Cameroun : six mois de lit conjugal pour le macchabée

9 Octobre 2013


Dans le quartier Bonaberi, à Yaoundé, le 26 septembre dernier, les gendarmes ont fait une macabre découverte. Depuis six mois, un homme conservait sa femme morte des suites d'une maladie, sur le lit conjugal dans l'espoir de sa résurrection, pour continuer à vivre leur amour sur Terre.


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Clément Ndalet, ancien comptable de profession, vit avec sa femme, Clarisse Ndalet, décédée, et ses enfants, non loin du Carrefour Black Joe, dans le quartier de Bonaberi à Yaoundé. Bouleversé par la mort de son épouse, il n'a tout simplement pas la force de prévenir les secours, et a peur d'en être séparé. Le quinquagénaire a alors décidé de conserver la dépouille de sa femme, déposée sur le lit conjugal, dans sa maison. Avec ses enfants, l'homme attendait la résurrection de son épouse et mère, fruit de leurs prières.
 
Suite à une plainte, les gendarmes décident de fouiller le domicile conjugal à la recherche de la disparue. Sans nouvelles de Clarisse Ndalet depuis deux mois, et face au refus de son mari d'ouvrir à plusieurs reprises la porte de sa maison, l'une de ses sœurs porte plainte le 22 septembre 2013 contre Clément Ndalet. Il est alors convoqué à la gendarmerie où il explique, pour camoufler la disparition de sa femme, qu’elle fait un voyage, sans préciser la destination.
 
Après une perquisition du domicile de la famille Ndalet, les gendarmes n’ont pas eu de mal à retrouver le corps sans vie et déjà « pourri » de l'épouse, âgée de 41 ans. C’est une vision d’horreur pour les forces de l’ordre. Recouvert d’un drap sale, le squelette se laisse deviner, et des tresses sur sa tête efflanquée sont encore visibles. Les restes du corps sont envoyés à la morgue de l'Hôpital de Bonassama pour y être ensuite inhumés. 

Sur volonté du Seigneur

Partie pour un « voyage spirituel » auprès du tout puissant. C'est l'explication du mari pour justifier d'avoir conserver la dépouille de sa femme, morte le 31 mars dernier, et de dormir auprès de son cadavre. Il confie même à des journalistes de ne pas « avoir garder le corps volontairement » mais sur les conseils du Seigneur, son guide avant et après le décès de sa femme. Le veuf a réponse à toutes les questions, et lorsqu’on l’interroge sur les raisons de cette demande du Seigneur, il indique que « c’est une épreuve ».

Clarisse était gravement malade. Une de ses filles était obligée de l’aider à se brosser les dents. Lorsque que le patriarche constate la mort de son épouse, il panique et ne peut s’y résoudre. Il commence alors à prier. Et, la famille a continué à vivre dans la maison avec le cadavre en décomposition.

Reclus au domicile familial, leurs 5 enfants, âgés de 5 à 21 ans, ont alors arrêté de fréquenter l'école pour joindre leurs prières à celles de leur père, jour et nuit, pour le retour de voyage de leur mère. Fidèle de l'Eglise, il n'a fait qu'agir sur la volonté du Seigneur, qui lui a donné la force, à lui et ses enfants, de tenir malgré l'odeur du corps putréfié de sa femme, et les mouches. Très discret, Clément Ndalet est à l’origine, il y a quelques années, de la création d’une église de « réveil » dans son quartier.

La fille aînée du couple est, elle aussi, convaincue d'exécuter ce que « l'Eternel » leur avait indiqué: garder le corps de sa mère dans l'espoir de le voir se réveiller. Parler de la mort de sa mère ou avouer que la famille avait un problème aurait fait s'envoler tout espoir de revoir Clarisse reprendre vie.

« Un criminel et un démon »

La macabre découverte défrait la chronique camerounaise. Les gendarmes ont eu du mal à maintenir hors du cordon de sécurité, les habitants du quartier, en colère contre Clément Ndalet, ce « criminel » possédé par le « démon ». La population, en furie, est outrée face à une telle tragédie, et n’hésite pas à demander d’en finir avec l’homme.

Le mari veuf a quant à lui été déféré au parquet de Bonanjo. Il y attend son transfert pour la prison de New-Bell.