Il n’y a pas d’itinéraire imposé mais un foisonnement d’œuvres à voir, parfois regroupées elles-mêmes en petit festival. C’est le cas des œuvres de Holly Froy, Greg Myers, Maud Boothby, Chica Seal, Mary Martin, Sidony Holdsworth, Harriotte Hodson, Rosie Rawson, Verity Elliott et Olayinka Goldfeather-Thomas, exposées dans la maison de certaines d’entre elles, au 17 Russel Square, dans le cadre du festival Open House. Plus ou moins indépendants, plus ou moins jeunes et reconnus, les artistes sont exposés dans des lieux privés, essentiellement chez eux. Chez ces jeunes filles, encore à l’Université d’art de Brighton, leurs peintures, dessins, sculptures et œuvres de « printmaking » sont exposés un peu partout dans leur maison au son de vinyles rétros. L’ambiance est détendue, les jeunes artistes vous accueillent chaleureusement. Les œuvres sont quant à elles inégales : on sent qu’ils sont encore en phase d'apprentissage et de perfectionnement. Certaines œuvres constituent de bonnes idées, mais ne dépassent pas le simple travail d’étudiants en arts plastiques. Certaines peintures semblent par ailleurs bâclées tant les formes sont insipides et les couleurs criardes.
L'art contemporain accessible
Un dessin en particulier sort du lot, une des œuvres de Olayinka Goldfeather-Thomas, qui se définit elle-même comme un illustrateur. On voit un homme appuyé à une balustrade qui se déforme derrière lui, le décor semble prêt à l’avaler et lui sur le point de sauter. Le noir et blanc ajoute une dimension cauchemardesque. Le dessin parvient à déployer un imaginaire, qui séduira peut-être plus les spectateurs peu habitués à l’art contemporain.
La seule œuvre vendue est d’ailleurs une œuvre figurative, un banc en noir et blanc seul dans son cadre. Le principe de l’exposition permet donc à ces jeunes artistes de se montrer au public alors qu’ils n’ont pas encore tous la possibilité d’exposer dans des galeries et de vendre leurs oeuvres. On aurait peut-être souhaité que le principe d'Open House soit poussé un peu plus loin, les œuvres étant exposées comme dans une galerie ou une maison, sans véritable travail sur l’installation. Le fait que ces artistes étudient l’art contemporain ne les oblige pas à intégrer le principe de l’installation ou de la performance à leur travail.
La seule œuvre vendue est d’ailleurs une œuvre figurative, un banc en noir et blanc seul dans son cadre. Le principe de l’exposition permet donc à ces jeunes artistes de se montrer au public alors qu’ils n’ont pas encore tous la possibilité d’exposer dans des galeries et de vendre leurs oeuvres. On aurait peut-être souhaité que le principe d'Open House soit poussé un peu plus loin, les œuvres étant exposées comme dans une galerie ou une maison, sans véritable travail sur l’installation. Le fait que ces artistes étudient l’art contemporain ne les oblige pas à intégrer le principe de l’installation ou de la performance à leur travail.
D’autres œuvres du Brighton Festival sont là pour satisfaire cette envie d’un travail sur l’exposition des œuvres. On pourrait commencer par Blue Route de Kaarina Kaikkonen, une installation étonnante à Fabrica, une ancienne église. Des chemises d’hommes sont suspendues à des fils de fers qui forment des sortes d’arches inversées, de plus en plus hautes. Les couleurs des chemises forment un dégradé du bleu foncé au blanc, avec un point jaune relativement central. L’artiste a également installé des chemises sur l’horloge qui se trouve au croisement des trois avenues principales de la ville, mais l’effet n’est pas du tout le même. Blue Route redonne un aspect mystique à cette église qui sert aussi de marché d’artisanat. Les chemises s’élancent vers les vitraux de l’église et forment une véritable unité, elles ne sont plus des chemises accrochées les unes aux autres, mais une espèce de demi-cylindre mystérieux et attirant (certains spectateurs se prennent en photo au milieu, d’autres aimeraient sauter dedans). Les chemises sur l’horloge font un bel effet, mais ne valent pas pour elles-mêmes. Blue Route ne libère pas pour autant un imaginaire, celui de l’artiste ou celui du spectateur. L’œuvre garde la froideur de l’art contemporain, son aspect technique et son opposition affirmée à l’art des histoires et de l’imagination. Mais elle parvient à habiter l’espace et à lui donner une atmosphère particulière.
En se promenant sur la plage on peut encore aller voir la vidéo de Emma Critchley, Aria, dans un conteneur vide. On entre dans le petit espace chauffé par le soleil et on s’assoit sur le sol fait d’une planche de bois. Un rideau noir est tiré pour faire l’obscurité complète. Après un temps, plus ou moins long selon les sensibilités, la vidéo commence. Une caméra est placée dans une piscine, à l’envers, le plan donnant l’impression d’une piscine inversée. Notre perception de l’espace est d’emblée perturbée et les mouvements de l’artiste dans l’eau accentuent ce dépaysement. Elle apparaît et disparaît, accompagnée du chant lyrique d’une soprano. Les mouvements de son corps et les variations de sa voix s’accordent, l’effet est presque hypnotique. L’ambiance du conteneur y est pour beaucoup, la vidéo ne laisse pas d’impression particulière une fois qu’on est sorti. La disparition du corps en fondu grâce au montage n’est plus une expérimentation comme elle pouvait l’être dans les années 1970, au moment de la naissance du cinéma expérimental. La vidéo est une véritable expérience pour le spectateur, pris dans ce petit espace pendant quatre minutes, mais rien ne demeure ensuite parce que la vidéo en elle-même ne possède pas de qualités particulières, expérimentales ou classiques. Mais c’est peut-être aussi la volonté de l’artiste de faire une œuvre éphémère, qui ne fonctionne qu’une seule fois et n’est pas appelée à être vue de nouveau. L’impression laissée est moins marquante que celle de Blue Route, mais chacun peut en décider autrement.