Après l’Italie, c’est au tour de la Bulgarie d'affronter un blocage électoral. Officiellement proclamés mercredi, les résultats des élections de dimanche 12 mai confirment le manque de consensus politique. Le parti de l’ex-premier ministre démissionnaire Boïko Borissov, le GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie), a remporté les élections sans majorité avec 30,5% des suffrages. Les autres partis en lice sont au coude-à-coude avec 26,6% pour les socialistes (PSB), 11,3% pour la Minorité musulmane (MDL) et 7,3% pour le parti nationaliste radical (Ataka). La formation du gouvernement devrait être annoncée jeudi. Le PSB a proposé un « gouvernement d’experts » tandis que le directeur de campagne de Borissov a réclamé le soutien des autres partis pour un gouvernement minoritaire de GERB.
Les faiblesses de la démocratie bulgare
Encore aujourd’hui, l’apprentissage de la démocratie pour cette ex-république soviétique semble difficile. En 2008, la Commission européenne avait gelé 800 000€ destinés à la Bulgarie pour condamner son laxisme dans la lutte contre la corruption. Cinq ans plus tard, le pays est loin de s’être amélioré. A la veille des élections législatives de dimanche, 350 000 bulletins de vote illégaux avaient été retrouvés dans une imprimerie. Mercredi, le parquet bulgare a confirmé les velléités de fraude.
La campagne électorale des législatives bulgares s’est effectivement déroulée dans un climat délétère. Conservateurs et socialistes ont ressorti les vieux dossiers de la discorde, multipliant les règlements de compte pour déstabiliser leurs adversaires. On a parlé de cette campagne comme d’une « guerre des kompromat », du nom de ces dossiers compromettants. L’ex-ministre de l’Intérieur, Tsvetan Tsvetanov, a notamment été accusé d’écoutes téléphoniques illégales auprès de l’actuel président, Rosen Plevneliev, et de Tsvetelina Borislavova, petite amie du vainqueur et leader du GERB, Borissov, entre autres.
La campagne électorale et le résultat des élections ont montré les faiblesses de la démocratie telle qu’elle est appliquée en Bulgarie. En février, la démission surprise du premier ministre Boïko Borissov avait pourtant semblé redonner espoir. La porte-parole adjointe de la Commission européenne, Pia Ahrenkilde Hansen, avait déclaré qu’ « un processus démocratique était en marche ». Mais au vu de l’instabilité politique, le pays le plus pauvre de l’Union a encore de nombreux efforts à fournir pour obtenir la confiance des autorités européennes.
Les dirigeants politiques vont surtout devoir convaincre les citoyens. « Peu importe la formation du nouveau gouvernement, il apparaîtra illégitime aux yeux du peuple », a déclaré le sociologue bulgare, Andrey Raychev, à la radio nationale Darik News. Comme beaucoup d’observateurs, Raychev craint un soulèvement populaire massif : « Celui qui prend le pouvoir doit comprendre que c’est un moment dangereux, car il sera sans cesse menacé par les protestations. » Le sociologue préconise la création d’un gouvernement temporaire, dont le but serait de traiter les tâches les plus urgentes : la lutte contre le monopole dans le secteur de l’électricité (dont le prix augmente vite) et le maintien d’une démocratie menacée.