout en bout par cinq acteurs, ni plus ni moins. Et il s’agit probablement du casting le plus excitant depuis bien longtemps, avec d’un côté ceux qui sont au sommet de leur gloire, et de l’autre ceux dont on espérait plus grand chose si ce n’est l’ultime surprise, ce que semble être Cartel.
Tout d’abord, il y a bien évidement Michael Fassbender qui joue le fameux avocat, le « Counselor ». Héros ambitieux mais faible. Faible dans le sens humain, et c’est en cela que le personnage est prenant, touchant. Un peu candide sur les bords malgré ses tentatives d’excès d’autorité et d’audace, le personnage central est conduit par une avidité discrète et aussi bateau que cela puisse paraître, par l’amour. Le trio Scott-McCarthy-Fassbender réussit à éviter le cliché du personnage affaibli par cet amour, en apportant une humanité nécessaire au scénario. Si la comparaison semble alléchante, on est loin du Savages d’Oliver Stone là-dessus.
Tout d’abord, il y a bien évidement Michael Fassbender qui joue le fameux avocat, le « Counselor ». Héros ambitieux mais faible. Faible dans le sens humain, et c’est en cela que le personnage est prenant, touchant. Un peu candide sur les bords malgré ses tentatives d’excès d’autorité et d’audace, le personnage central est conduit par une avidité discrète et aussi bateau que cela puisse paraître, par l’amour. Le trio Scott-McCarthy-Fassbender réussit à éviter le cliché du personnage affaibli par cet amour, en apportant une humanité nécessaire au scénario. Si la comparaison semble alléchante, on est loin du Savages d’Oliver Stone là-dessus.
Photo extraite du film
À ces côtés, sa compagne, enfin sa fiancée, Penélope Cruz. Elle ne sait rien de ce que fait son compagnon et en cela, regorge d’une naïveté irrésistible. Elle représente l’innocence la plus pure et devient de fait encore plus attirante. Pas comme Cameron Diaz qui elle, prend la direction totalement inverse. La cougar ultime qui répond au doux nom de Malkina est vulgaire mais pas trop. Car son personnage est premièrement bien écrit, pas d’excès de provocation gratuite, et en même temps, une intelligence très bien cachée derrière deux monstres siliconés. Mais surtout, Cameron Diaz épate. Un jeu doublement calibré qui nous prouve qu’elle est une vrai actrice qui sait faire autre chose que la blonde qui fait bonne figure, chose qu’on avait oublié depuis Dans la peau de John Malkovic (1999 !). Oscar pour le meilleur second rôle féminin ?
Cette dernière forme un couple surprenant avec Javier Bardem, aussi excentrique qu’elle. C’est lui, Reiner, qui dirige l’entreprise du trafic en relation avec le Cartel, c’est le patron mais ne semble pas très crédible : villa de luxe, prostitués à gogo, une compagne qui porte la culotte du couple. Bardem est donc l’anti-cliché, sorte de parrain bling bling qui n’y connaît rien. Il lâche le look Mireille Mathieu dans sa première collaboration avec McCarthy pour quelque chose d’indescriptible entre excentrisme et luxe, le tout mêlé à une perruque digne des pubs télé pour les gels coiffants. L’alternance entre propos existentialiste conceptuel et frasques sexuelles improbables, notamment lorsqu’il raconte comment sa compagne a littéralement « fuck his ferrari » avec son humour bien à lui (grandiose !), le rend difficile à percer. Seul Bardem pouvait le rendre si intéressant, si intriguant et si attachant devenant lui aussi oscarisable pour le meilleur second rôle. Enfin, à noter la présence plus qu’anecdotique de son intermédiaire mystérieux, bien trop sûr de lui, campé par un Brad Pitt très bon. Malgré ses chapeaux et ses bottes en croco, la présence de Brad Pitt rassure, puis inquiète.
La famille Cartel réuni au grand complet livre donc un spectacle lent, sublime, mais surprenant, et d’une amertume sans nom, loin de la mainstreamisation des thrillers menés de front par les investisseurs hollywoodiens. Car sa plus grande qualité réside justement à aller plus loin, encore plus loin, plus loin que quiconque afin de démontrer la fatalité du monde tout mignon des cartels, où la justice n’existe guère que si l’on est du bon côté de la ligne.
Cette dernière forme un couple surprenant avec Javier Bardem, aussi excentrique qu’elle. C’est lui, Reiner, qui dirige l’entreprise du trafic en relation avec le Cartel, c’est le patron mais ne semble pas très crédible : villa de luxe, prostitués à gogo, une compagne qui porte la culotte du couple. Bardem est donc l’anti-cliché, sorte de parrain bling bling qui n’y connaît rien. Il lâche le look Mireille Mathieu dans sa première collaboration avec McCarthy pour quelque chose d’indescriptible entre excentrisme et luxe, le tout mêlé à une perruque digne des pubs télé pour les gels coiffants. L’alternance entre propos existentialiste conceptuel et frasques sexuelles improbables, notamment lorsqu’il raconte comment sa compagne a littéralement « fuck his ferrari » avec son humour bien à lui (grandiose !), le rend difficile à percer. Seul Bardem pouvait le rendre si intéressant, si intriguant et si attachant devenant lui aussi oscarisable pour le meilleur second rôle. Enfin, à noter la présence plus qu’anecdotique de son intermédiaire mystérieux, bien trop sûr de lui, campé par un Brad Pitt très bon. Malgré ses chapeaux et ses bottes en croco, la présence de Brad Pitt rassure, puis inquiète.
La famille Cartel réuni au grand complet livre donc un spectacle lent, sublime, mais surprenant, et d’une amertume sans nom, loin de la mainstreamisation des thrillers menés de front par les investisseurs hollywoodiens. Car sa plus grande qualité réside justement à aller plus loin, encore plus loin, plus loin que quiconque afin de démontrer la fatalité du monde tout mignon des cartels, où la justice n’existe guère que si l’on est du bon côté de la ligne.