Berlin, la pauvre

20 Décembre 2012


Derrière les paillettes des clubs et de la Berlinale se cachent le Hart IV et le chômage. Si Berlin a été épargnée par la crise économique, la pauvreté ne disparaît pas.


La Ku'Damm, les Champs Elysées berlinois
Berlin fait rêver. Avec 3,4 millions d’habitants, soit 3800 personnes par km2, c’est le Land qui présente la plus grande densité démographique en Allemagne. Or, s’il est devenu un creuset culturel, il doit encore se relever économiquement après sa division. C’est ce que ressentent certains de ses habitants au quotidien.

Berlin est la seule capitale d’Europe dont le produit intérieur brut par habitant est inférieur à la moyenne nationale. Cela est principalement dû à un taux de chômage élevé, qui a explosé depuis la réunification. En février 2012, on comptait 228 137 chômeurs dans la capitale allemande, ce qui représente 13,2% des actifs, contre 7,4% à l’échelon national. Des chiffres camouflés par le recours au chômage partiel, dont la période d’indemnisation sera allongée d’un an à partir du 1er janvier 2013,  quelques mois avant les élections générales.

L’Allemagne n’a pas encore de salaire minimum, réclamé par les nombreux travailleurs précaires. Ces derniers doivent souvent se contenter de « minijobs », des contrats précaires à temps partiel dont la rémunération est inférieure à 400€ par mois. 

Bernd Wagner a publié en 2008 Berlin pour les pauvres, un manuel de survie à l’attention des toujours plus nombreux bénéficiaires du « Hart IV », sorte de RSA allemand. Avec 345€ par mois, l’art de vivre berlinois consiste en effet à continuer à bénéficier d’une offre culturelle foisonnante en payant peu. Bernd Wagner révèle ainsi à ses lecteurs comment jouer les pique-assiettes aux vernissages ou acheter une tenue de soirée pour l’opéra dans une friperie. La pauvreté de Berlin n’a pas fini de stimuler sa créativité !



Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon… En savoir plus sur cet auteur